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    Post Mohamed Khider

    Cela s’est passé un 3 janvier 1967


    Mohamed Khider
    L’opposant assassiné en 1967 à Madrid

    le 03.01.17|10h00

    Condamnant la liquidation de son compagnon de lutte, Hocine Aït Ahmed
    le régime de Boumediène d’avoir conçu, organisé et perpétré l’assassinat.
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    Mohamed Khider

    Son destin correspondait tragiquement à celui de l’Algérie qui venait d’accéder à sa souveraineté nationale. Assassinat des artisans de la Révolution et confiscation de l’indépendance. Un des neuf chefs historiques de la lutte de Libération nationale, Mohamed Khider, n’a pas eu le temps de jouir de la liberté retrouvée au terme d’une Révolution sanglante et d’énormes sacrifices consentis. Son divorce avec le régime de Ben Bella l’a conduit à l’exil et son opposition au colonel Boumediène lui a coûté la vie. Il est froidement abattu, devant sa femme, une nuit de janvier de 1967 à Madrid. Il avait alors 55 ans. Un demi-siècle après, ce crime reste impuni.
    Ni l’auteur ni les commanditaires n’ont été arrêtés ou poursuivis. L’assassinat a été «couvert» dans une Espagne sous Franco en entente parfaite avec le régime de Boumediène. Son compagnon de lutte et de bagne, Hocine Aït Ahmed, avait alors dénoncé un «crime monstrueux, commis de la façon la plus lâche contre un homme sans arme, en présence de sa femme, eut lieu dans une rue de Madrid, le 3 janvier 1967 à 22h».Le chef du FFS en exil, qui était aussi un proche parent de Khider, raconte les circonstances du drame qui a emporté un des chefs historiques au long cours. «Mon beau-frère, sa femme et un de ses parents en visite à Madrid sortaient de l’immeuble dans lequel Mohamed Khider résidait depuis plus de deux ans et prirent place dans sa voiture personnelle qui était parquée près de l’entrée.
    A ce moment, un étranger s’approche de M. Khider, assis au volant de son auto, et demande à lui parler en privé. M. Khider, ne le connaissant pas, lui propose de fixer un rendez-vous pour plus tard. Alors, sous prétexte de lui donner son adresse, l’individu sort son pistolet et tire. L’arme s’enraie. Il tire de nouveau et la balle pénètre à travers le pare-brise sans toucher Khider. Celui-ci sort de la voiture et se dirige vers l’immeuble. L’assassin tire encore et Khider s’affale, sérieusement blessé à l’épaule. Le meurtrier s’agenouille alors aux côtés de sa victime et, froidement, sauvagement, lui tire à bout portant quatre balles, deux au cœur et deux dans la tête.
    La mort fut instantanée. L’assassin s’échappa vers la voiture qu’il avait louée deux heures auparavant, poursuivi par Mme Khider qui appelait au secours. L’assassin voulut même tirer sur elle, mais le chargeur était vide. Le courage de Mme Khider l’obligea à abandonner la voiture qu’il avait louée...» Pour Aït Ahmed, le crime porte bien une signature. Celle du régime de Boumediène. «J’accuse le régime de Boumediène d’avoir conçu, organisé et perpétré l’assassinat.Cette pratique honteuse de gangsters politiques porte le sceau de ce clan d’aventuriers sans scrupules qui ont usurpé le pouvoir et détruit dans notre pays les principes de liberté, de démocratie et de justice, pour lesquels des millions d’Algériens, parmi lesquels Khider, ont donné le meilleur d’eux-mêmes», dénonçait alors l’exilé de Lausanne. Issu d’une famille modeste de Biskra, Mohamed Khider s’est engagé dans le Mouvement national dès son jeune âge, d’abord au sein de l’Etoile nord-africaine, puis au PPA et au MTLD, où il a joué un rôle actif.Arrêté durant la Seconde Guerre mondiale, puis une seconde fois lors événements de Mai 1945, après le déclenchement de la guerre, il assume le rôle de diplomate au côté de la Délégation extérieure avant de se faire arrêter en compagnie d’Aït Ahmed, Boudiaf, Lachref et Ben Bella lors du fameux détournement de leur avion, le 22 octobre 1956. Si à l’indépendance, Khider se range au côté de Ben Bella en dirigeant l’appareil du parti, il va vite déchanter. Contraint à l’exil en Suisse, le régime de Boumediène le poursuit et fomente «l’affaire» des fonds du FLN pour le salir avant de l’exécuter.Tout comme les autres assassinats politiques commis durant la Guerre de Libération et dans l’Algérie indépendante. La prise du pouvoir dans la violence par ceux qu’il appelait communément le «groupe de Oujda» et l’instauration d’un ordre autoritaire et brutal ont eu comme conséquences directes l’emprisonnement et/ou le bannissement des adversaires politiques. L’élimination physique des opposants était la règle.La liquidation de Abane Ramdane en pleine Guerre de Libération inaugurait un cycle d’assassinats politiques qui allait atteindre d’abord le jeune ministre des Affaires étrangères Mohamed Khemisti, assassiné sur le perron de l’Assemblée nationale en 1963. Le premier maquisard de la Révolution et néanmoins figure emblématique de la lutte indépendantiste, Krim Belkacem, est assassiné en Allemagne en 1970.Ali Mecili, militant nationaliste, assassiné à Paris le 7 avril 1987 à cause de son rôle central pour la lutte démocratique. Mohamed Boudiaf, chef de l’Etat et rédacteur de l’Appel du 1er Novembre 1954, a été liquidé, en direct à la télévision devant des millions d’Algériens, en juin 1992. En assassinant les chefs de la Révolution, c’est l’esprit d’indépendance que l’on assassine.

