A LA UNE/La crise du M’zab
le 08.07.15 | 14h31
De la responsabilité du pouvoir algérien Dans la crise du M’zab
(Partie 2)
Metlili, ville berceau des Chaambas, (la plus grande tribu de la communauté arabe autochtone,) située à 40 km seulement de la vallée du M’zab, vivait dans une léthargie totale, et ses habitants n’entrevoyaient de perspectives qu’à travers principalement (on parle des lourdes tendances) deux solutions :
1- Intégrer le M’zab où en tous cas de grandes opportunités s’offrent à eux : le travail, l’habitat, l’accès à la vie décente pour ceux qui se sacrifient et même à la richesse. Le processus n’est pas linéaire, mais il est palpable. C’est ainsi que leur mot d’ordre à l’époque était très significatif : ‘’il faudrait mieux posséder un gourbi à Ghardaïa qu’une grande palmeraie à Metlili.’’ C’est la grande ruée vers la vallée du M’zab avec comme zone d’implantation principale : Théniet el makhzen et Hadj Messaoud –Dadda Ali, devenus d’immenses quartiers ceinturant la ville de Ghardaïa, avec tout son corollaire de déracinement, de difficultés d’adaptation liées au difficile passage de la vie semi-nomade à la vie citadine, de promiscuité, de sous emploi par manque de qualification, etc….
2- La course à la rente et aux privilèges du système, usant et abusant des titres liés à la cause sacrée de la lutte de libération nationale, accaparant dans une course effrénée les structures jouissant d’hégémonie politique (à Metlili, mais aussi au M’zab) en l’occurrence le parti unique et les organisations de masse, particulièrement celle des Moudjahidines, ainsi que les établissements publics de production et de commercialisation des produits sous monopole de l’Etat, source de bien être et d’enrichissement rapide et sans effort pour certains.
Cette absence de perspectives et d’auto-développement interne, résultat de l’absence de culture de développement économique et de solidarité sociale se perpétuent à ce jour en dépit des évolutions des possibilités offertes les dernières décennies, durant lesquelles les entreprises créées, outre celles liées à l’informel, sont particulièrement centrées dans le domaine du bâtiment et ses activités connexes, des travaux publics et accessoirement de l’hydraulique, et de quelques services. Elles sont toutes liées et dépendantes de l’Administration en tant que pourvoyeuse des marchés. Il y a une connivence avec l’Administration locale de la wilaya de Ghardaïa (que cette communauté a totalement accaparée) et des liens bien entretenus à l’échelle d’autres wilayas du Sud et au niveau central. Ces nouveaux riches sont dépendants du système politico-économique en place et deviennent obligés de servir plutôt les multiples réseaux de ce système que de servir le développement de leur communauté, exclue et abandonnée à son sort.
Dans ce cadre, il y a lieu de relever que Metlili, ville des Chaambas, dispose d’une grande zone industrielle quasi-vierge.
Zelfana, sise à soixante km de Ghardaïa, habitée aussi par les Chaambas, est une station thermale de renommée, en état d’abandon, alors que bien prise en main, elle aurait pu faire vivre décemment l’ensemble de la communauté chaambie.
Cela a engendré de flagrantes contradictions sociales et une exacerbation des frustrations au niveau de la grande masse chaambie de la communauté arabe autochtone. La nouvelle caste accaparant les commandes de cette communauté (quelques élites économiques, rentières et politiques), garante de la représentation politique et idéologique du régime et son socle au niveau du M’zab, devait, en s’appuyant sur ce dit régime, s’ingénier à gérer ces frustrations. Mais, cette caste n’ayant, comme explicité ci-dessus, aucune perspective à offrir faute d’auto-développement, a laissé les jeunes s’abandonner à leurs penchants. Elle n’attendait que ce que peut donner la vache à traire ; elle craignait pour ses privilèges et ses positionnements carriéristes. Leurs intérêts politiques et idéologiques (du régime et de ceux de la nouvelle caste de la communauté arabe autochtone) deviennent liés et s’autoalimentent.
Les éléments de cette nouvelle caste deviennent dès lors les suppôts du pouvoir. (C’est le terme, tel qu’il vient d’être défini ci-contre, que nous avons repris tout au long de ce document.)
- Manipulations des suppôts :
Le pouvoir politique soucieux de sa stabilité, surtout dans cette région d’Algérie d’une grande sensibilité, le M’zab, une spécificité particulière, une différenciation qui le distingue, d’une relative ‘’autonomie’’ économique et organisationnelle de sa communauté comme mentionné ci-dessus, mais que ce pouvoir ne pouvait s’en accommoder ni l’admettre, a pu, sans s’y impliquer directement, trouver la solution miracle usuelle, la recette la plus vieille du monde, d’orienter les frustrations des autres dans la direction de la communauté mozabite, désignée responsable de l’enrichissement sur leurs dos, et d’embourgeoisement exclusif. Le pouvoir et ses suppôts de la communauté arabe autochtone orientent ces frustrations vers l’anti mozabitisme, comme si, ce sont les mozabites qui en sont la cause.
