A la une/Actualité_Affaire des faux moudjahidines
le 20.03.16 | 10h00
Mellouk apporte la contradiction à Zitouni
La déclaration du ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni,
sur l’absence de faux moudjahidine, a fait réagir Benyoucef Mellouk.
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Cet ancien cadre révoqué, qui avait fait éclater l’affaire des magistrats faussaires, interpelle
Zitouni sur ce dossier en souffrance : «Le peuple a le droit de savoir si le dossier est assaini
et s’il y a eu des poursuites judiciaires pour faux et usage de faux et constitution de partie civile
à l’encontre des faux moudjahidine.»A l’appui de ses dires, Mellouk, qui s’est déplacé dans
les locaux d’El Watan, ressort des coupures de presse d’époque et des documents jalousement
rangés dans des chemises jaunies. «Dans une rencontre tenue à Oran en juin 2000, Bouteflika
a révélé que 50% des dossiers du ministère étaient des faux.
Son ancien ministre, Cherif Abbas, a avancé, lui, le chiffre de 10 000 cas avant de se rétracter
honteusement. Chibout, qui était ministre des Moudjahidine de Mohamed Boudiaf, avait affirmé
que ce dernier avait le dossier sur sa table. Donc, qu’on ne vienne pas nous dire le contraire»,
s’offusque-t-il, en citant dans la foulée plusieurs autres personnalités, à l’instar de Youcef Khatib,
Bencherif et l’ancien ministre Mazouzi, qui ont reconnu l’existence de «faux».
Selon le vieux résistant, la justice «n’a pas suivi son cours normal», mais s’est acharnée contre
sa personne. «J’ai été poursuivi à quatre reprises par des personnes mises en cause comme
Mohamed Djeghaba et Mohamed Salah Mohamedi (respectivement anciens ministres
des Moudjahidine et de l’Intérieur), leurs parents et le Syndicat des magistrats. J’ai été mis en prison
avec feu Abderrahmane Mahmoudi, directeur de l’Hebdo Libéré,
qui avait publié l’enquête en janvier 1992», relate-t-il.
Dérobade de la justice
L’assainissement du corps de la magistrature avait été décidé en Conseil de gouvernement par
le président Houari Boumediène (circulaire 640 du 24 octobre 1978). Chargé du dossier, Mellouk,
alors chef du contentieux au ministère de la Justice, a collecté 520 dossiers de juges qui ont fourni,
grâce à des complicités, de fausses attestations pour accéder à leurs postes. «Le ministère
des Moudjahidine et l’ONM leur ont délivré des attestations de moudjahidine avec la complicité
des ‘‘planqués’’ des frontières et de la Fédération de France et celle du Moyen-Orient.
Comment expliquer que le nombre de moudjahidine détenant une attestation ait atteint les 800 000,
alors qu’à l’indépendance ils n’étaient que de 65 000 ?» s’interroge Mellouk, qui regrette la posture
des moudjahidine qui «ont trahi le serment de leurs compagnons d’armes en profitant des
prêts bancaires et des décisions de cession des biens vacants».
L’affaire des magistrats faussaires ne connaît pas d’épilogue : la justice refuse de statuer
. «Maître Mokrane Aït Larbi, qui continue à me défendre malgré les pressions, est convaincu que
les pouvoirs publics se dérobent», s’offusque Mellouk. L’espoir demeure néanmoins malgré
ses démêlés avec la justice. «J’ai tout perdu. Mes enfants ont été mis dehors. J’ai été révoqué de
mon poste. Je vis de ma seule retraite de moudjahid sans les avantages de mon ancien poste.
Malgré l’acharnement, je ne regrette pas. J’ai espoir en la nouvelle génération», précise Mellouk,
à qui la ville de Aïn M’lila, région natale du valeureux Larbi Ben M’hidi,
vient de rendre un fervent hommage.
Nadir Iddir