Avec Nabile Fares, décédé ce mardi 30 aout 2016 à Paris, l’Algérie perd un de ses auteurs parmi les plus prolifiques. Ses premiers romans, la trilogie la "Déouverte du Nouveau monde : Yahia, pas de chance", "Un passager de l'Occident", "Le Champ des oliviers", et "Mémoire de l'absent", parus au Seuil entre 1970 et 1974 ouvrent une carrière reconnue d’écrivain atypique marqué par le souvenir de la guerre et inquiet de ce sur quoi elle avait débouché.
Le fils de Abderrahmane Fares, Président de l’exécutif provisoire algérien, s’est toujours préoccupé de se faire un prénom, plus proche de la mise à mort du père que dans son adoration. Il a conjugué une quête effrénée de liberté à travers tous ses engagements forts et permanents.
Il a été un témoin pas toujours discret et un observateur attentionné de tous les mouvements que le pays a connu pendant la guerre de libération et après. Il a rejoint l’ALN à la fin des années cinquante, puis prend ses distances à l’indépendance, comme pour refuser le jacobinisme dominant.
Il reprend ses études et entame une carrière universitaire qui ne l’a jamais empêché de se rapprocher des plus humbles des exilés, les travailleurs émigrés avec lesquels il toujours partagé un amour de la terre et une difficile et douloureuse itinérance qu’il décline dans ses romans et poèmes.

Sociologue, ethnologue et psychanalyste, il a aussi erré dans ces catégories du savoir en tenant fermement un fil d’Ariane : une quête de soi même et d’un autre soi même. Comme dans ce proverbe kabyle qu’il aimait citer : "awin youfen nek edhyouene a nek"…. Comme s’il était possible de se trouver soi même.
Nabile Fares sera enterré à Marseille.