Véritable phénomène dans l'univers de la course à pied, Fauja Singh s'apprête à prendre sa retraite. A 101 ans et 10 mois...Le 24 février à Hong Kong, Fauja Singh disputera le dernier marathon de sa carrière d'athlète. Dans le monde de la course à pied, il s'agit d'un évènement considérable. Non pas que ce Britannique d'origine indienne soit l'un des meilleurs performeurs mondiaux du moment. Son record personnel sur les 42,195 km (5h40'01") est même à des années lumières du record du monde de la distance, détenu en 2h03'38" par le Kényan Patrick Makau.Une vocation tardiveFauja Singh n'est pas non plus une gloire passée du marathon sur le point de prendre sa retraite. Il n'a même jamais remporté la moindre course dans sa carrière. Ce qui fait en réalité sa particularité, c'est son âge. A presque 102 ans (il les aura en avril prochain), Singh repousse les limites du corps humain, et celles de la course à pied.Né dans la province indienne du Penjab, où il exerça pendant de longues années l'activité de fermier, Singh s'est installé en Angleterre à l'âge de 81 ans. Ce membre de la communauté Sikh est ensuite confronté aux disparitions de sa femme et de l'un de ses enfants. De cette douleur intime naît une vocation tardive : Fauja Singh se lance à corps perdu dans la course de fond, à 88 ans.L'athlète ascèteLes résultats ne tardent pas à suivre. L'année suivante, il participe à son premier marathon, à Londres. Non seulement il le termine, mais il explose en plus le record du monde de sa catégorie d'âge (plus de 85 ans à l'époque). Les observateurs sont époustouflés par sa condition physique."Ma bonne santé est due aux faits que je m'entraîne chaque jour et que je suis un régime alimentaire approprié, explique l'ascète, cité par NBC. Je prends une double ration de bonheur, bien que mon régime soit très frugal. De nos jours, les gens préfèrent aller à la salle de sports, mais je pense que s'ils s'entraînaient régulièrement de leur côté, ils seraient forts mentalement et physiquement. Des exercices journaliers éloignent toutes les maladies."La chasse aux recordsEn suivant ces préceptes, Fauja Singh a mené une véritable carrière, à son échelle, dans l'athlétisme, à un âge où il est, habituellement, déjà difficile de marcher. Le 13 octobre 2011, alors âgé de 100 ans, il relève son plus grand défi en établissant les records du monde des plus de 100 ans sur huit distances différentes (du 100 m au 5 000 m) dans la même journée.La célébrité de celui que l'on surnomme la "Tornade en Turban" ne cesse de grandir, au Royaume-Uni et dans le monde entier. Et lui-même élargit sa palette d'athlète. A Toronto, toujours en 2011, il devient le premier centenaire à achever un marathon, et est accueilli sur la ligne d'arrivée par le maire de la ville, devant une foule considérable."Courir pour inspirer les masses"Cependant, même les plus belles histoires ont une fin. Fauja Singh a fini par être rattrapé par le poids des années (un comble pour lui !) et a décidé de lui-même de mettre un terme à treize ans de carrière, à l'occasion, donc, du prochain marathon de Hong Kong. Mais cela ne signifie par pour autant qu'il s'arrêtera de courir. "Courir, c'est ma vie, théorise-t-il. Je continuerai de courir pour inspirer les masses. Je continuerai de courir au moins quatre heures par jour après ma retraite."Il suffit de mesurer la distance entre le record du monde du 100m de Fauja Singh (23'42") et celui d'Usain Bolt sur la même distance (9'58") pour comprendre à quel point ils évoluent dans des univers différents. Pourtant, à sa manière, et sans se presser, finalement, l'Indo-Britannique lègue à l'histoire de l'athlétisme, et plus globalement à celle du sport, une contribution aussi fascinante que celle apportée par le Jamaïquain.