Au cours du week-end dernier, plus de 150 footballeurs de la NFL se sont agenouillés ou sont restés au vestiaires pendant l’hymne américain. Un mouvement de défiance massif envers le président Donald Trump, qui avait traité de « fils de pute » l’un des leurs, pour un geste similaire visant à dénoncer la discrimination raciale. En 2016, le « quarterback des San Fancisco 49ers, Colin Kaepernick, avait lancé cette pratique, pour protester contre le meurtre de plusieurs noirs par des policiers blancs. Retour en images sur une tradition protestataire qui a marqué le sport américain.



2016, KAEPERNICK À GENOU

Lorsque le 26 août dernier, le quarterback des 49ers Colin Kaepernick s’agenouille pendant l’hymne national, la nation est une nouvelle fois divisée. D’un côté une grande majorité des blancs qui se sentent offensés dans leur âme de patriotes, et de l’autre, les noirs qui approuvent ce geste condamnant les conditions des noirs. Devenu un vrai paria dans un pays qui se préparait à élire Donald Trump, Kaepernick a sans doute été inspiré par d’autres sportifs qui ont connu un sort similaire.




1968, LES JO, LES POINGS LEVÉS

S’il fallait retenir une image, une inspiration, pour illustrer cette lutte des noirs américains, l’histoire retiendrait assurément celle des JO de Mexico. Sur leur podium, les sprinteurs Tommie Smith et John Carlos serrent leur poing tendu vers le ciel. Sympathisants des Blacks Panthers, ils dénoncent la ségrégation raciale qui sévit dans leur pays. Suspendus et renvoyés chez eux par leur propre Comité olympique, non sans une certaine pression du Comité international olympique, les deux athlètes restent aujourd’hui encore des exemples pour leur cause.




1972, L’HISTOIRE SE RÉPÈTE

Quatre ans plus tard, les images sont moins connues mais pourtant... Vince Matthews et Wayne Collett montent sur leur podium du 400 m. Les visages de certains membres du CIO se crispent. Les premières notes de The Star-Spangled Banner retentissent dans le stade olympique et les deux athlètes tournent le dos au drapeau américain, les mains sur les hanches. Ils sortent sous les huées. Le lendemain, les deux « rebelles » sont exclus à vie des JO pour avoir eu le tort de dénoncer ostensiblement la discrimination raciale qui perdure Outre-Atlantique.
Le drapeau américain (AFP)


1973, UN ATHLÈTE SE COUCHE SUR LA PISTE

Alors que l’hymne national est joué, au moins un des jeunes athlètes de l’Eastern Michigan University reste allongé au sol. Les nombreux spectateurs finissent par huer l’étudiant et l’équipe est alors disqualifiée.
A quelques jours d’intervalle, le directeur du Madison Square Garden décide de ne pas diffuser l’hymne lors d’une rencontre d’athlétisme, expliquant que « son objectif et sa pertinence lors des événements sportifs n’a jamais été établie ». Le comité olympique américain ayant reçu un déluge de protestations, l’idée de ne pas jouer le sacro-saint hymne, est finalement abandonnée dès le lendemain.




1996, UNE PRIÈRE EN SILENCE

En mars 1996, le basketteur Mahmoud Abdul-Rauf est suspendu un match. Le joueur des Denver Nuggets a en effet refusé de se redresser lors de l'hymne national. Converti à l'islam cinq ans plus tôt, Abdul-Rauf qui se nommait autrefois Chris Jackson, explique qu'il ne croit pas à une idéologie nationaliste. Elu Most Improved Player en 1993, cet excellent attaquant parvient à convaincre les dirigeants de la NBA de pouvoir fermer les yeux pendant l'hymne et de prier en silence.
TOUS UNIS…

Depuis l’insulte proférée par Donald Trump à l’égard des joueurs de NFL qui ne respectent pas le drapeau national, le monde du sport américain s’est uni. Joueurs, dirigeants et fans, ont ouvertement critiqué la prise de position du président Trump. Mais à ce jour, Colin Kaepernick, celui qui avait osé mettre un genou à terre un an plus tôt, reste sans équipe.