Issad Rebrab, PDG de Cevital, premier groupe privé d'Algérie, est prêt à mettre 100 millions d'euros pour reprendre le fabricant d'électroménager français FagorBrandt.


Issad Rebrab, le PDG de Cevital, premier groupe privé algérien aujourd'hui candidat à la reprise de FagorBrandt, est surtout très prudent. Il pèse ses mots, trop conscient qu'une phrase mal interprétée pourrait mettre en péril le rachat de l'entreprise française d'électroménager et anéantir ses rêves de conquête. La décision du tribunal de commerce de Nanterre sur la reprise de la société est attendue pour le 13 février. Et parmi les repreneurs potentiels, Issad Rebrab - première fortune privée d'Algérie - a fait l'offre la mieux-disante, proposant de reprendre 1 200 salariés sur les 1 800 que compte l'entreprise... L'intérêt de Rebrab pour la France ne date pas d'hier. Ce patriarche, père de cinq enfants, a créé l'entreprise Délice mondial en 1995, devenue numéro trois de la charcuterie halal en France. Il avait déjà tenté il y a quelques mois de mettre la main sur le volailler Doux - sans succès - pour renforcer ses positions de leader de l'agroalimentaire en Algérie, et repris Oxxo en mai 2013, fabricant de fenêtres en PVC situé en Saône-et-Loire. Le conglomérat de Rebrab est constamment à l'affût. "La crise en Europe est une opportunité unique telle qu'il ne s'en présente qu'une seule en un siècle. On peut y faire son marché et acquérir des usines pour une bouchée de pain, à l'image de ce que nous avons fait avec Oxxo", dit le patron de Cevital. L'homme d'affaires est intarissable sur les mérites du "gagnant-gagnant" de ses investissements hexagonaux."On sauve durablement des emplois en France et on en crée en Algérie. Notre objectif, c'est de relocaliser les sites chinois et polonais de FagorBrandt ici. Nous sommes plus compétitifs qu'eux." Rebrab, qui possède un pied-à-terre dans le 7e arrondissement de Paris, est un entrepreneur bien connu des responsables politiques français de tous bords, qu'il a rencontrés par l'intermédiaire du trader parisien Farid Belkacemi. Il connaît bien le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg - qui l'a sollicité sur le dossier Fagor après celui d'Oxxo sur ses terres de Saône-et-Loire -, ainsi que Stéphane Le Foll ou Yamina Benguigui et garde le contact avec l'Élysée. "C'est un homme transparent, sérieux et crédible, il n'a rien d'un Khalifa", affirme un ancien diplomate français à Alger, en faisant allusion au golden-boy algérien dont toute l'Algérie avait suivi l'ascension fulgurante au début des années 2000 avant qu'il ne chute pour faillite frauduleuse.
Issad Rebrab nous reçoit à Alger, le 30 janvier, dans son bureau de président perché au huitième étage. Devant lui, un immense drapeau algérien, derrière lui, une baie vitrée qui offre un beau point de vue sur les embouteillages d'Alger. En 2013, l'industriel a fait son entrée dans le classement Forbes des 50 Africains les plus riches. Il décroche même d'emblée la 8e place avec une fortune estimée à 3,2 milliards de dollars. Le magnat a bâti un empire. Son groupe Cevital - fort de 25 filiales - a enregistré un chiffre d'affaires de 2,6 milliards d'euros en 2013 et emploie 13 000 salariés dans le monde. Son spectre est large : il est présent dans la métallurgie, la distribution automobile (représentant exclusif du coréen Hyundai), le transport maritime, la téléphonie mobile, la banque (actionnaire de Rayan Bank), la grande distribution, l'électroménager (il fabrique des produits Samsung dans son usine de Sétif), la manufacture de verre plat et la production d'électricité. Il est même dans les médias à travers le quotidien Liberté.
Aucune limite

Mais Rebrab est avant tout un poids lourd de l'agroalimentaire. Il détient 65 % du marché national du sucre et 80 % du marché de l'huile de table, ce qui fait de lui le plus grand entrepreneur dans le secteur stratégique des produits de première nécessité. Outre la France, il multiplie les projets en Afrique (Djibouti, Soudan, Tanzanie, Mozambique...). Il entend s'y déployer rapidement pour assurer ses approvisionnements en matières premières, pour louer des terres agricoles et y écouler ses produits. Rebrab ne se fixe aucune limite. Une seule ambition : dépasser 25 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2025 !

L'ascension de ce natif de Tizi-Ouzou a été météorique."Je suis algérien d'abord et fier d'être kabyle", clame-t-il pour faire un sort au procès en régionalisme que lui font les élites dirigeantes. Issu d'une famille modeste, avec un père militant de l'indépendance, il suit des études à l'École normale d'enseignement professionnel. Il enseigne ensuite la comptabilité et le droit commercial, puis crée son cabinet d'expert-comptable à Sétif, en 1968. "Trois ans plus tard, un client m'a proposé de prendre des parts dans sa petite société de construction métallique", se rappelle-t-il. Le secteur privé est alors tout juste toléré. Il mise 27 000 dinars (environ 300 euros) et prend 20 % du capital de cette société de quatre employés. L'aventure peut commencer... Rebrab développe ensuite ses propres entreprises (grillage, tubes en acier, sidérurgie). Devenu un industriel de poids dans la métallurgie, il subit un coup d'arrêt en 1995. Trois de ses unités industrielles sont sabotées par des attentats."Cela nous a coûté environ 1,1 milliard de dinars", raconte-t-il. Echappant à un guet-apens, il quitte l'Algérie pour la France et s'y installe quelques mois. Rentré à Alger, il se lance dans ce secteur, en créant Cevital en 1998.

Article intégrale ici >>>>>>> Un tycoon algérien au secours de la France - Le Point


ps /
Les Français au début de la vente de FagordBrandt ont refusés catégoriquement l' offre de l'Algérien Cevital pour l'instant rien n 'est fait mais vendre aux Algériens dérange fortement les Français ....qu on se le dise !