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    Post LESPARAS AU POUVOIR A ALGER un 7 JANVIER 1957

    Cela s’est passé un 7 JANVIER 1957
    LESPARAS AU POUVOIR A ALGER


    samedi, 07 janvier 2017 14:20

    Sur instruction de Robert Lacoste, ministre résident en Algérie, le préfet de police Barret rend public un arrêté qui allait constituer l’un des premiers tournants décisifs de la guerre d’indépendance algérienne.
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    Il y est stipulé :
    Article 1 : L’ensemble des pouvoirs de police,normalement dévolus à l’autorité civile, sont dévolus à l’autorité militaire.
    Article 2 : Le général Massu est chargé de l’exécution du présent arrêt.
    Autour de Massu, les ordonnateurs de l’arrêté s’appellent Bigeard, Godard, Aussaresses.
    Le jour même, les parachutistes – entre six et huit mille, selon les sources- font leur entrée à Alger avec pour mission de « pacifier Alger » etparadent derrière leur chef revenu de l’humiliante expédition au cours de laquelle la France, la Grande-Bretagne et Israël, escomptaient faire rendre gorgeau raïs égyptien coupable de nationalisation du canal de Suez.
    Le générique désormais convenu de « la bataille d’Alger » continue d’occulter et de questionner ce moment clé de l’histoire de la guerre qui voyait « la capitulation du pouvoir civil devant le pouvoir militaire, de la République devant les généraux »,relève l’historien Pierre Vidal Naquet.
    En réponse à l’attentat meurtrier de la rue de Thèbes, attribué aux activistes fascistes d’Alger, qui fit plusieurs dizaines de morts, les responsables de la zone autonome d’Alger du FLN avaient décidé de rendre coup pour coup et de mettre en place un « réseau bombes », dont les actions spectaculaires – bombes du Milk Bar, de la Cafétéria, de l’agence Maurétanie- du 26 septembre bouleversaient la donne politico-sécuritaire dans la capitale.
    1 : Un complot extrémiste
    Au plus près, est-ce l’assassinat, le 28 décembre, d’Amédée Froger, maire de Boufarik, ancien président de l’association des maires d’Algérie, considéré comme l’une des personnalités influentes de la défense de l’Algérie française, quiparaît être l’embrayeur le plus retenu du tournant politique du 7 janvier.
    Chefde la branche militaire de la zone autonome d’Alger, Yacef Saâdirécuse toute implication du Front dans l’opération. : « Le FLN n’a rien à voir avec la mort d’Amédée Froger. Ce sont les activistes qui l’ont assassiné pour accélérer la remise du pouvoir de police à Massu ».
    Cette analyse du dirigeant FLN est, à demi mots, confortée par des officiels français présents dans le cortège funèbre et qui avaient noté, en particulier, l’agencement des ratonnades – qui avaient fait des dizaines de morts - et de la bombe explosant en plein cimetière juste à l’arrivée du cortège.
    Au demeurant, ces mêmes observateurs n’avaient pas manqué sur le sens des bombes déposées dans quatre églises d’Alger qui confinaient clairement à une opération d’intimidation d’un clergé en partie rétif à l’action de l’armée en Algérie.
    L’arrêté du préfet Barret sanctionne-t-il une série de provocations des milieux extrémistes européens visant à faire clairement basculer l’armée dans la défense par tous les moyens de la présence française en Algérie.
    Si les manœuvres et les manipulations des milieux algérois y ont activement contribué, c’est toutefois sur la base politique des choix du gouvernement de Guy Mollet que se fonde la décision que rendaient, en effet possible, les dispositions des pouvoirs spéciaux votés en mars de la même année avec le soutien des députés communistes.
    2 : La série des mesures d’exception
    Il convient aussi de rappeler que l’arrêté du 7 janvier 1957 s’inscrit à la suite d’une série de mesures d’exception dont la proclamation de l’état d’urgence dans les Aurès et en Grande Kabylie au lendemain dudébut de l’insurrection en novembre 1954, état d’urgence élargi à l’ensemble du territoire algérien en réponse à l’offensive du 20 août 1955 du Nord-Constantinois et les pouvoirs spéciaux – qui signifient en fait la suspension de l’état de droit et des lois de la République -apparaissent comme le prolongement politique.
    Si l’arrêté du 7 janvier 1957 et la dévolution des pouvoirs de police aux parachutistes de la Xe brigade de Massu allaient durablement marquer le cours de la guerre, ils n’en affecteront pas, dans les faits, ni les méthodes ni les objectifs.
