Falcao et Perea ne verront pas le Brésil
C'était dans l'air depuis plusieurs semaines. Blessé au genou, Radamel Falcao n'est pas suffisamment rétabli pour participer à la Coupe du Monde au Brésil.
Le miracle n'a pas eu lieu. Victime d'une rupture du ligament croisé antérieur du genou gauche en janvier dernier lors d'un match de Coupe de France face à Chasselay, Radamel Falcao est finalement bel et bien forfait pour la Coupe du Monde.
C'est en effet ce qu'a annoncé le sélectionneur de la Colombie, l'Argentin José Pekerman, à l'heure de communiquer la liste des 23 joueurs retenus pour le mondial brésilien.
Comme il l'avait expliqué il y a quelques jours, José Pekerman a certes attendu la dernière minute mais n'a pu que se rendre à l'évidence. «C'est une nuit très triste. Et c'est avec beaucoup de peine que je dois vous annoncer que Radamel Falcao et Luis Perea ne participeront pas à la Coupe du Monde. Ils n'ont pas récupéré de leurs blessures», a ainsi expliqué le sélectionneur colombien.
Un forfait somme toute attendu, le père de l'ancien Madrilène ayant d'ailleurs prévenu au moment de l'annonce de la liste des 30 Colombiens pré-selectionnés, le 14 mai dernier, que si "Radamel (Falcao) est très bien cliniquement, il ne l'est pas footballistiquement". "Il a récupéré pratiquement à 60%. Maintenant il lui manque le reste: la résistance, la force, la vitesse, la coordination, des choses fondamentales pour un sportif de haut niveau", avait ainsi déclaré Radamel Garcia à la radio colombienne RCN.
Une évolution somme toute logique, quatre mois et demi seulement après sa blessure.
« Luis Muriel sera aussi absent, par décision technique », a ajouté le sélectionneur en précisant que ce sont « trois grands joueurs ».
Adulé en Colombie
Surnommé « El Tigre » et adulé en Colombie, Falcao est le meilleur joueur de sa sélection. Il a marqué 20 buts en 51 capes.
Ancien joueur de River Plate, du FC Porto et de l'Atletico de Madrid, Falcao est aussi célèbre dans son pays que la chanteuse Shakira et l'évolution de sa blessure a tenu en haleine 46 millions de Colombiens.
Au Brésil, dans le groupe C, la Colombie sera opposée à la Côte d'Ivoire, à la Grèce et au Japon.
9 jours, 9 sacres pour l'Europe
À J-9, nous nous intéressons aux numéros de maillot qui produisent le plus de buts en Coupe du Monde de la FIFA™.
Les numéros de maillot ont été utilisés pour la première fois à la Coupe du Monde de la FIFA 1954™. Depuis, on a pu clairement identifier les chiffres les plus prolifiques lorsqu'il s'agit de faire trembler les filets adverses.
De façon prévisible, les tuniques floquées du numéro 9 mènent la danse, avec 255 buts, suivies de près par le numéro 10, avec 232. Viennent ensuite les numéros 11 (201 réalisations), 7 (140) et 8 (133).
Match de Légende : France - RFA
Demi-finale de la Coupe du monde, 8 juillet 1982
Stade Sanchez Pizjuán, Séville
« Aucun film au monde, aucune pièce ne saurait transmettre autant de courants contradictoires, autant d'émotions que la demi-finale perdue de Séville. » Une fois encore, la vérité sort de la bouche de Michel Platini. Aucun film, aucune pièce, aucune série. Pour approcher la puissance émotionnelle et dramaturgique de ce match, il faudrait le mesurer à l’expérience de l’existence. Voilà, ce match est celui qui définit le mieux le football, car le mieux pour définir ce match est de le comparer à la vie.
Les amours déçues, la faim et la peur
Et souvent au fond de son cœur
Il revoyait son enfance
Rêvait d’autrefois
Tristement il y pensait
Et il se souvenait
À défaut de pouvoir le regarder : « J’ai eu du mal à le revoir une deuxième fois. Avec le temps, oui. [...] Heureusement, il y a eu ensuite celle qu’on a gagnée en 98. » Michel Hidalgo a encore et toujours un peu du mal à parler de ce match, sans doute parce qu’il y a trop pensé : « C’est le match où j’ai ressenti le plus de sentiments de toutes sortes. Toutes sortes de choses. Le match où tout y était ». À relire en marquant fortement les pauses entre les points : « C’est le match où j’ai ressenti le plus de sentiments de toutes sortes. Toutes sortes de choses. Le match où tout y était ».
