Maria Sharapova, dernière « victime » de l’épidémie de meldonium
Maria Sharapova avait convoqué les médias dans un hôtel du centre de Los Angeles,
lundi 7 mars, pour une « annonce importante ». Ses supporteurs redoutaient que
la joueuse de tennis russe ne fasse savoir qu’elle se retirait des courts, à 28 ans.
« L’annonce importante » les aura encore plus attristés : l’ancienne numéro 1
mondiale a révélé qu’elle avait fait l’objet d’un contrôle antidopage positif lors de
l’Open d’Australie, le 26 janvier, dont le résultat lui a été notifié le 2 mars.
« Depuis dix ans, je prends un médicament qui s’appelle “mildronate”, sur prescription
de mon médecin de famille, a expliqué Maria Sharapova, le visage fermé. Pendant dix ans,
ce médicament n’était pas sur la liste des produits prohibés par l’Agence mondiale antidopage
(AMA), et je l’ai donc pris de manière légale ces dix dernières années. Mais le règlement
a changé le 1er janvier, et ce médicament est devenu un produit prohibé, ce que je ne savais pas. »
« Je suis pleinement responsable »
Pièce jointe 22096
La championne russe avait pourtant reçu, à la fin de décembre, comme des milliers de sportifs,
un e-mail de l’AMA indiquant que le mildronate appartiendrait, à partir de 2016, à la liste
des substances interdites. Elle a omis de cliquer sur le lien contenu dans le courrier électronique.
« Je suis pleinement responsable, a-t-elle admis. Je n’ai pas contrôlé la liste pour voir si
ce médicament allait figurer sur la liste des produits prohibés. Je suis responsable de ce que
j’ingère, je me targue depuis mon plus jeune âge d’être très professionnelle,
mais j’ai fait une énorme erreur. »Une boîte de mildronate, également appelé meldonium, qui figure
sur la liste des produits prohibés depuis le 1er janvier 2016.
Le mildronate, également appelé “meldonium”, lui était prescrit depuis 2006, a-t-elle expliqué,
pour « traiter plusieurs problèmes de santé qu’[elle avait] en 2006. J’étais souvent malade.
J’avais la grippe, des électrocardiogrammes irréguliers, et des signes de diabète, sachant
qu’il y avait des antécédents de diabète dans la famille. » Ce n’est sans doute pas pour
du diabiète que le médicament lui avait été prescrit en 2006, puisque la première étude établissant
un effet du meldonium sur le diabète date seulement de 2009. Une expérimentation clinique sur
des rats montre alors que le meldonium pouvait « être bénéfique aux patients diabétiques souffrant
de problèmes cardiovasculaires ».
Augmentation de l’endurance
Principalement utilisé dans la prévention des infarctus, le meldonium est classé parmi les hormones
et modulateurs métaboliques (groupe S4) depuis le 1er janvier 2016. L’AMA s’est rendu compte
que ce produit était fréquemment utilisé par les sportifs à la faveur de tests effectués en 2015
par l’Institut de biochimie et le Centre de recherche préventive sur le dopage de Cologne.
Des études qui avaient révélé la présence de meldonium « dans 2,2 % des 8 320 échantillons urinaires
aléatoirement prélevés lors de contrôles antidopage chez des sportifs professionnels »,
explique Pierre-Jean Vazel, entraîneur d’athlétisme et spécialiste des questions de dopage,
sur son blog, hébergé par Le Monde.fr Plus vite, plus haut, plus fort.
« Les sports de force étaient surreprésentés (67 %), devant les sports d’endurance (25 %),
poursuit Pierre-Jean Vazel. L’université allemande avait relevé dans la littérature scientifique
deux publications montrant des effets positifs sur les performances des sportifs par
“une augmentation de l’endurance, de la récupération, de la protection contre le stress
et une amélioration des activations des fonctions du système nerveux central” ».
Mis au point dans les années 1970 en ex-URSS, le meldonium n’est pas disponible à la vente
en Europe ni aux Etats-Unis, où réside Maria Sharapova depuis son enfance. « Ce médicament
est essentiellement vendu en Europe de l’Est, a expliqué Craig Reedie, patron de l’AMA,
à l’agence Associated Press (AP). C’est quasiment en vente libre, vous aurez besoin
d’une prescription pour les versions le plus fortes. Il y a eu tout un tas de cas positifs depuis
que c’est apparu, le 1er janvier, sur la liste des produits prohibés. Ça n’arriverait pas si
les athlètes faisaient plus attention à ce qui figure sur cette liste. »