En réalité, les mozabites, ont-ils empêché, un jour, quelqu’un de se réaliser ?
En outre, le pouvoir échaudé, soucieux de son image, ne s’impliquait pasdirectement dans cette démarche d’exclusion et de stigmatisation, comme il l’avait maladroitement fait lorsqu’il a tenté, dès les premières années de l’indépendance, de disqualifier Cheikh Bayoud, alors leader de la communauté mozabite et son autorité morale.
Il est utile d’ouvrir ici, une parenthèse, pour rappeler que, lors de ces derniers évènements de 2014, le cheikh Bayoud, a été fortement vilipendé, encore une fois, par les suppôts de la communauté arabe autochtone, sans aucun égard, ni retenue, éructant d’insolentes diatribes qui dénotent d’une haine exécrable vis-à-vis d’un érudit religieux, et de l’ignorance assumée de sa contribution historique, spécifique, claire et notoirement reconnue du rejet du maintien du rattachement du Sahara algérien à la France, appuyant de la manière la plus catégorique la position du FLN.
La position des suppôts de la communauté arabe autochtone s’inscrit en réalité dans la logique de l’anti-mozabitisme résultante de ses choix rentiersnécessairement et objectivement à la solde des dictées ordonnées par le pouvoir qui agit donc par procuration pour ne pas s’y impliquer.
Voyons les faits : A l’indépendance du pays, Le pouvoir politique d’alors avait, en date du 13.10.1964, enlevé et séquestré le cheikh Bayoud, puis l’avait emprisonné arbitrairement et sans aucun procès, durant quatre vingt (80) jours environ, dans la prison d’El Harrach après un passage à la ‘’Maison du Palmier’’ sur les hauteurs de Bab el Oued.
Une fois libéré, il ne put rejoindre immédiatement le M’zab. Le pouvoir lui avait confisqué ses biens, y compris sa maison familiale, (avant de les lui restituer par la suite), et l’avait assigné à résidence. Ses prêches religieux à la mosquée ainsi que ses cours du ‘’tafsir complet du coran’’ furent suspendus. Tout un chapelet de pressions, des atteintes flagrantes à sa dignité, et des intimidations ininterrompues, et ce jusqu’en 1976.
Le cheikh, membre élu du premier comité directeur de l’Association des Oulémas, ex ministre de l’Exécutif Provisoire, homme religieux et politique d’envergure, de forte personnalité, de grande intelligence et expérience, étaitsoucieux, à la veille de l’indépendance, de la légalité pour garantir l’examen de passage pacifique du Pouvoir en Algérie . La crise de l’été 1962 était là : notre jeune pays se trouvait au bord de la dislocation et du chaos.
Le cheikh Bayoud, à l’instar d’autres dirigeants nationalistes n’avaient pas appuyé la confiscation du pouvoir. Et comme ceux qui l’avaient clairement condamnée (cette confiscation), ont tous subi la répression, les emprisonnements et/ou l’exil. Ce n’est pas un hasard qu’un Ferhat Abbas avait rendu visite au cheikh dans sa ville natale en 1964, (année de l’emprisonnement du cheikh), durant laquelle le premier président de l’Algérie combattante, déjà démissionnaire de la présidence de l’assemblée nationale, déchu et mis à l’index, a reçu un immense accueil populaire, le cheikh Bayoud en tête. N’était ce pas, de la part du cheikh, un défi de trop pour le pouvoir ?
Le cheikh est fondamentalement victime de ses choix pour la légalité et le refus du diktat des armes et des schémas politiques imposés. D’autres personnalités politiques et religieuses, et elles étaient malheureusement fort nombreuses, ont subi le même sort. Nous citerons le cas de trois personnalités de bords différents : Mohamed Boudiaf, le premier coordonnateur du FLN naissant, emprisonné dans le sud algérien puis exilé ; comme d’ailleurs Ferhat Abbas, prisonnier au Sud avec confiscation des biens et passeport ; et le cheikh Brahimi, président de l’Association des Oulémas mis en résidence surveillée jusqu’à son décès en Mai 1965.
C’est dans ce contexte, et par rapport à ce contexte qu’il y a lieu de situer les atteintes politiques et morales à l’encontre du cheikh Bayoud. Il a été arbitrairement malmené pour ses positions politiques post indépendance.
Ici, au M’zab, les suppôts du pouvoir de la communauté arabe autochtone, dans leur logique de confiscation des instances politiques locales pour asseoir à tout prix leur domination et celle de leur communauté, ont dans un premier temps, joué le mauvais rôle en taxant le cheikh d’ennemi des orientations politiques du pays (il fallait plaire tout d’abord). Puis profitant de la disqualification du cheikh par le pouvoir anti démocratique de l’époque pour les raisons sus évoquées, ces suppôts ont tenté dès lors de préfabriquer des accusations de traitrise. Ils cherchaient à le briser politiquement et définitivement, avec à l’évidence le consentement d’un pouvoir qui sait apprécier le travail des prédateurs, à travers la remise en cause de son statut de leader incontesté de la communauté mozabite.