L'adversaire, allemand. Un carré magique, brésilien. Une finale au bout. De l'agressivité. Un bisou de Platini, sur le ballon. Une cuisse meurtrie, celle de Genghini. De la maladresse, bleu-blanc-rouge. Une prolongation, étouffante. Une séance de tirs au but, effondrée. Des pas d'élan. Deux pour Amoros et son chewing-gum dans la bouche. Un arbitre, inexistant. « Il n’a jamais su l’expliquer, l’arbitre, pourquoi il n’a pas sifflé. 26 ans après, il dit qu’il n’a pas vu la collision, qu’il était masqué par un joueur. »
Et surtout, oui surtout, un bourreau. Harald Schumacher. Et une victime. « Je suis obligé de penser à celui qui a tout subi, Battiston, à l’origine peut-être de notre défaite, enfin, à l’origine, je veux dire par là, via sa blessure. Il n’y a pas de sanction, et on perd un joueur qui était peut-être en train de marquer le but. Il aurait pu marquer le but de la victoire. »
Il aurait pu. Au lieu de ça, et sous les traits d’Harald Schumacher, la vie l’a fauchée en plein vol. C’est la vie. Séville.
Pendant cette Coupe du monde 1982, Michel Hidalgo a tenu un journal de bord. Il l'a rangé dans un coffre de retour d'Espagne. Trente ans après, Karl Olive l'a convaincu d'aller les chercher dans le grenier pour publier les meilleurs extraits dans un livre intitulé Les Carnets de Michel Hidalgo. En voici un. Son débrief d’après-match. Car après un tel match, il n’y a plus rien à dire.
« Dans ce magnifique stade de Séville, je m’aperçois très vite que le cœur des 60 000 spectateurs bat majoritairement pour la France.
Sans hésiter, j’aligne la même composition que contre l’Irlande du Nord. Dans le vestiaire, silence de cathédrale. L’émotion est palpable jusque dans les regards. Entre eux, les joueurs se parlent, tranquillement, sereinement, pas de cris de guerre. Michel Platini prend la mesure de cette demi-finale. Même s’il est amoindri physiquement, il prend les choses en main. Dès notre arrivée à Sanchez-Pijuan. Quand Littbarski ouvre la marque, je ne panique pas. Les Bleus encore moins. Gigi me jette un regard. Pas d’affolement.
Les garçons restent concentrés et petit à petit, ils réagissent. Ils peuvent gagner ; ils veulent gagner. Avec ce football vif, astucieux, technique et collectif, respectant la liberté individuelle. Notre jeu n’est pas enfermé dans le carcan des consignes d’un match.
Sur notre égalisation, il y a tout. L’extérieur pied droit de Giresse sur le coup franc, la remise aérienne de Platini et la roublardise de Rocheteau, qui prend Stielike de vitesse.
À la mi-temps, j’insiste sur un seul point : "Pratiquez un jeu de même qualité. C’est votre rôle. Moi je suis responsable d’une défaite éventuelle."
Il s’agit pour moi de faire tomber une pression éventuelle. Extraordinairement concentrés, Tigana, Trésor, Janvion arrangent leurs chaussures et boivent du thé. Au retour des vestiaires, le géant allemand vacille. Je trépigne intérieurement. Même les duels, nous les remportons. Bernard Genghini fait comprendre qu’il ne peut continuer. Il souffre d’une cuisse. Je le remplace par Patrick Battiston, placé juste devant la défense. Nous repassons à un milieu à trois offensifs.
