A LA UNE/ACTUALITE_Ministère de l'intérieur et des Collectivités locales
10 Septembre 2015
APRÈS 14 MOIS DE TERGIVERSATIONS
L’Intérieur signe le retour de Benflis
Le nouveau parti de l’ancien chef de gouvernement Talaie El Hourriat» (Avant-gardes pour les libertés) a fini par obtenir son agrément, de manière officielle, ce mardi 8 septembre, à trois jours seulement de l’expiration des délais de rigueur prévus par la loi, en l’occurrence, pour ce parti, le vendredi 11 septembre 2015. Il aura tout de même fallu attendre 14 mois pour que le pouvoir concède ce qui ne devait être qu’une simple formalité administrative.
Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Mais pas quand il s’agit de Ali Benflis ! De tout le personnel politique algérien, l’ancien chef de gouvernement passe pour être, et de loin, la bête noire par excellence de Abdelaziz Bouteflika et de son cercle immédiat, c'est-à-dire l’ensemble du pouvoir. Bouteflika en fait même une affaire personnelle depuis la présidentielle de 2004 et il ne le cache même pas.
En 2014, le pouvoir avait, que l’on se rappelle, mobilisé toute son armada politique, économique, médiatique, institutionnelle, administrative et même diplomatique pour faire face à la seule candidature sérieuse et qui, sur le terrain, empoisonnait la vie à Abdelaziz Bouteflika, celle de Ali Benflis. A tel point que le pouvoir était contraint de recourir aux bonnes vieilles méthodes d’authentiques «républiques bananières», pour s’en défaire. Comme, par exemple, cette surprenante sortie de Bouteflika en personne qui, au bout d’un effort surhumain, prononcera une phrase devant son interlocuteur, étranger, un Espagnol, la seule et unique durant toute la campagne électorale et qui sera exclusivement réservée à Ali Benflis. Ou alors, la décision, prise en pleine campagne électorale, et consistant en une annonce choc,
celle de la réduction de la durée du service national.
Au final, le pouvoir était contraint de concéder la deuxième place au candidat Benflis, contrairement au plan initial qui lui prévoyait un score humiliant, très loin derrière Louisa Hanoune et d’autres candidats de moindre envergure. C’est que la remarquable campagne menée par Benflis révèlera une redoutable popularité pour un présidentiable en puissance et disposant de réseaux et d’une base sociale de dimension nationale. D’où toutes les entraves «transférées», après la présidentielle, sur le terrain administrative pour empêcher Benflis de constituer son parti politique.
En été 2014, les chefs respectifs du FLN et du RND, Ammar Saâdani et Abdelkader Bensalah étaient même allés jusqu’à demander à l’ancien ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, de tout faire pour bloquer le dossier du parti de Benflis. Il aura d’ailleurs fallu une deuxième tentative, un autre dossier pour Benflis pour faire «accepter» son parti auquel il a dû, au passage, changer même de dénomination.
Après le congrès constitutif de juin dernier, et notamment ces quelques derniers jours, Benflis et son parti se sont imposé, volontairement, une sorte de «trêve», s’abstenant de toute déclaration ou activité pour ne donner aucun prétexte
au pouvoir pour bloquer son agrément.
Depuis hier mercredi, cette trêve est donc finie. Dans le communiqué annonçant l’agrément officiel de son parti, Benflis annonce, en même temps, la couleur : «L’agrément obtenu par notre parti intervient dans le contexte d’une crise globale sans précédent connu dans l’histoire de notre pays (…) Cette crise est le produit de la conjonction d’une vacance du pouvoir, de l’illégitimité des médiations politiques, économiques et sociales et de la carence avérée des institutions.»
Fidèle à son discours d’opposition frontale et sans concessions à Bouteflika, Benflis ajoutera que «cette crise représente la source principale de toutes les menaces quant à la stabilité et à la pérennité de l’Etat national qui est confronté à une impasse politique, à un délitement économique et à une dévitalisation de la société dans son ensemble». Aussi, faut-il s’attendre, dans les tout prochains jours, à un retour en force de Benflis sur la scène politique nationale. Cela, en vue des échéances politiques
qui pointent à l’horizon.
Comme les prochaines élections législatives puis locales mais, auparavant, des sénatoriales où le parti de Benflis pourrait «s’inviter», à travers des milliers d’élus locaux issus du FLN ou alors d’autres formations politiques qui sont alliées
avec lui depuis la présidentielle de 2014.
K. A.