La culture de la légalité et la culture de la démocratie ont été foulées aux pieds. La lutte de ces suppôts de l’anti démocratie pour l’accaparation des instances locales au M’zab, dans le sillage du despotisme du pouvoir central, vise la stigmatisation de la communauté mozabite, communauté qui a démontré à travers son long parcours historique ses capacités et ses apports généreux et ses répulsions de la position d’éternel assisté que ces suppôts recherchent.
Que ces gens courent derrière la rente, ils ne sont pas les seuls; mais c’est leur anti-mozabitisme qui pose problème. Il devient source de haine et des violences.
Face donc à la montée des revendications et des luttes sociales et politiques au niveau du M’zab, le pouvoir répond par la culpabilisation et la divisioncommunautaires, sève nourricière des violences communautaires.
A vrai dire, si cette démarche s’appuie aussi sur d’anciennes frictions et pesanteurs sociologiques entre les communautés arabe autochtone et mozabite liées à des évolutions, des modes de vie et des expériences historiques fondamentalement différents, la base populaire arabe ne s’était pas impliquée dans cette logique durant la première décennie post – indépendance et ce pour de multiples raisons. Le processus du rejet brutal de la communauté mozabite a été un processus graduel, évolutif et globalement lié à l’intensité des frustrations sociales et économiques, au degré de rétrécissement du système classique de la rente, à l’approfondissement de la crise globale à l’échelle nationale et ses répercussions au plan local, à la saturation des capacités du M’zab, et politiquement au niveau de l’évolution des acquis démocratiques dans le pays. Les haines étaient beaucoup plus exprimées et mises en avant, dans un premier temps par les suppôts sus indiqués, poussant et accentuant, sous l’impulsion du pouvoir local et central, et sous l’effet de la crise politico-économique de plus en plus dûment ressentie par les bases populaires, la haine du mozabite et donc sa stigmatisation.
Le pouvoir a, grâce à la contribution de ses suppôts, réussi son pari d’orienter la haine vis-à-vis du pouvoir, responsable de la situation de détresse de la base populaire de la communauté arabe autochtone, vers la haine de la communauté mozabite, avec évidemment des nuances en fonction des périodes et des conjonctures.
- Echanges inter-communautaires :
En réalité, durant les siècles de vie commune, dans la vallée du M’zab, entre la communauté arabe autochtone, composée essentiellement des tribus des Chaambas, (la plus importante en nombre et influence), des M’dabih, des Beni Merzoug et autres, et la communauté mozabite, il n’y a pas eu un front arabe contre un front mozabite; l’Histoire à notre humble connaissance n’a pas signalé un tel cas. C’est l’actuelle crise (2013-2014-2015), que nous qualifierons d’historique, que pour la première fois un tel scénario se produise, et à l’échelle de tout le M’zab (à l’exception d’El Atteuf).
C’étaient globalement des guerres entre deux camps, où au sein de chaque camp les deux communautés étaient représentées. C’était là des jeux d’alliances plus ou moins structurés, de guerres de çoffs ; et plus ou moins conjoncturels lorsqu’il s’agit d’intérêts de groupes, de fractions, de cités, ou fraction de cités. Ces guerres éclataient aussi entre les tribus arabes autochtones, dont nous citerons la grande fitna, dans le passé, entre les Chaambas et les M’dabih sur des questions d’espaces de pâturage dans les alentours de la chebka du M’zab.
Sur la base de ces données historiques, nous pouvons affirmer qu’il n’y a jamais eu de conflit ou guerre sur une base religieuse ou déclarée comme telle entre malékites-ibadites.
Par contre, des exemples édifiants de solidarité et de complémentarité ont été rapportés, comme les accords conclus ou les conventions établies entre les mozabites et les tribus des Beni Merzoug, des M’dabih et des Chaambas, définissant les conditions de leur intégration dans la Cité, leurs devoirs et leurs droits. Les Beni Merzoug étaient répartis sur certaines fractions mozabites et bénéficiant même jusqu’aux premières années d’indépendance des solidarités sociales que recevaient les membres mozabites. Avec les Chaambas, c’est l’expérience originale, enrichissante mais inaboutie d’échange de familles entre le k’sar mozabite d’At M’lichet (Mélika) et Métlili des Chaambas avec comme corollaire le rôle essentiel des mozabites dans la construction du k’sar de Metlili et le développement de sa palmeraie.
En outre, des études mentionnent, par ailleurs, le ‘’congrès’’ des commerçants mozabites d’Alger de 1642 durant lequel les commerçants mozabites et les malékites du M’zab et ses environs (particulièrement les Chaambas et M’dabih) se sont entendus sur l’organisation de caravanes mixtes d’Alger vers le M’zab et retour, leur participation aux réunions de la Djemaâ mozabite à Alger, l’entraide entre les parties, et la venue en aide aux nécessiteux dans leur retour au bled…..
A l’indépendance, les crispations communautaires s’accentuaient sous l’effet des retombées des luttes pour le pouvoir au niveau central, et particulièrement les luttes autour de l’axe démocratique (comme rapporté auparavant) et les luttes autour du projet d’option de développement économique et d’ouverture politique de l’Algérie : ‘’socialiste’’ ou libérale, prenant au niveau local, bien que d’une manière assez confuse, les contours de positions communautaires.