Cela n’empêche en rien Patrick de jouer les coups à fond. À l’aveugle de son pied magique, Platini l’envoie nous offrir le second but. Tout le monde voit le ballon de Patrick filer à la gauche du montant allemand. Mais personne ne voit l’incroyable, l’intolérable faute de Schumacher. Sur le banc, loin de l’action, il nous faut quelques secondes pour mesurer l’ampleur de la blessure de Patrick. Je vois la main tendue de Michel vers Patrick sans vie sur la civière. En un instant, la demi-finale s’est arrêtée nette. Battiston prend le chemin de l’hôpital. Revenu à la hâte des vestiaires, le staff médical nous rassure. Patrick est en vie. Christian Lopez entre à sa place. Je n’ai pas le choix. Mes plans sont contrariés. Plus de remplaçant.
Les spectateurs de Sanchez-Pijuan sont désormais tous à l’unisson tricolore. Ils en veulent à Schumacher, qui n’a peut-être pas eu l’intention de faire mal à Battiston mais n’a rien fait pour l’éviter.
La France poursuit sa marche en avant. Et c’est encore de l’arrière que le plus beau manque de nous envoyer définitivement au paradis. Le gamin Amoros décoche une frappe décroisée de plus de vingt-cinq mètres. Le ballon rebondit sur la barre transversale.
Fin du temps réglementaire. Fatigués mais remontés, les joueurs sont affalés à se faire masser. Il faut récupérer. Non seulement, ils veulent remporter cette demi-finale mais désormais, ils ont un autre objectif : gagner pour Patrick.
Marius nous offre l’un des plus beaux buts de sa vie. Plus tard, il avoue dans le vestiaire que ce coup franc à droite de Gigi, cela lui rappelle ceux travaillés à l’entraînement à Bordeaux. Sa reprise de volée est pourtant un geste d’attaquant, … pas de libéro !
Je souffre encore aujourd’hui de ce qu’on nous a reproché ensuite. De ne pas avoir assez bétonné à 2-1. Mais nous restons fidèles à notre idéal parce qu’il faut rester soi-même. Qui peut oublier que nous sommes finalement la meilleure attaque de ce Mundial 82 avec 16 buts ? Alain Giresse ne tarde pas à invalider ces critiques. On ne marque pas en bétonnant !
Il reste dix minutes. Dix longues minutes. Du paradis, nous découvrons l’enfer. La beauté du sport tient en la possibilité de tels renversements dramatiques même si je souffre encore de cette voie royale inachevée. 3-3 à la fin du temps réglementaire. Quand Stielike manque son tir au but, je bondis intérieurement ; quand Didier Six manque le sien dans la foulée, je serre les dents. 4 tirs au but à 4 pour la première série. Personne ne se sent pour la suite. À l’exception du grand Max. Qui n’a pas plus envie que les autres mais Maxime a toujours pris ses responsabilités. On connaît la suite.
Aucun joueur international ne mérite ça. La carrière de Marius Trésor se termine sur cette nuit cauchemardesque. Lui, dont le (sou)rire est audible des kilomètres à la ronde. Ce soir-là, ses larmes inondent Madrid. Prostré dans le vestiaire, il est comme un gamin qui attend sa maman le premier jour de classe en maternelle.
Inconsolable. Tout autant que Didier Six, immobile dans sa tenue trempée. C’est tout habillé que nous l’envoyons à la douche après plus d’une heure sans geste ni parole. Que dire de l’équipe de France ? La vérité : "Vous avez donné du football français une image qui fait date, une image superbe, généreuse, offensive. Cette défaite, c’est votre plus belle victoire !" »
16 ans plus tard, la plus belle victoire du foot français pourrait à l’inverse être vue comme sa grande défaite. En 1998, la France fut sacrée championne du monde, et a fêté cela comme un dépucelage. Pourtant, depuis 1982, elle l’était déjà. Et tant pis pour Schumacher.
Le Maracanaço ou comment le Brésil a changé de couleur
On l'oublie souvent, mais le Brésil a attendu trente ans avant de remporter sa première Coupe du monde. La Seleção aurait pu accomplir l'exploit huit ans plus tôt sur ses terres si l'Uruguay ne s'était pas mis en travers de son chemin. Et si, visiblement, son maillot avait été plus patriote. À l'heure où Neymar et ses potes ambitionnent de glaner une sixième étoile au Maracanã le 13 juillet prochain, retour sur un fait qui transforma l'image de l'équipe du Brésil. Voire un peu plus.
