A la une/Mondial 2022 au Qatar
21-03-2015


Mondial 2022 au Qatar
La FIFA attaquée en justice?



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Sepp Blatter, président de la FIFA

Les championnats européens sont prêts à attaquer la Fifa en justice en raison des "dommages" sportifs et financiers générés par la décision de jouer en hiver le Mondial-2022 au Qatar, a annoncé samedi Frédéric Thiriez, président de l'Association des ligues européennes (EPFL).
"L'EPFL est prête à soutenir toutes les procédures légales que les Ligues pourraient conduire à ce sujet à l'avenir", a dit le président de la Ligue de football professionnel (LFP) et de l'Association des ligues européennes de football professionnel (EPFL), lors d'une conférence de presse à Barcelone.

Le changement de date "crée de sérieux dommages aux championnats européens d'un point de vue sportif et financier", a-t-il poursuivi, jugeant "très décevante" la décision de la Fifa de disputer le Mondial en hiver.

"Cette décision soulève de sérieuses questions concernant les motivations de beaucoup de personnes impliquées dans la prise de décision et cela démontre le manque de bonne gouvernance dans les organisations dirigeantes du football", a-t-il déclaré.

Après l'officialisation du changement de date jeudi, la Fifa a tenté de déminer le terrain vendredi en annonçant le versement de plus de 400 millions de dollars (370 M EUR) aux clubs en compensation pour la présence de leurs joueurs aux Coupes du monde 2018 et 2022.

Toutefois, Frédéric Thiriez a insisté sur le fait que l'EPFL se devait de défendre les intérêts de tous les clubs et pas seulement de ceux qui fourniront des joueurs aux sélections nationales. "Aujourd'hui, les intérêts de ces clubs (non-fournisseurs d'internationaux, NDLR) ne sont pas protégés", a-t-il conclu.

Déjà le
19/03/15 - 11h32 Source: AFP
Les clubs européens refusent de jouer le Mondial en hiver


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Le Mondial-2022, au Qatar, se tiendra pour la première fois en hiver, probablement en novembre-décembre, à des dates que le comité exécutif de la FIFA arrêtera jeudi et vendredi à Zurich et qui provoquent déjà une fronde des clubs et championnats européens.
Depuis l'attribution de la Coupe du monde à l'Emirat du Golfe en décembre 2010, les controverses pleuvent entre soupçons de corruption et dénonciation des conditions de travail sur les chantiers du Mondial. Sans oublier le casse-tête d'un calendrier modifié en raison des chaleurs estivales au Qatar - parfois jusqu'à 50° - mettant en péril la santé des joueurs comme celle du public.

Selon les recommandations formulées par un groupe de travail de la Fédération internationale, et d'après certaines sources proches du dossier, le tournoi pourrait débuter le 26 novembre et se terminer le 23 décembre. Si le comité exécutif retient effectivement ces dates, le Mondial durerait alors quatre semaines, quatre jours de moins qu'au Brésil en 2014.

Entre JO et championnats
Objectif: ne pas entrer en concurrence avec les JO d'hiver, et gêner le moins possible les grands championnats européens. Las, les Ligues européennes grincent déjà des dents (contrairement à l'UEFA, prête à moduler le calendrier de sa Ligue des champions).

Au premier rang des mécontents, la richissime Premier League et son rituel du "Boxing Day" à la période de Noël. La FIFA pourrait certes consentir quelques efforts.

Son président Joseph Blatter, grand favori à sa propre succession pour un 5e mandat en mai, s'est d'ailleurs récemment fait l'avocat d'une fin de tournoi au plus tard le 18 décembre. "Il faut s'assurer que l'on puisse conserver intact notre programme des fêtes", tonne le directeur exécutif de la Premier League, Richard Scudamore, qui s'inquiète aussi de "l'intégrité du championnat, car une coupure de six ou sept semaines, ce n'est évidemment pas idéal".

Même tonalité en Espagne, où la Ligue a estimé le mois dernier que ce calendrier "perturbera la déroulement normal des compétitions éuropéennes et provoquera de graves dommages". En Allemagne, où les diffuseurs s'inquiètent de la concurrence avec les sports d'hiver, le manager de Mönchengladbach, Max Ebrl, estime que cette programmation "aura un impact sur le calendrier de la Bundesliga pour deux ou trois ans".

Même partition jouée en France par l'influent président de Lyon, Jean-Michel Aulas: "Je suis totalement solidaire de l'ECA (association des clubs européens, ndlr) et de l'EPFL (association des championnats professionnels européens) et je considère que la date retenue n'est pas la plus appropriée".

"Dédommagements"
Les Ligues européennes sont toutefois conscientes que le Mondial va devenir un sport d'hiver en 2022, mais elles réclament des "dédommagements" financiers, formulés par Karl-Heinz Rummenigge, patron de l'ECA. Revendication pour l'heure refusée.

"Il n'y a aura pas de compensation financière, il y a sept ans pour s'organiser", assurait en février le secrétaire général de la FIFA, Jérôme Valcke. Mais pour Jean-Michel Aulas, le dossier peut encore bouger: "On a obtenu de l'UEFA des dédommagements pendant ses compétitions. Nous sommes au début des discussions. N'oublions pas que la FIFA entre en période électorale (pour la présidence, avec un vote le 29 mai à Zurich). On verra une fois les élections passées".

Pour autant, un Mondial hivernal a aussi ses défenseurs. "Aux Pays-Bas, il y a dix jours de trêve, explique le Néerlandais Ronald Koeman, entraîneur de Southampton en Angleterre. Ici, quand vous jouez deux matches en deux jours (pendant le Boxing Day), les risques de blessure sont plus élevés".

"Le Mondial arrive normalement à la fin d'une longue saison éprouvante, quand les joueurs sont cramés, ajoute l'ancien international anglais Phil Neville. D'un point de vue anglais, ce pourrait bien être la meilleure chose qui nous soit arrivée. On aurait une équipe fraîche comme jamais avant un Mondial". L'Angleterre en profitera-t-elle pour éviter une sortie sans gloire au premier tour, comme l'été dernier au Brésil?