C’étaient néanmoins des positions des élites qui s’affrontaient au sein du FLN et de ses organisations satellitaires, où le dessus fut du côté des suppôts de la communauté arabe autochtone du système dominant, qui glissaient de plus en plus vers la dégustation délectable des privilèges acquis et attendus des surenchères qu’ils affinaient sur les ‘’désastreuses conséquences’’ de l’influence des mosquées, des médersas et Azzabas sur la société mozabite (voir à ce sujet le fameux rapport de la Fédération FLN de Ghardaïa de 1967 qui incriminait avec force ces institutions, et le rapide envoi, à cet effet, par Alger d’une commission centrale d’enquête présidée par le cheikh Kheireddine. Le rapport de cette commission d’enquête indiquait clairement dans ses conclusions, le fondement subjectif des problèmes et litiges soulevés par le rapport de la Fédération, qui sont le résultat de comportements de certains des affiliés au Parti qui cherchaient, en son nom, à s’accaparer tous les centres d’influence au M’zab y compris sur le domaine religieux. Ces affiliés, sous prétexte de l’application des orientations du Parti, tentaient de mettre un terme aux us, coutumes et pratiques religieuses locales.
Le rapport mentionnait également le comportement de certains de ses responsables (du Parti) marqué par l’arrogance, l’absence de souplesse et la juste appréciation des situations.
Il faisait mention aussi de l’absence chez les Mozabites de toute idée de séparatisme ou d’atteinte à la souveraineté nationale et relevait la sagesse et l’attitude mesurée des habitants du M’zab.
Cet extrait du rapport du cheikh Kheireddine est fortement édifiant : «… ceuxincapables de construire préfèrent la facilité de détruire »).
La communauté mozabite commençait dès lors à ressentir de réelles pressions, mais continuait imperturbablement à ‘’suivre son bon chemin’’ de la participation active à l’édification du pays et son développement. Des personnalités influentes de la communauté arabe autochtone ont suivi lemême chemin de l’investissement, tandis que d’autres plaçaient leurs fortunes entre les mains propres de mozabites pour les fructifier. Des ponts d’échanges et de complémentarité à une échelle élevée commençaient à surgir, confortant les rapports déjà existants au niveau des métiers et marchés populaires entre artisans, différents métiers, commerçants, agriculteurs, maquignons….
En dépit des quelques accros, des hauts et des bas, et certaines expériences malheureuses, les deux communautés tentaient de consolider leur rapprochement. Les actions d’entraide et de solidarité n’ont pas cessé. Les relations humaines et sociales étaient réciproquement acceptables et respectables y compris dans les quartiers dits mixtes. Le bon voisinage y régnait. En outre, des actions communes sont menées. Ainsi, pour la réalisation du premier centre de dialyse à Ghardaïa, les contributions financières parvenaient des deux côtés. Les apports financiers et matériels des Mozabites à la réalisation de mosquées pour les malékites sont nombreux et conséquents en dépit de ces salafistes qui déterrent les haches de guerres religieuses qui n’existent que dans leur imagination. C’est le même comportement pour les mariages collectifs pour lesquels les sollicitations des mozabites ont reçu des réponses bien favorables. En outre, beaucoup de Mozabites accomplissaient des prières communes avec les arabes autochtones. Lors de leurs déplacements au Nord, surtout pour des soins, les mozabites leur accordaient l’aide, l’assistance et la sollicitude exigées.
Même durant ces derniers évènements, et au cœur des affrontements, des exemples d’un extraordinaire humanisme ont défié les ignobles atrocités. Nous nous limiterons à deux cas uniquement, pour citer ce mozabite qui, dans le feu de l’action, a frayé pour son voisin, un arabe, un chemin pour le ‘’sauver de la mort’’, un arabe enseignant universitaire qui en avait, les yeux humides de larmes, témoigné lors d’une émission télévisée, (durant laquelle, nous devons à l’obligation de ne pas passer sous silence ses appréciations malsaines, qui n’honore pas son titre d’enseignant universitaire, liées à la ‘‘justification’’honteuse et anti républicaine et en direct de l’incendie des quatre premiers magasins de Théniet el makhzen -d’avant la grande opération- (aspect non relevé par les participants et les animateurs), ainsi que ses propos inconsistants sur l’absence de mariage mixte entre communautés). Nous citerons en outre, le cas de cet arabe qui, voyant des jeunes de sa communauté commencer à défoncer les portes, incendier les habitations de leurs voisins mozabites et les agresser physiquement, a eu ce magnifique geste de demander à son épouse de faire immédiatement évacuer par la terrasse vers son domicile ses voisines mozabites (leur mari et père étant absent, travaillant au Nord du pays) pour les sauver vers son second logement situé dans un lointain quartier paisible.
Les fondements de la coexistence sociale et de l’entraide humaine tenaient encore bien, même sous le feu brûlant de la violence aveugle et haineuse.
