Le budget des ménages algériens est soumis à rude épreuve, surtout durant la saison estivale,
où tous les ingrédients susceptibles de saigner davantage le porte-monnaie sont réunis.
Ramadhan, Aïd El Fitr, vacances, fêtes de mariage, examens de fin d’année,
les dépenses sont intarissables et donnent du fil à retordre aux citoyens qui doivent jongler pour s’en sortir.
A peine le mois sacré achevé et un Aïd qui aura pris sa part de lion en frais,
place à présent aux incontournables félicitations d’usage, consécutives aux mariages,
réussites aux examens, tous paliers confondus, et autres.Suite à une étude menée par l’ONS, en 2011, sur un échantillon représentatif de 12 150 foyers répartis
sur l’ensemble du territoire national, il s’est avéré qu’un foyer algérien dépense en moyenne 59 700 DA.
Or, si l’enquête a révélé que les dépenses alimentaires engloutissent 42% du budget global des ménages,
alors que le reste est partagé entre les frais de logements et de charges (20,4%),
les frais de transport et de communication (12%) et les loisirs (3,6%), elle ne mentionne pas,
par contre, certains frais supplémentaires qui contribuent à déséquilibrer la balance budgétaire des ménages.Il s’agit notamment des cadeaux et des différentes sommes d’argent dont de nombreux ménages
doivent s’acquitter à chaque heureux événement auxquels ils sont conviés.
«L’été dernier, j’ai dépensé pas moins de 25 000 DA en cadeaux de mariage,
anniversaire et réussite au bac. Ce sont des dépenses additionnelles qui viennent
chaque année s’ajouter aux dépenses courantes auxquelles on a déjà du mal à faire face
à cause de l’inflation. L’été reste vraiment la saison des dépenses tous azimuts.On n’en voit pas le bout. Répondre présent aux invitations de la famille,
des voisins et des amis a un prix, sans compter les naissances et les retours de la omra»,
relate Malika, 57 ans, mère au foyer. Aussi, pour ne pas passer pour des radins,
les invités doivent veiller à réguler leurs dépenses liées aux cadeaux en nature ou en espèces en fonction
des fluctuations des cours de la «bourse» locale. «Il y a deux ou trois ans, on pouvait se permettre d’octroyer
1000 DA à un enfant qui a réussi son examen de fin de cycle primaire ou à un nouveau-né.Actuellement, c’est révolu, on passerait pour des grippe-sous.
Plus question de donner une somme inférieure à 2000 DA. Côté cadeaux, c’est pire.
Il faut compter 5000 DA minimum pour offrir quelque chose de correct dont on n’aura pas honte»,
affirme-t-elle par ailleurs. Cela dit, ce que déplore le plus cette mère de famille,
c’est avant tout la cherté de la vie qui pousse les ménages à faire plus de sacrifices pour pouvoir faire plaisir
aux autres et offrir un présent convenable à chaque occasion heureuse,
«quitte à rogner sur le budget consacré habituellement à l’alimentation ou aux loisirs».
Lydia Rahmani