    Les exécutions sommaires, les massacres collectifs – ceux du stade de Skikda au lendemain du 20 août 1955, à titre d’exemple -, le recours à la torture – la ferme Améziane à Constantine tournait déjà à plein régime - les viols étaient suffisamment établis pour fonder,entre autres, l’appel à la grève des études du 19 mai 1956 ou encore la vigoureuse dénonciation, dans les colonnes de l’Express du grand écrivain François Mauriac.
    3 : Une politique de terreur
    Il était alors question,au sein de la classe politique française, au mieux,de « méthodes illégales », réputées marginales et qui n’engageaient pas l’honneur de l’armée et ce qu’allait assurer l’arrêté du 7 janvier c’était la couverture politique formelle à la systématisation des crimes de guerre et des atteintes à l’intégrité des personnes.
    L’objectif, pour reprendre l’expression admise,était de « nettoyer Alger », d’imposer la terreur et la peur aux Algériens de la capitale – plus de quatre cent mille -au nom d’uneprétendue « guerre révolutionnaire ».
    Moins de trois mois après l’entrée en vigueur de l’arrêté du 7 janvier, le bilan est si lourd qu’il suscite, en France même, les protestations d’intellectuels influents comme Pierre Henri Simon et contraignent le gouvernement de Guy Mollet à créer une commission d’enquête dénommée de «Sauvegarde des libertés ».
    A Alger même, Paul Teitgen, ancien résistant et secrétaire général de la préfecture de police, adresse un rapport accablant – notamment sur les disparitions et la torture-au ministre résident Lacoste.
    « J’ai acquis l’intime certitude que depuis trois mois nous sommes engagés non pas dans l’illégalité mais dans l’anonymat et l’irresponsabilité qui peuvent conduire au crimes de guerre »(1), écrit Teitgen qui affirme aussi reconnaître chez certains détenus les stigmates de la torture qu’imposait la gestapo aux résistants français.
    C’est lors de la grève des huit jours décrétée par le FLN - 28 janvier/5 février - que l’application de l’arrêté du 7 janvier connaîtra ses modalités les plus spectaculaires avec notamment le maelstrom des camions de prisonniers, les devantures de magasins défoncées, les provocations de paras.
    Exécution en février du militant communiste Fernand Yveton - coupable de dépôt d’une bombe qui n’avait pas explosé -, arrestation et exécution sommaire de Larbi Ben M’hidi en mars, enlèvement et exécution de Maurice Audin en juin, arrestation et torture de Henri Alleg, défenestration de Me Ali Boumendjel, signent clairement la nature des missions des paras de Massu à Alger.
    Les protestations n’auront, en tout cas, guère d’effets sur la conduite politique de la guerre en Algérie et le rapport de la « Commission de sauvegarde des libertés » ne sera jamais rendu public et le quotidienLe Mondequi s’en était assuré la publication sera saisi.
    Le général Jacques de La Bollardière, qui avait pris publiquement ses distances avec la conduite de la guerre par les hommes de Massu est relevé de son commandement et astreint à quinze jours d’arrêt de rigueur.
    4: L’appel des douze*
    Revenant sur les événements lors d’une conférence publique, l’historien Benjamin Stora relève que ce qui s’était alors passé en Algérie dépassait le clivage traditionnel droite/gauche et que « Jamais depuis l’affaire Dreyfus les Français ne s’étaient opposés aussi violemment »(2).
    De son côté, l’historien Pierre Vidal Naquet, qui a consacré une partie de son œuvre à la dénonciation de la torture, note que « Le pouvoir gaulliste promeut et décore les officiers tortionnaires, autrement dit,pour le Général De Gaulle ce ne fut jamais un problème politique ».
    La torture demeure, toutes choses égales par ailleurs, indissolublement liée à l’arrêté du 7 janvier 1957 et le dernier à s’en émouvoir, à la fin de sa vie, aura été le général Massu lui-même qui estimait, dans lors l’une de ses ultimes sorties publiques,qu’« en Algérie, les choses auraient pu se passer différemment ».
    Le 31 Octobre 2000, dans une adresse publique rapportée par le quotidien L’Humanité au président de la République et au chef du gouvernement français, douze personnalités, considérées comme des grands témoins de la guerre d’indépendance algérienne, estimaient qu’« il revenait à la France, eu égard à ses responsabilités, de condamner la torture qui a été entreprise en son nom durant la guerre d’Algérie » (3).
    En Algérie, cette date du 7 janvier 1957, totalement scotomisée,
    ne peut encore fonder une telle exigence.