III- Repères historiques :
- Evènements de 1985 :
Le premier grand clash a eu lieu durant le ramadhan de 1985 entre les mozabites de Ghardaïa et les M’dabih. C’était sous l’ère Chadli, caractérisé par le glissement, après les années de l’omniprésence du pouvoir fort et intransigeant de Boumèdienne, vers la déliquescence de l’Etat. L’année 1985 représentait aussi l’année d’annonce de la grande crise économique en Algérie durant laquelle le niveau de la cagnotte des devises a déjà atteint la côte d’alerte rouge, et les importations du pays s’effectuaient avec le recours aux crédits fournisseurs à des taux d’intérêts exorbitants, enfonçant donc davantage son endettement, outre les taux élevés des assurances à l’exportation des pays fournisseurs pour couvrir leurs risques, grevant les prix d’acquisition.
En outre, le recours durant la première moitié des années 80 du siècle dernier aux importations de masse des produits et équipements électroménagers et des produits de consommation (PAP Programme Anti Pénurie) après des années d’interdiction et de frustrations ont suscité de forts engouements au niveau populaire engendrant d’énormes dépenses qui ont érodé ses revenus.
Aussi, dans le cadre des dispositions portant mise en valeur des terres, et l’encouragement de l’Etat à l’agriculture saharienne, des parcelles ont étéattribuées à des Mozabites, ainsi d’ailleurs qu’à des M’dabih de la commune de Daya, dans le périmètre appelé Laâdira. Ce périmètre est mitoyen de Daya, mais il est en même temps situé dans le prolongement naturel de la palmeraie de Ghardaïa. Cette décision n’a pas été admise par les mandataires et le lobby sectaire des M’dabih. En réalité, ils refusent la venue de Mozabites ‘’accaparer leurs terres’’ car situées dans ce qu’ils considèrent comme leur espace vital. Ils craignent de subir la concurrence des Mozabites en matière agricole, et par conséquent le rétrécissement attendu du quasi monopole des M’dabihs sur le marché des légumes produits localement, source principale de leurs revenus, outre l’élevage pastoral.
Encore une fois, au M’zab, le foncier devient un enjeu capital animé par les enjeux économiques et socio-culturels dont il devient le réceptacle. Faute de régulation et d’anticipation de ces enjeux, en l’absence de l’Etat fort et entreprenant, ces enjeux poussent aux violences communautaires, au lieu et place des luttes et revendications socio-économiques et politiques en direction du pouvoir censé gérer la société dans ses différentes composantes et assurer la prise en charge de ses préoccupations.
Le pouvoir représentant l’Etat est en première et dernière instance le premier responsable de ces violences. Ainsi, outre la crise économique qui pointe, ces enjeux ont été exploités pour faire violemment réagir le peuple abusé des M’dabihs, pour lesquels le mozabite est désigné comme point de fixation, celui qui va être la source de leur appauvrissement.
Dans ce cadre, des attaques et saccages ont eu lieu. L’horreur s’est pointée avec fracas avec son lot de destructions, d’incendie des exploitations, des animaux éventrés et tués et, par extension, des magasins et biens des mozabites incendiés en plein ville transformée en champ de bataille. Les M’dabihs avaient en quelque sorte déjà étalé, en ce temps là, un vif et bref aperçu des capacités de violence et de nuisance enfouies auxquelles ils peuvent, sous la direction et l’impulsion de leurs suppôts manipulateurs, sans retenue, sans égard aucun, sans discernement y recourir. C’était un scénario à une échelle réduite de ce qui se reproduira en grandeur nature vingt huit ans après (soit à partir de fin 2013) dans toute la vallée du M’zab.
Cette violence stupéfia les mozabites, attendu que sous l’Etat national la violence communautaire ne pourrait exister et s’exprimer avec autant de force pour la solution de problèmes qui relèvent de son autorité. Croyance naïve en l’Etat de Droit ?
L’un des premiers pionniers de ces exploitations, Kacem CHEKEBKEB tomba en chahid. Il fut atrocement torturé et mutilé. Ce fut en 1985.
Aussi, le premier martyr mozabite des évènements actuels (2013-2014-2015) est tombé sous leurs mains assassines à Touzouz lors de leur attaque en règle de ce quartier ; quartier, encore une fois, qui pose problème pour eux car directement mitoyen de leur localité Daya. Aussi, le périmètre bien précis de Laâdira (cité auparavant lors des évènements de 1985) subira encore une fois la même furie incendiaire et destructrice avec cette fois-ci le ‘’soutien’’ complice et affiché de certains groupes des forces de gendarmerie.
La culture du Droit, du bannissement de la violence et le socle de la garantie de leur application sur le terrain des réalités à travers l’exercice de l’autorité de l’Etat dans toute son impartialité n’ont pas évolué d’un iota durant toute cette période, en dépit des dramatiques événements (Octobre 88 et décennie rouge) qui ont ébranlé l’Algérie toute entière, dont le M’zab.
