Rallonge de l’âge de départ à la retraite des hospitalo-universitaires
Colère dans les hôpitaux
30 Août 2016
Le Syndicat national des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires
(Snechu) ne compte pas rester les bras croisés face à la dernière
instruction du premier ministre de repousser jusqu’à 67 ans la fin de la
fonction de chef de service et d’autoriser l’exercice des activités de
soins et de formation au-delà de 70 ans. Le syndicat qui prépare des
assemblées générales pour la deuxième semaine du mois de septembre
prochain n’exclut pas le recours à la grève.
Salima Akkouche-Alger (Le Soir)-Menace sur les hôpitaux.
Les services hospitaliers risquent de connaître un large mouvement de
protestation à la rentrée. Et la perturbation risque de toucher
également les universités du pays suite à la colère des enseignants
chercheurs hospitalo-universitaires. Ces derniers se soulèvent contre
ce qu’ils appellent «un revirement de situation» de la part du Premier ministre.
Le 14 mars dernier, Sellal, dans une deuxième instruction, après une
première en janvier, annonçait qu’à partir du 23 septembre prochain, tout
professeur chef de service âgé de 65 ans doit quitter son poste de
chefferie de service et ceux ayant atteint l’âge de 70 ans doivent faire valoir
leur droit à la retraite, quel que soit le grade d’un hospitalo-universitaire.
A partir de là, une commission regroupant le syndicat du Snechu et des
cadres des ministères de l’enseignement supérieur et de la santé a été
installée pour préparer le déroulement du concours de chefferie de
service pour assurer la relève. Changement de situation. En juillet dernier,
le premier ministre donnait une troisième instruction sur la base de
laquelle la limite d’âge de fin de fonction de chef de service fut rallongée
à 67 ans et annulait la mise en retraite des enseignants chercheurs
hospitalo-universitaires ayant l’âge de 70 ans qui peuvent désormais
poursuivre leurs activités de formation et de santé à vie.«C’est un coup
de poignard dans le dos», s’exclame la professeure Ouahioune,
présidente du Snechu. Le syndicat, dit-elle, a demandé à deux reprises
audience au Premier ministre. Un courrier lui a été adressé lui demandant
«pourquoi toute cette campagne anti-jeunes médecins».Le Premier
ministre, regrette-t-elle, n’a pas répondu au syndicat, préférant recevoir
un collectif de professeurs. «Le plus choquant», poursuit-elle, c’est le
fait que ce collectif demande une évaluation des professeurs. «Nous ne
sommes pas contre, nous sommes partants, mais l’on se demande pourquoi
ils n’ont jamais demandé à ce qu’ils soient évalués eux pendant toutes ces
années»,s’interroge l’intervenante.Le syndicat se prépare à organiser
des assemblées générales d’ici la deuxième semaine du mois de septembre
au sein des facultés au niveau national pour décider de sa riposte.«Si nous
devons aller vers une grève nous irons vers une grève», affirme la
professeure Ouahioune. Le problème, souligne-t-elle, ce n’est pas la
chefferie de service mais c’est de rester dans les services au-delà de
70 ans. Le syndicat, dit-elle, revendique un âge fixe et définitif pour le
départ à la retraite. Des services bis au niveau des hôpitaux
Ne pas fixer un âge de départ à la retraite pour les professeurs a créé
une anarchie dans certains services hospitaliers, affirme le Snechu.
«Laisser des gens sur place et installer de nouveaux chefs de service
a fait que certains anciens chefs de service n’ont pas hésité à créer des
services bis en toute impunité et au désarroi du nouveau chef de service
qui ne peut rien dire, par respect, et la situation risque de s’aggraver en
laissant les gens de plus de 70 ans dans les services», affirme-t-on.
Flou sur le concours de chefferie de service
Le concours de chefferie de service, qui devait se dérouler avant la fin de
l’année en cours et qui devrait accueillir près de 1 200 postulants,
risque d’être reporté. Le syndicat des hospitalo-universitaires, qui était
associé pour préparer le déroulement du concours, se dit être
dans le flou actuellement sur la date du déroulement du concours.
Initialement, 202 postes de chefferies de service devaient être libérés
d’ici le 23 septembre prochain. Cependant, le syndicat estime à
moins d’une centaine les postes qui vont être libérés avec les nouvelles
mesures portant l’âge de mise en fin de fonction de la chefferie de service
à 67 ans. Le comble, dit-on, c’est que certains chefs de service qui vont
rester vont atteindre les 67 ans à quelques mois après la mise en
application de cette nouvelle instruction.Jusqu’à quel âge peut-on
continuer de travailler au bloc opératoire ? Peut-on continuer à travailler
dans un bloc opératoire à l’âge de 70 ans ? En principe, c’est le ministère
de la santé qui doit donner son feu vert et fixer l’âge auquel un
professeur peut encore exercer l’activité de soins. Sans avoir encore fixé
un âge, le département de la santé estime que tant que quelqu’un est
encore en mesure de prodiguer des soins, il est le bienvenu. Dans le cas
contraire, ils doivent assurer uniquement les missions pédagogiques.Le snechu,
qui qualifie l’activité de l’enseignant-chercheur hospitalo-universitaire de
métier pénible en assurant l’enseignement, la recherche et les soins, est
catégorique : «A cet âge, il est impossible d’assurer une activité de soins.»
Soumettre les chefs de service à un audit, la solution
Le départ à la retraite des professeurs chefs de service ne cesse de
soulever la polémique et la colère de l’ancienne et de la nouvelle génération.
Des professionnels du secteur estiment, cependant, qu’il est facile de trancher
cette problématique en fixant, dès le départ, des critères d’évaluation.
Le gouvernement n’a qu’à fixer une période d’évaluation allant de 3 à 5 ans.
A la fin de cette période, le chef de service sera soumis à un audit sur trois
volets. Il doit défendre son poste sur le volet formation, soit le nombre de
thèses de professeurs, de maîtres-assistants et assistants encadrées et
le nombre de publications parues dans les revues nationales et internationales.
Sur le volet soins, il s’agit de noter sur le nombre de patients hospitalisés,
le nombre de patients suivis en consultation externe, la qualité des soins,
la qualité d’accueil des malades aux urgences et en consultation et la
qualité de la prise en charge des hospitalisés et, enfin, répondre sur le
volet de gestion et l’optimisation de la ressource humaine sur le plan de
l’évolution et de la productivité.
S. A.