Le Maracanaço ou comment le Brésil a changé de couleur
Pour tout un pays, le rendez-vous était pris. Le 16 juillet 1950, près de 200 000 personnes s'étaient entassées dans un Maracanã flambant neuf pour voir le Brésil remporter « sa » Coupe du monde.
À l'exception de la Suisse, qui parvint à tenir en échec la Seleção 2-2 au premier tour, toutes les équipes qui ont croisé la route des locaux ont été étrillées : 4-0 contre le Mexique, 7-1 contre la Suède ou encore 6-1 contre l'Espagne. Autant dire que l'Uruguay, l'autre finaliste – à la peine au second tour – n'arrive pas à Rio de Janeiro dans les meilleures conditions et qu'un boulevard s'offre au onze auriverde.
La veille du match, Zizinho a signé plus de deux mille autographes « Brésil, champion du monde ». Le jour même, la une de O Mundo titre « Voici les champions ! ». Hors du stade, Rio de Janeiro a investi les rues dès les premières lueurs, improvisant un carnaval et exhibant des pancartes comme autant d'odes à la victoire finale.
Il se dit même que Jules Rimet, qui fête alors ses vingt-cinq ans de présidence à la FIFA et offre par la même occasion son nom au précieux trophée mondial, aurait écrit son discours d'après-match en portugais.
« Notre Hiroshima est la défaite contre l'Uruguay en 1950 »
Sur le terrain, tout se passe comme prévu : le bloc défensif uruguayen finit par se lézarder sous les coups de boutoir brésiliens et Friaça, l'attaquant de São Paulo, met le premier but de la partie au retour des vestiaires.
Le Brésil est tranquillement en route vers son premier sacre. Trop tranquillement, sans doute. Dos au mur, l'Uruguay prend le contrôle du match et égalise grâce à Schiaffino. Premières crispations dans les travées du Maracanã. Moins d'un quart d'heure plus tard, Alcides Ghiggia, l'ailier de la Celeste, déborde côté droit et place le ballon entre Moacir Barbosa, le gardien carioca, et son poteau gauche.
Le Maracanã se tait pour la toute première fois de sa courte histoire. Un silence que Jules Rimet qualifiera de « morbide, par moments trop difficile à supporter ».
À peine y eut-il une cérémonie de remise de coupe à la fin du match. Ce qui devait être la fête du football brésilien s'est transformée en seulement 90 minutes en Maracanaço.
Un « coup du Maracanã », que le dramaturge Nelson Rodrigues décrira en ces termes : « Tout lieu a son irrémédiable catastrophe nationale, son Hiroshima. Notre catastrophe, notre Hiroshima, est la défaite contre l'Uruguay en 1950. » Les livres d'histoire du football parlent peu de la « tragédie », préférant sanctifier la génération suivante. Celle des Pelé, Garrincha et consorts, qui ramèneront enfin la Coupe Jules Rimet à la maison en 1958. Mais les souvenirs restent.
Cette finale perdue au profit de l'ennemi uruguayen de toujours doit être effacée, quel qu'en soit le prix. Deux protagonistes feront les frais du Waterloo brésilien.
« Regarde cet homme, c'est lui qui a fait pleurer le Brésil entier »
En premier, Moacir Barbosa. Élu meilleur gardien de la compétition par les journalistes, pas forcément coupable sur le second but des Charrúas, le joueur de Vasco da Gama est néanmoins pris en grippe par la plèbe. Parce qu'il est portier. Peut-être parce qu'il jouait sans gants. Peut-être, aussi, parce qu'il faut que le sang coule pour apaiser les Dieux du foot.
De fait, Barbosa deviendra le synonyme de « malédiction » en brésilien.
Vingt ans après le drame, Barbosa dira avoir touché le fond lorsque, dans un magasin, une mère montra du doigt le gardien et dit à son gamin : « Regarde cet homme, c'est lui qui a fait pleurer le Brésil entier. » En 1993, Ricardo Teixeira, président de la Fédération Brésilienne de Football, l'interdira de commenter un match de l'équipe nationale.
Cette même année, il se verra refuser l'accès au centre d'entraînement de la Seleção, qui prépare alors la Wolrd Cup aux States, sous prétexte qu'il leur porterait le mauvais œil.