Encore une fois, c’est l’absence de gouvernance de ce grand pays, l’absence d’anticipation et de gestion prospective et la limitation du rôle du pouvoir à seulement assurer sa régénération, qui assurent la reproduction de plus en plus dramatique des scénarios décrits ci-dessus. La violence communautaire devient le réceptacle qui éponge la lutte sociale et revendicative; l’inverseur de cible. Le pouvoir ‘’joue sur du velours.’’
Mais cette politique de démission et de gestion archaïque si payante pour le pouvoir au niveau du M’zab a coûté par ailleurs très cher à l’Algérie qui a été surprise par l’ampleur des événements d’Octobre 1988.
- Le M’zab après 1988 :
A partir de cette date symbole, et dans toute l’Algérie, les ressentiments, les étouffements et les brimades choquantes, profondément vécues par lesmasses populaires vont faire éclater la chape de plomb. Les dénonciations du régime et les violences verbales qui en découlent se transforment en programme politique superbement agencé et édulcoré par la phraséologie religieuse d’un parti qui voulait à tout prix le pouvoir, le pouvoir seul. En face de lui, le régime même affaibli tenait bien et sans partage le pouvoir, tout le pouvoir. L’Algérie entière est prise dans la tourmente de ce dilemme insoluble et imposé. Pour choisir l’un des deux, le pays était contraint d’aller à des élections qui avaient davantage aggravé la crise. Les évènements qui ont suivi sont des plus dramatiques pour le peuple et le pays entier.
Le M’zab pensait pouvoir y échapper en se frayant sa propre voie, croyant que l’ère démocratique a bien commencé. En présentant ses propres listes, tout en osant soutenir d’autres listes partisanes (PRA par exemple) aux élections locales, la communauté mozabite a subi, dans une alliance sacrée, surprenante et ‘’presque contre nature’’, les foudres des anciens suppôts du pouvoir de la communauté arabe autochtone qui continuent néanmoins à résister aux assauts du nouveau parti, mais aussi de ses nouveaux maîtres, conquérants et décidés, qui empruntent aux premiers cités, leurs méthodes punitives et leur dirigisme outrancier.
C’est la ville de Berriane, une des sept cités du M’zab, qui a concentré et laissé exploser les fortes tensions qui s’exprimaient. Mené par le nouveau parti en lice en 1990, et l’appui des suppôts vaincus mais revanchards, et sous le couvert de marches de protestation et de dénonciation des résultats des élections à partir d’une mosquée, sous les cris ‘’d’Allah Akbar’’, des expéditions punitives et des agressions ont été menées à l’encontre des mozabites, leur reprochant ainsi leurs choix démocratiques. De sanglants heurts intercommunautaires ont dramatiquement coûté la vie à deux mozabites.
Cela met en relief :
- la grande sensibilité du M’zab aux événements se déroulant au niveau central, mais aussi
- la triste profondeur de la assabia et la haine anti mozabite des élites de la communauté arabe autochtone qui transcendent leurs propres clivages politiques pourtant si importants, du moins en apparence,
- la nature anti démocratique des tenants de ces deux partis et précisément des suppôts du pouvoir et des nouveaux maîtres qui veulent suppléer ces derniers. Tous les deux refusent le choix libre de la majorité. Le choix devrait demeurer entre eux.
- la responsabilité du pouvoir et de ses représentants locaux qui n’ont pas été à la hauteur de la gestion de ces graves évènements. Ils n’ont pas fait preuve d’anticipation, et n’en ont pas tiré les conclusions qui s’imposaient. Bien au contraire, tout porte à croire qu’ils veulent que ces évènements les confortent dans leurs thèses : sans eux point de salut. C’est pourquoi les manœuvres de coulisses et les manipulations ne sont peut être pas étrangères à ces évènements. Quelques années plus tard, des affrontements encore plus sanglants et étalés sur plusieurs années vont avoir lieu.
Nous ne pouvons aborder ici dans le détail, le volet hautement dramatique et cyniquement violent des affrontements meurtriers, à partir de 2008, de la grande cité de Berriane qui a de nouveau subi, seule, dans l’isolement et le relatif désintéressement local et national, des années entières de terreur et d’horreur durant lesquelles les gens d’ici et d’ailleurs ne se contentaient que de complaintes fatalistes et de soupirs angoissés. En tous cas l’expérience de Berriane est un chapitre qui est de nature tout a fait identique aux événements de Ghardaïa et de la vallée du M’zab de tout point de vue, avec à l’évidence des acteurs, des points de départs et des trames différents, des problématiques qui se ressemblent et un fondement qui nous paraît être toujours le même : la mise au pas par le Pouvoir de la communauté mozabite, et lui faire payer le prix de ses ‘’égarements démocratiques’’ en instrumentalisant ses suppôts de l’autre communauté, pour mettre en branle la machine des divisions, puis des violences communautaires, tout en demeurant soft.
A Berriane, dans les années 2000, comme en 1990, le libre choix de la communauté est à bannir. Le choix du parti du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) lors des élections locales n’est pas admis par le pouvoir. Les suppôts de la communauté arabe autochtone ont été ameutés et sous des prétextes presque fortuits les scènes de violence éclatent.
Ce cycle de violence a été accompagné et non traité. La communauté mozabite entière devra chèrement payer ses choix, du moins le choix d’une partie d’entre elle.
