A LA UNE/ACTUALITÉ POLITIQUE_Ali Benflis à Blida
23.01.2016 16:5
« Ne vous laissez pas entraîner sur la fausse piste de l’Etat civil »
Par Tarek Hafid
A partir de Beni Tamou, dans la banlieue de Blida, Ali Benflis a donné le conseil suivant
aux militants de sa formation : « Ne vous laissez pas entrainer sur la fausse piste de
l’Etat civil. Cette piste ne mène nulle part et n’est pas destinée à mener quelque part que ce soit.
Gardez le cap sur l’Etat de droit car contrairement au concept brumeux de l’Etat civil,
l’Etat de droit à ses constantes, ses critères et ses repères ».Le président de Talaie El Hourriyet
considère qu’il n’y a qu’un seul concept politique qui sied à la République algérienne
« l’Etat de droit ». « La modernisation politique passe par l’Etat de droit. Si vous m’interrogiez
sur les constantes de l’Etat de droit, je vous répondrai qu’il s’agit de la citoyenneté exerçant
ses attributs dans leur plénitude, du choix du peuple respecté et non faussé, des droits
et des libertés protégés et garantis, des institutions légitimes, représentatives et crédibles
et de l’exercice des responsabilités publiques soumis au contrôle et à la reddition des comptes»,
a-t-il déclaré..« Au sein de Talaie El Hourriyet nous avons une autre vision de notre pays,
un pays fort et respecté et non ce pays que seize années d’un pouvoir personnalisé à l’extrême
ont fragilisé, dévitalisé et déstabilisé. Nous avons une autre ambition pour notre pays,
un pays en capacité de suivre la cadence accélérée du monde qui l’entoure, un pays capable
de répondre aux exigences du XXIe siècle, un pays qui n’accepte pas d’être distancé dans
la course à la sécurité, au progrès et à la prospérité. Nous avons un autre projet pour notre pays,
celui d’un système politique moderne, d’une économie performante
et d’une société en phase avec son époque et ouverte sur le monde ».
Refus du « faux témoignage »
Benflis est revenu sur le projet de Constitution qu’a décidé d’imposer Abdelaziz Bouteflika. Selon lui,
ce nouvel amendement répond à trois objectifs : « en premier lieu la personnalisation du pouvoir pour
qu’il ne soit plus incarné que par un homme et lui seul ; en second lieu prendre d’assaut les manifestations
de l’équilibre des pouvoirs partout où elles se trouvent pour leur substituer un régime de concentration
des pouvoirs ; et en troisième lieu s’accaparer des prérogatives du Chef du Gouvernement
et du Parlement pour que plus aucun autre contrepoids n’existe face
à un pouvoir présidentiel inhibiteur, dominateur et exclusif ».Face aux militants de la région centre,
il a tenu à s’expliquer sur son refus de prendre part aux processus de consultations politiques
entamé en 2011. « Pour deux fois, j’ai été invité aux consultations menées sur cette révision constitutionnelle
et par deux fois j’ai décliné les invitations qui m’avaient été adressées. Pourquoi ai-je décliné ces deux invitations
me demanderez-vous ? Je vous répondrai que je n’entendais pas être un faux témoin, ni m’associer à l’usage
d’un faux ni commettre le crime de faux témoignage contre mon pays.
Qu’ai-je voulu dire par là ? J’ai envers vous un devoir d’explication et je tiens à m’en acquitter devant vous.
Je ne voulais pas être un faux témoin car en participant à ces consultations j’aurai laissé croire que l’initiative
de révision constitutionnelle était légitime et qu’elle était le fait d’une autorité mandatée alors qu’elle ne l’était pas.
Je ne pouvais oublier que la fraude permet certes d’imposer et de forcer des choix mais que dans le même temps
elle délégitime son bénéficiaire, lui enlève toute crédibilité ou autorité et le prive irrévocablement
de la confiance du peuple souverain dont le libre choix a été confisqué ».
Société malheureuse
Mais la dictature a eu des effets dévastateurs sur la société. Le président de Talaie El Hourriyet a constaté
que la manne financière dont a bénéficié l’Algérie ces dernières années a engendré malheurs,
privations et frustrations. Une situation qui incombe au « régime politique
qui s’est obstiné dans les dérives et les errements ».« Notre société n’est pas une société heureuse
et épanouie. Notre société ne déborde pas de vitalité. Notre société est une société à laquelle son présent
ne procure que frustration, que son devenir inquiète ou angoisse et qui ne se tourne que vers son passé
pour y puiser quelques motifs d’espoir ou quelque réconfort. Lorsqu’une société est insatisfaite de son présent,
qu’elle doute de ses lendemains et qu’elle n’a plus que le passé pour repère, cette société-là
se condamne elle-même à la stagnation, à la dévitalisation et au désespoir ».
T.H.