Le pestiféré Barbosa s'en ira à 79 ans, juste après avoir lâché que si « la sentence maximale au Brésil est de trente ans, [s]on emprisonnement en aura duré cinquante ».
Du Maracanaço aux Canarinhos
Deuxième victime : le maillot de l'équipe nationale. À l'époque où les téléviseurs n'émettent encore qu'en noir et blanc, le Brésil porte la dernière des deux couleurs, avec un peu de bleu sur les manches et le col. Et ce, depuis 1919. Traumatisée, la FBF a décrété qu'aucun match de la sélection nationale n'aura lieu pendant les deux prochaines années.
Soit le temps qu'il faudra pour remplacer une couleur de liquette jugée « maudite », d'une part, et « pas assez patriote » car peu présente sur le drapeau national créé en 1889.
En 1953, le célèbre journal Correio de Manhã organise un concours en collaboration avec la FBF pour choisir le nouveau maillot de la Seleção.
Âgé de 19 ans, le dessinateur Aldyr Garcia Schlee remporte la mise avec, à la clé, un stage au Correio de Manhã.
Trois cents autres créations avaient été proposées mais seule celle d'Aldyr est jugée « harmonieuse ».
En vérité, elle rentre toutes les couleurs de l'étendard d'un coup d'un seul : maillot jaune, col et manches verts, short bleu et chaussettes blanches. Une tenue que les désormais Canarinhos étrennent finalement contre le Chili lors d'un match amical le 14 mars 1954, un peu moins de quatre ans après le terrible Maracanaço.
Techniquement, le Brésil devra attendre huit ans de plus et la Coupe du monde 1962 pour remporter le trophée avec ses nouvelles couleurs.
Défaite en quarts de finale contre la Hongrie en 1954, la Seleção remportera sa première Coupe du monde face à la Suède en 1958, autre équipe à jouer en jaune.
Pour cause de désavantage, les Auriverde doivent donc composer avec un improbable jeu de maillots bleus de fortune, avec l'écusson du maillot d'origine recousu dans l'urgence.
Aldyr, son maillot et son ballon
De son côté, Aldyr Garcia Schlee, après un bref séjour à Rio, est revenu dans sa région d'origine du Rio Grande do Sul, à Pelotas.
Aldyr est un mec du cru, ayant grandi à Jaguarão, une ville limitrophe de l'Uruguay et dont la culture penche plutôt de l'autre côté de la frontière. En conséquence, le dessinateur n'est pas supporter de l'équipe qui porte sa création.
De toute façon, lui qui a côtoyé la Seleção après son prix ne porte pas cette dernière dans son cœur. « Ce sont des vauriens, des ivrognes, des coureurs de jupons » a-t-il déclaré au Guardian en 2003.
Non, le cœur d'Aldyr est du même bleu que celui de la Celeste. Cet ennemi historique du Brésil qui engendra son plus beau travail personnel. Tout du moins, son plus célèbre.
À tel point que lorsque ce dernier assista à l'opposition entre le Brésil à l'Uruguay – la première depuis le Maracanaço - en demi-finale de Coupe du monde 1970, le match lui « divisa presque le cœur en deux ». Comme pour conjurer le sort, le Brésil sortit vainqueur de cette joute sous ses nouvelles couleurs, puis remporta sa troisième étoile devant des millions de téléspectateurs.
Et pour la première fois en couleur, immortalisant au passage ce qui allait devenir plus tard un symbole de victoire : le maillot auriverde.
......Les surnoms Brésiliens.......
On a souvent tendance à penser qu’il suffit de rajouter un diminutif à la fin d’un mot pour lui donner une sonorité brésilienne. À tort. Par exemple, en football, le Brésil s'illustre autant par son amour du beau jeu que par ses noms insolites.
Love :
À l'image du jeu que produisait l'ancien attaquant du CSKA Moscou sur les pelouses russes, son nom présente un mélange de douceur et de violence, entre La Chevauchée des Walkyries et la chevauchée nocturne. D'ailleurs, Vágner doit son Love au coach de Palmeiras qui l'aurait surpris en train de sortir de la chambre d'une jeune fille alors qu'il était convalescent… Une belle hsitoire.