L’émancipation démocratique n’est pas encore à l’ordre du jour au M’zab. Le pouvoir semble craindre pour le M’zab ‘’la contamination kabyle’’. Pourtant le RCD, comme le FFS (source des problèmes de Ghardaïa semble-t-il) sont jusqu’à nouvel ordre des partis agréés qui agissent dans le cadre de la légalité républicaine. Il a été fort dommageable et très chèrement payées les incompréhensions et la non capitalisation à temps de la douloureuse expérience de Berriane qui depuis 2008 continue à ce jour. Mais les récents évènements de Ghardaïa et de toute la vallée du M’zab vont y apporter un éclairage certain. Les zones d’ombres se sont globalement dissipées.
- Problèmes socio-économiques du M’zab :
Ainsi, vint huit ans après le ramadhan rouge de Ghardaïa (évènements du ramadhan de 1985 cités ci-dessus), et après les sanglants heurts de Berriane sus évoqués, et ceux de Guerrara (une autre cité du M’zab) de 1975, puis de 1989 et de 2013, de multiples affrontements dans plusieurs localités (Beni isguen - Théniet el makhzen ; Melika - théniet el makhzen ; Ghardaïa – Mermed -Ain Lebeau-Bouhraoua…) et ce particulièrement depuis le début des années 2000, et qui se sont gravement multipliés au fil des ans pour plusieurs raisons qui nécessitaient l’obligeante intervention des services de l’Etat, nous relevons leurs non prises à bras le corps, et l’insuffisance du suivi. Des demi- solutions et des reports de décision dénotant d’une absence de volonté ferme de prise en charge, comme si ces problèmes ne concernaient pas les autorités responsables. Pourtant c’était un ensemble de problèmes concrets liés principalement :
- Au foncier:
* Absence d’une politique de gestion de ce volet, pourtant crucial du fait de la totale saturation de la vallée du M’zab et ce depuis fort longtemps. Les politiques et programmes de décongestion de l’espace urbain existant ont été menées soit dans l’hésitation et l’indécision qui ont longtemps retardé les projets, soit dans la précipitation qui n’assure pas leur maturation, outre la prééminence de l’approche bureaucratique. L’exemple édifiant demeure la première cité d’Oued Nechou, un ilot de logements implantés en plein désert inhabitables durant plusieurs longues années, alors que la crise du logement était à son comble.
* Absence de lotissements pour l’auto construction qui a poussé les jeunes à envahir tous terrains proches, sans se préoccuper de la nature de leur propriété juridique avec les conséquences attendues : affrontements ente jeunes et forces de l’ordre, et le plus souvent entre jeunes des deux communautés. En outre, cette situation de blocage de distribution de terrains qui perdure est à l’origine de création ou tentative de création de lotissements de fait, engendrant des tensions multiples. Les tentatives d’accaparation de terrains à bâtir ne s’arrêtent pas, et les heurts aussi. Pourtant rien n’y fut.
* L’Absence de délimitation concertée et d’affectation de terrains pour la création de nouveaux cimetières et/ou l’éventuelle extension de certains ; Cette question était à l’origine de multiples incidents et demeure encore pendante.
En outre, les problèmes sociaux s’aggravent au niveau de tous les secteurs: Le problème des coupures d’électricité qui trainait depuis des lustres, n’a connu de solution que lorsqu’il est devenu ces deux dernières années un problème national. L’alimentation sélective en eau potable (certaines cités sont alimentées 24h/24, pendant que d’autres, mitoyennes de ces cités privilégiées et situées dans le centre urbain de la vallée ne sont alimentées et irrégulièrement, que durant quelques petites heures, et faute de pression, l’eau n’arrive pas à couler du robinet lorsqu’il est situé à un mètre environ du niveau du sol) et les coupures totales de plusieurs jours sont courantes.
La surcharge intenable des classes au sein de la plupart des établissements éducatifs des différents échelons, outre le désengagement des administrations concernées en matière de prise en charge des besoins de chauffage, climatisation-ventilation, et autres besoins que les associations des parents d’élèves tentent tant bien que mal de les satisfaire à partir de contributions financières de parents; alors que la qualité des enseignements et de l’encadrement pédagogique et administratif est dans l’ensemble déplorable parrapport aux potentialités et l’héritage culturel de la région. Le domaine de la santé s’est dégradé au fil du temps avec l’apparition d’épidémies que nous croyons à jamais irradiées, alors que la qualité des soins et l’environnement hospitalier s’enfoncent chaque année dans la dégradation et le laisser faire. (A l’hopital, comme au centre de maternité, ce sont des nuées sans fin de petits cafards qui frayent leur chemin entre les patients et les petits bébés dans l’acceptation totale de cette situation comme une fatalité admise).
