Bureaux de change agréés
Le cafouillage continue
le 06.11.16|10h00
Annoncée en grande pompe il y a à peine quelques mois, l’organisation
d’un marché formel de devises à travers l’autorisation de bureaux
de change officiels demeurera finalement un simple vœu pieux.
Alors même qu’un nouveau règlement a été édicté en mars dernier en
vue de faciliter l’installation de bureaux de change agréés, cette ambitieuse
réforme, qui devait permettre notamment de réduire le poids du commerce
informel des devises, semble être d’ores et déjà enterrée, avant même d’être
mise concrètement en place. Interpellé à ce sujet la semaine dernière par un
membre de la commission finances et budget de l’APN, le gouverneur de la
Banque d’Algérie (BA), Mohamed Loukal, a ainsi signifié très clairement
qu’il n’est point question «de faire une convertibilité précoce du dinar»,
l’ouverture de bureaux de change, a-t-il tranché, n’étant désormais plus une
priorité. En guise d’argument, le premier responsable de la Banque centrale
avance que les bureaux de change ne peuvent être d’une grande efficacité
quand la monnaie locale n’est pas convertible et quand le flux de touristes
étrangers est faible, comme c’est le cas bien évidemment pour l’Algérie.
Mohamed Loukal, qui a tout de même réaffirmé que le nouveau règlement
relatif aux conditions d’ouverture de bureaux de change a été finalisé depuis
déjà plus de sept mois, insiste en définitive sur le fait qu’en l’état actuel des
choses, de telles structures officielles ne peuvent être ni performantes ni
rentables. Pourtant, à peine quelques mois plus tôt, le gouvernement
développait un tout autre discours où il était question de tout mettre en œuvre
pour permettre l’émergence rapide d’un circuit officiel de change, qui
permettrait à la fois de drainer quelques devises vers les caisses de l’Etat et
d’ouvrir la voie par la même à une possible résorption du marché parallèle. En
mars dernier, faut-il en effet rappeler, l’ex-ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, affirmait haut et fort que la Banque centrale allait désormais tout
mettre en œuvre pour que des bureaux de change officiels puissent à la fois
exister et bien fonctionner. Faisant allusion aux échecs des expériences tentées
depuis vingt ans dans ce domaine, l’ancien ministre avait même assuré que tous
les enseignements avaient été tirés du fait que la mise en place de bureaux de
change officiels n’a jamais fonctionné par le passé. Et voilà qu’à peine sept mois
plus tard, tout est de nouveau remis en cause, tandis que le marché informel des
devises continue à prospérer au vu et au su des pouvoirs publics. Inapte à mener
une quelconque réforme structurelle à bon port, surtout pas celle de sa sacro-
sainte politique de change, le gouvernement continue donc à cafouiller sur autant
de questions stratégiques qui engagent pourtant le devenir même de l’économie nationale, au moment où la rente pétrolière tend dangereusement à s’épuiser.
Akli Rezouali