Sócrates
Façon tragédie grecque, Sócrates était voué à un grand destin. Aussi clairvoyant sur le terrain qu'en dehors, le docteur en médecine et capitaine des Corinthians devint le fer de lance de la Démocratie corinthiane, un club auto-géré en pleine dictature militaire, resté unique dans l'histoire du foot. Façon tragédie grecque toujours, Sócrates était aussi maudit. Décédé en 2011, à seulement 57 ans, il a emporté avec lui une certaine philosophie du football.
Kaká :
Parce que son petit frère ne parvenait pas à prononcer correctement son prénom, Ricardo Izecson dos Santos Leite se retrouve affublé du surnom Kaká. Un terme qui rappelle la sale besogne dans quasiment toutes les langues du monde. Avec le Milan AC et la Seleção, en vrai petit alchimiste, Ricardo a su transformer son sobriquet en or. Et même en Ballon d'or, en 2007.
Creedence Clearwater Couto :
Creedence Clearwater Couto a eu des parents hippies. D'où ce nom qui emprunte au célèbre groupe de blues-rock. Tellement embarrassant que l'attaquant de seconde zone brésilien, passé par Lierse et Stabaek, a été renommé « Paulista ». En 2003, le joueur avait étalé son spleen dans le Scotsman : « La seule chose que je regrette, c'est que certaines personnes s'intéressent plus à mon nom qu'à mes qualités de footballeur. » Marche aussi pour les infortunés Allan Delon etMichel Platini…
Garrincha :
Grâce à ses dribbles chaloupés et à sa ténacité, Manoel Francisco dos Santos fait oublier sa colonne vertébrale tordue et ses jambes asymétriques, et justifie son surnom de Garrincha (« petit oiseau » en portugais) lors des Coupes du monde 1958 et 1962. Garrincha devient alors l'icône du peuple et accède même aux surnoms « Joie du Peuple » et « L'Ange aux jambes tordues ». Ce dernier s'envolera à seulement 49 ans, des suites d'une cirrhose.
Hulk :
L'attaquant du Zénith Saint-Pétersbourg a un surnom aussi efficace que son jeu tout en puissance. Sauf qu'il ne vient pas forcément de sa frappe de mule, travaillée sur les terrains japonais et portugais. Plutôt du fait qu'il ressemble à... Lou Ferrigno, l'acteur tout en muscles qui campait le géant vert de Marvel dans la série télé des années 80.
Vampeta :
Vampeta a toujours une anecdote dans son sac, qu'il a trimbalé des Corinthians à l'Inter, en passant par le PSV. Mais la meilleure reste celle autour de son nom, soit la contraction des motsCapeta – « diable » en portugais, en raison de sa silhouette - et Vampiro parce qu'il venait de perdre ses incisives. Un surnom que le sosie de Sammy Davis Jr. a porté en bandoulière lors de son passage au PSG, préférant le plus souvent les escapades nocturnes dans les clubs libertins de la capitale au pré du Parc des Princes.
Telê Santana :
On se rappelle surtout de Telê Santana pour avoir été le sélectionneur de la plus belle équipe duBrésil : celle des Coupes du monde 1982 et 1986. Malgré la présence dans ses rangs de Sócrates, Falcão ou encore Zico, cette Seleção ne remportera aucun titre. Pis, le nom de Telê Santana fait désormais plus penser à un nom de real TV médiocre consacré à l'auteur du tubeMaria, qu'à une certaine idée du romantisme fait football.Roberto Dinamite :L'ancien attaquant et actuel président de Vasco da Gama doit son surnom à un journaliste local qui avait titré en 1971, après qu'il avait marqué, « Le garçon-Dinamite provoque une détonation au Maracanã ». Il en provoquera 743 autres en 1022 matchs. Dont 698 sous le maillot des Gigante da Colina.
Leônidas :Tel le chef spartiate, le meilleur buteur de la Coupe du monde 1938 (7 buts) parvint à hisser son Brésil à la troisième place, là où personne ne l'attendait. Au passage, il en profita pour inventer la bicyclette. Le geste, hein, pas le deux-roues. Rien à voir, donc, avec le célèbre fabricant de chocolats. Quoique, au sortir du Mondial, la compagnie Lacta lança une tablette de chocolat du nom de Diamant noir en hommage au surnom du joueur de Flamengo.