En outre, après de multiples manifestations et heurts avec la population, la question de l’assainissement, de la remontée des eaux de la nappe, et le déversement des eaux usées dans le lit de l’oued M’zab, qui constituaient une catastrophe écologique et sanitaire, a connu une solution, bien que partielle encore ; elle nécessite encore un suivi particulier car des blocages importants persistent. D’autres secteurs enregistrent les mêmes difficultés : l’état des rues et ruelles à l’intérieur du tissu urbain, les routes inter cités de la vallée, absence de route surplombant le second versant de la vallée avec des bretelles de raccordements à ses différents quartiers et cités en vue de décongestionner le centre ville de Ghardaïa, la ville où un seul axe routier relie EL Atteuf à Daya, outre les routes et pistes agricoles. Dans le domaine agricole les manques à gagner pour les périmètres existants découragent les plus téméraires. Dans les TIC, le réseau internet et la téléphonie fixe enregistrent des perturbations multiples et continues. La culture demeure toujours le parent pauvre, alors qu’en matière sportive les associations s’adonnent au bricolage faute d’infrastructures de proximité. Il demeure fort déplorable que pour les dizaines d’équipes de football évoluant au niveau de l’espace du Touzouz, aucune attention ne leur soit accordée, (même pas de vestiaires)…..
Ce sont ces multiples problèmes auxquels il y a lieu d’ajouter la ‘’mal vie’’, le chômage, la bureaucratie étouffante, l’administration sélective, le mépris et l’absence de dialogue, l’inertie des responsables…qui ont jeté la jeunesse dans la revendication de la rue. La jeunesse de la communauté mozabite, conformément à ses traditions, privilégiait auparavant le contact, l’écrit et la sollicitude des responsables des secteurs à problèmes pour aboutir aux solutions recherchées. Mais, les réponses ne parvenaient pas et les problèmes s’aggravaient. L’absence de réactivité des responsables exaspère les jeunes.
Dans toute l’Algérie, l’expérience des émeutes et des méthodes violentes a été payante. Les actions et démarches pondérées auprès des autorités ont prouvé leur inefficacité. Les gens avaient compris que pour aboutir à une issue positive à leurs revendications, il faudrait se déplacer en groupe dès le premier contact. Les méthodes évolutives des formes de luttes classiques sont tristement devenues inopérantes.
Ici, au M’zab, les structures traditionnelles et les hommes qui en sont issus n’ont pu s’adapter à ces méthodes, ni se mettre au diapason des besoins socio culturels et économiques et des aspirations pour plus de respect, de dignité et de reconnaissance de ses particularismes. La jeunesse mozabite de Ghardaïa (du moins une partie) s’est assumée et a choisi de nouveaux cadres d’activités pour y trouver à la fois des solutions et une vision. Le FFS, le Front des Forces Socialistes, émerge alors avec force sur la scène locale. Les jeunes mozabites qui y militaient ont su encadrer des actions d’envergure. Ce parti leur avait donné le cadre d’expression et d’action.
Des mouvements ininterrompus de protestations ont été engagés avec de plus en plus d’appui populaire. Aux élections locales de 2007, le FFS avait obtenu un score respectable. Alors que la communauté mozabite découvrait l’ampleur des luttes et des actions multiformes, pacifiques mais aussi très souvent frontales avec des heurts, des échauffourées et des affrontements avec les forces de l’ordre, suivis d’arrestations et d’emprisonnements, qui ont véritablement secoué et mis dans la stupeur une partie de la communauté non habituée aux phénomènes de violence d’où qu’elle vienne, l’autre partie appréciait néanmoins les résultats obtenus.
Mais depuis longtemps, les manipulations et le jeu des coulisses s’activaient, s’ingéniaient, et organisaient la contre offensive. Et comme pour Berriane avec le RCD, c’est aussi toute la communauté de Ghardaïa qui devrait payer le prix du soutien d’une partie de la communauté au FFS et du choix démocratique effectué.
Ainsi, pour les tenants du pouvoir, le prétexte est tout indiqué, et le faire valoir pour se justifier est trouvé, comme si, avant, il leur en fallait ! Alors les amalgames sont fort insidieux. La communauté devrait-t-elle répudier le FFS ou la démocratie, ou les deux à la fois ? Et la contrepartie ? La référence était-ce la période de l’après indépendance jusqu’à la décennie rouge ?
La grande Histoire a déjà enregistré les petites histoires douloureuses de cette période faussement calme. Nous en sommes des témoins sans le vouloir. En tous cas, c’est ’’bonnet blanc et blanc bonnet’’ ; et les tenants du pouvoir ont ‘’la tête près du bonnet’’ : ils sont, dans tous les cas de figure, prompts à sévir.
Alors la réponse au ‘’Que Faire’’ par les maîtres des coulisses tombe: C’est le temps du laisser faire et la recherche du pourrissement. D’ailleurs les autorités locales les avaient, selon beaucoup d’avis, excellemment bien appliqués. C’était une démarche bien pensée d’accumulation des haines et des violences, qui se sont davantage cristallisées ces quelques dernières années. Le prélude à des actions d’envergure,
dont la date coïncidait avec la période de flottement pré-électorale pour le quatrième mandat présidentiel.
Un alibi de plus pour justifier la nécessaire stabilité et continuité du pouvoir en place,
seul capable, selon eux d’assurer la maîtrise du pays.