Un gros chèque, et ses ennuis judiciaires seront derrière lui. Le tribunal de Munich a accepté mardi 5 août – comme le prévoit la loi – d'abandonnerses poursuites pour corruption contre le patron de la formule 1 (F1), Bernie Ecclestone, en échange d'un paiement de 100 millions de dollars (74 millions d'euros).


Grâce à cette décision, l'homme d'affaires britannique, qui du haut de son 1,60 mètre et à 83 ans règne sur un empire économico-sportif, s'épargne le risque d'une condamnation et lève l'incertitude pesant sur son avenir dans la discipline automobile.



ACCUSÉ D'AVOIR CORROMPU UN BANQUIER
La justice allemande reprochait à Bernie Ecclestone d'avoir versé 44 millions de dollars de pots-de-vin en 2006 et 2007 au banquier de BayernLB Gerhard Gribkowsky pour permettre la vente des droits de la formule 1, détenus par la banque bavaroise, au fonds d'investissement CVC Capital Partners, qui avait ses faveurs.


Si la proposition de négocier une fin de procès émane de ses avocats, Bernie Ecclestone – qui n'a pas raté un jour de procès depuis l'ouverture de celui-ci le 24 avril – n'a cessé de nier les charges retenues contre lui.




Bernie Ecclestone signe un autographe après la décision du tribunal de Munich, le 5 août. | AFP/SVEN HOPPE


Il ne conteste pas
avoir versé 44 millions de dollars au banquier allemand, mais affirme que cette somme représentait le « prix du silence » pour que le banquier ne fasse pas de révélations gênantes sur son patrimoine au fisc britannique.


Entendu mi-mai, Gerhard Gribkowsky a maintenu qu'il s'agissait de corruption. Il a été condamné en juin 2012 à huit ans et demi de prison pour corruption et fraude fiscale parce qu'il avait justement accepté cette somme d'argent.


UNE DÉCISION LÉGALE MAIS CONTESTÉE
La loi allemande prévoit la possibilité d'un abandon des poursuites contre le paiement d'une somme d'argent, y compris après le début du procès. Mais la possibilité de ce type d'accord dans le procès Ecclestone a suscité la polémique, une grande partie des médias et plusieurs personnalités politiques s'étonnant de l'existence de cette forme de « blanchiment judiciaire », selon l'expression du quotidien Süddeutsche Zeitung.


L'ex-ministre de la justice allemande Sabine Leutheusser-Schnarrenberger (parti libéral, FDP) a par exemple plaidé en faveur d'une « réduction drastique » de ces négociations par la loi. « Quelle que soit sa situation financière et sa place dans la société, chacun doit rendre des comptes », a-t-elle insisté, au micro de la radio Deutschlandfunk.


Ancien pilote automobile devenu homme d'affaires, Bernie Ecclestone s'est imposé comme le roi de la formule 1, en signant dans les années 1980 avec son grand ami Max Mosley, alors président de la Fédération internationale du sport automobile (FIA), un accord lui garantissant les droits commerciaux de la discipline reine du sport auto pour plus d'un siècle. Les dernières estimations de sa fortune personnelle tournent autour de 4 milliards d'euros.