    * Les Douze : Simone de La Bollardière, Pierre Vidal Naquet, Laurent Schwartz, Henri Alleg, Germaine Tillion, Gisèle Halimi, Nicole Dreyfus, Madeleine Rébérioux, Josette Audin, Noël Favelière, Alban Liechti, Jean-Pierre Vernant.

    1- Lettre de Paul Teitgen au ministre résident
    2- Stora (Benjamin) inL’Expresse- janvier 2007
    3- Vidal Naquet (Pierre) : « Appel des douze », in L’Humanité, 31 octobre 2000.


    Dernière modification par zadhand ; 07/01/2017 à 22h10.
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    Post Ce jour-là Chadli Bendjedid annonce sa démission

    Cela s’est passé un 11 Janvier

    Chadli Bendjedid
    j’ai démissionné de mon plein gré sans pression d’une quelconque partie…

    Chadli Bendjedid
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    Jan 11, 2017

    Rempart, titre d’un livre qui traduit le sursaut des forces patriotiques qui ont dit “non”
    aux islamistes qui voulaient en finir avec la “République démocratique et sociale” dont les
    fondements étaient posés dans la Déclaration de Novembre. Les faits rapportés dans Le Rempart
    ne sont pas inédits puisque l’auteur (Ali Haroun) a eu à les relater dans ses différentes contributions dans la presse. Mais ce livre a le mérite de les rassembler, de leur donner une cohérence, de les mettre
    en perspective. De les replacer dans leur contexte historique.


