Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC)
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L’Association Algérienne de lutte contre la corruption lève le voile sur certaines zones d’ombre
du partenariat économique algéro-espagnol, notamment dans le secteur de l’énergie.
Des relations que Chakib Khelil et une « fausse princesse allemande » se sont chargés de consolider.
Algérie-Espagne
23.05.2016 20:06
La « fausse princesse » par qui le scandale arrive
COMMUNIQUE
Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC), créée en 1999.
Le Roi d’Espagne, la princesse Allemande et Chakib Khelil
Corruption dans le commerce du gaz entre Alger et Madrid sur fond de Panama Papers
Alger le lundi 23 mai 2016. Après l’affaire Sonatrach 1 en 2010, celle de Sonatrach 2 en 2013,
2016 verra-elle l’explosion de Sonatrach 3 entre l’Algérie et l’Espagne ? Fort possible,
et ce ne serait pas une surprise, tant la corruption est généralisée pratiquement à tous les grands
contrats et marchés à l’international : les relations commerciales, notamment en matière de gaz
entre l’Algérie et l’Espagne, ne seraient pas épargnées.
Djilali Hadjadj, le porte-parole de l’AACC, n’hésite pas à qualifier cette nouvelle affaire de « Sonatrach 3 ».
Dans un communiqué de presse rendu public aujourd’hui, il est fait état des actions de lobbying entreprises
en Algérie par Corinna zu Sayn-Wittgenstein au profit de certaines compagnies espagnoles.
« De père hungaro-danois et de mère allemande, elle habite Monaco pour échapper au fisc se
fait nommer ’’princesse’’, car son deuxième ex-époux est un prince de la noblesse allemande.
Elle rencontre le roi d’Espagne en Allemagne en 2004. En femme d’affaires avisée, elle crée l’année suivante
une société, domiciliée à Malte, ’’Apollonio Associates’’ qui a pour objet de ’’mettre en rapport des institutions,
nationales ou internationales, privées ou publiques’’. Cette intermédiaire ’’met aussi en contact des chefs d’Etat,
des dirigeants politiques et de puissants entrepreneurs, le tout en échange d’émoluments conséquents’’,
c’est-à-dire des commissions et autres pots-de-vin placés notamment en Suisse », précise l’AACC.
La « princesse » s’est donc chargée de remettre de l’ordre dans les relations entre l’Algérie et l’Espagne.
Citant le journal français Libération, l’AACC indique que l’intervention Corinna zu Sayn-Wittgenstein a permis
« la mise en place d’une alliance stratégique avec l’Algérie pour l’acheminement de gaz ». « Le juge espagnol
Castro (chargé d’enquêter sur Corinna zu Sayn-Wittgenstein) est au fait de ces pistes. Plusieurs sources confirment
que la princesse allemande ’’aurait touché à chaque fois de juteuses commissions, à hauteur de 3% sur la valeur
d’un contrat obtenu, qui atterrissent sur des comptes suisses’’ ».
La piste Khelil
L’Association Algérienne de lutte contre la corruption estime que Chakib Khelil a joué un rôle important dans
la réussite de la mission de la « fausse princesse ». « Au début des années 2000, les négociations entre l’Algérie
et l’Espagne sur le gaz (gazoduc, prix du gaz, complexes pétrochimiques) se sont multipliées, et les échanges
de délégations, même au plus haut niveau, n’ont jamais été aussi nombreux. Chakib Khelil, comme ministre de
l’Energie et aussi comme patron de Sonatrach, a reçu beaucoup d’officiels espagnols et a souvent pris
l’avion pour Madrid ».En février 2007, Chakib Khelil s’était rendu en Espagne pour faire part du soutien de l’Algérie
« à la participation de l’entreprise espagnole Gaz Natural dans le projet Medgaz, affirmant que Sonatrach allait
réduire sa participation dans ce projet pour faciliter l’entrée de Gaz Natural ». Quelques semaines plus tard,
ce sera au tour du roi Juan Carlos d’entreprendre une visite de deux jours en Algérie. Durant une escapade à
Djanet, l’ancien ministre de l’Energie avait été chargé d’accompagner le roi d’Espagne. Une virée dans le Sud à
laquelle a participé Corinna zu Sayn-Wittgenstein. Pour l’AACC, 2007 a été « le début du commencement du
règlement des contentieux algéro-espagnols ».
Menaces
Des médias espagnols et français ont relevé que le nom de la « fausse princesse allemande » est apparu dans
le listing des Panama Papers. « Corinna zu Sayn-Wittgenstein aurait essayé de vendre des actions d’une société
située dans l’Etat du Wyoming aux USA, à une autre située dans les Iles Vierges Britanniques, par le biais d’une
société-écran située à Gibraltar », écrit l’AACC. Sous le coup d’une enquête en Espagne,
Corinna zu Sayn-Wittgenstein menace de divulguer « tous les documents officiels liés à ses missions très spéciales »
si elle venait à être inquiétée par la justice. Des menaces qui doivent faire trembler certains responsables à Alger.
T.H.