    Il convient maintenant d’aborder ces évènements sans a priori et les analyser en fonction des dispositions constitutionnelles, règles fondamentales en démocratie. Le temps qui s’écoule dépassionnant le débat, il semble nécessaire de rechercher dans la transparence en quoi et
    comment l’enchaînement des faits aurait été anticonstitutionnel ou anti-démocratique. Si la fin
    de la législature, officiellement prononcée le 30 décembre 1991, consacrant l’échéance légale
    du mandat de l’Assemblée n’a pas posé problème, par contre l’on s’est demandé si la démission
    du président Chadli Bendjedid émanait de sa propre volonté. L’aurait-on “poussé vers la sortie”
    et dans quelle mesure ? Il est évident que s’il est contraint, par la violence, d’abandonner la
    charge qu’il tient de la volonté populaire et la Constitution, cette violence constitue le facteur caractéristique du “coup de force” ou du “coup d’État”. Dans ce cas, le raisonnement juridique
    bâti sur l’application de l’article 84 paragraphe 9 de la Constitution s’écroule et, par voie de conséquence, tout l’édifice construit sur ce socle, à savoir : la saisine du Conseil constitutionnel,
    la déclaration du 11 janvier, la session permanente du Haut conseil de sécurité et la proclamation du 14 janvier. Il est vrai que la version d’un Président contraint par l’armée à la démission avait
    été propagée par la rumeur publique, aussi bien que les médias, nationaux et étrangers. L’hebdomadaire français l’Express rapportait déjà la réunion d’un grand nombre d’officiers généraux, qui “ont forcé Chadli à la démission”. Il est également vrai que le président français Miterrand déclarait dès le 14 janvier 1992 à Luxembourg que “les dirigeants algériens s’honoreront en renouant le fil de la démocratisation qui passe nécessairement par des élections libres… Le processus engagé pour des élections a été interrompu et cela repose sur un acte pour le moins anormal”. La rumeur s’est enflée. Comme pour la calomnie, il en restera toujours quelque chose. Il n’y a pas de fumée sans feu, affirme l’adage populaire, et les Algériens auraient rompu avec la démocratie. Le président Chadli n’ayant pu s’exprimer librement, il n’a pris sa décision que sous la pression. Ainsi, le processus enclenché le 4 janvier aurait été condamnable. En réalité, dès le résultat du scrutin, le Président avaient pensé “prendre une mesure”. Le ministre de la Défense nationale, Khaled Nezzar, le rencontre le 28 décembre 1991, et rapporte ainsi l’entretien : “Encore sous le choc, il avait préféré remettre nos discussions à plus tard. Devant l’appréciions pessimiste qui était faite à Aïn Naâdja des évènements et des graves complications qui pouvaient en découler, il dit ‘son intention de prendre une initiative’ sans autre précision. Il lui fut demandé de différer toute décision jusqu’à ce qu’un groupe de travail, chargé par le ministère de la Défense nationale de faire un bilan sur les élections, remette les conclusions attendues.” Au cours d’une autre entrevue, le 6 janvier 1992, après avoir pris connaissance du rapport du groupe, il déclare, mais sans prononcer le mot de démission, qu’à son grand regret, il ne voyait d’autre issue que de confier la situation à l’armée, en recommandant d’éviter toute “chaouchara”. Expliquant lui-même les raisons de sa démission dans sa lettre du 11 janvier au président du Conseil constitutionnel, Chadli déclare : “Nous vivons aujourd’hui une pratique démocratique pluraliste, caractérisée par de nombreux dépassements,… où s’affrontent des courants… Devant ces graves développements, j’ai longuement réfléchi à la situation de crise et aux solutions possibles. Conscient de mes responsabilités, en cette conjoncture historique que traverse notre pays, j’estime que la seule solution à la crise actuelle réside dans la nécessité de me retirer de la scène politique… Je renonce à compter de ce jour à mes fonctions de président de la République.” Chadli ne s’exprimera plus sur ce point et, comme il sied à un homme d’État, il garde le silence, refusant d’entrer en polémique sur les péripéties de son départ, et sa prétendue élimination. Neuf ans plus tard, il s’exprime pour la première fois, confirmant que nul ne l’a contraint à renoncer à sa charge, et rappelle qu’en toute conscience, il a estimé que son retrait volontaire pouvait ouvrir une solution à la crise. En privé, il soutient formellement n’avoir subi la pression de quiconque et que son honneur de soldat lui interdisait de se soumettre à une injonction venant de ses anciens subordonnés. Dans une déclaration publiée au Japon par deux chercheurs, Kisaishi Masatoshi et Watanabé Shoko en 2009, reprise par la presse nationale en octobre 2010, il s’insurge contre la thèse de la contrainte ou de la violence qui l’auraient obligé à abandonner sa charge :

    “Celui qui prétend qu’il y a eu un coup d’État se trompe, parce que j’ai démissionné
    de mon plein gré sans pression d’une quelconque partie.”

    Coup d’État ou mesure salvatrice ?

    Sans humour, certainement malvenu en cette période où le risque de dictature des “fous de Dieu” menace sérieusement les libertés républicaines, la question se pose. Les deux visions s’entrechoquent dans les consciences perturbées. Mais en principe, le détenteur du pouvoir victime du coup de force est délesté de ses biens, exilé ou emprisonné, s’il n’est tué. Le président Chadli, heureusement, ne subit aucun de ces malheurs. Ses biens sont préservés, sa résidence respectée. Il n’éprouve nullement la nécessité de quitter le pays. Davantage : lorsque, malade il se rend en Belgique pour se soigner, il n’exploite pas l’opportunité de son séjour à l’étranger, hors de portée de ceux qui l’auraient violenté, pour dénoncer cette violence, et retourne en toute quiétude dans son pays. Un rappel du 19 juin 1965 serait parfaitement significatif à ce propos. Lors de ce “vrai coup d’État”, cyniquement qualifié de “redressement révolutionnaire”, la victime, sans autre forme de procès, fut emprisonnée et mise au secret, pendant toute la vie du redresseur. Peut-on, par ailleurs, qualifier de coup d’État la proclamation du 14 janvier, lorsque le texte même limite le mandat de l’instance de transition à deux ans ? Il est peu d’exemples dans l’histoire où le dictateur fixe à l’avance la durée de son usurpation. Avec ce recul de près de trois décennies, on peut se demander si, loin de couvrir ou camoufler un “putsch”, la Proclamation du Haut conseil de sécurité n’a pas, en fait, permis d’éviter l’État intégriste, de sauvegarder la République et de préserver, quoi qu’on en pense, la démocratie.
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