Un deuxième cas d'infection au nouveau coronavirus (NCoV) a été détecté en France, où les autorités médicales, à la suite de l'Organisation mondiale de la Santé, confirment dimanche que le virus peut se transmettre de personne à personne. Le second patient, un homme d'une cinquantaine d'années, a partagé du 27 au 29 avril la chambre à l'hôpital de Valenciennes (Nord) du premier malade dont la pathologie respiratoire a été diagnostiquée par la suite et signalée mercredi dernier.
Cet homme de 65 ans, qui avait séjourné à Dubaï du 9 au 17 avril, est sous surveillance au centre hospitalier de Lille.
Le deuxième malade, isolé au service d'infectiologie du CHRU lillois, a été transféré dimanche à la mi-journée au service de réanimation en raison de l'aggravation de son état de santé.
"On l'a transféré dans le service de réanimation pour qu'en cas d'aggravation, il puisse bénéficier des techniques de suppléance respiratoire", a expliqué sur BFM TV Benoît Guery, chef du service d'infectiologie du CHRU.
Une enquête épidémiologique a été lancée auprès des 38 personnes qui ont pu entrer en contact avec ce patient dans la journée qui a précédé son placement en isolement, le 9 mai, a précisé la ministre de la Santé, Marisol Touraine, lors d'une conférence de presse.
Parmi elles, les membres de sa famille très proche auxquels les médecins ont recommandé un maintien temporaire à domicile.
Pour le professeur Guery, ce nouveau développement accrédite l'hypothèse avancée dimanche par l'OMS d'une transmission interhumaine du NCoV - un virus proche du Sras (syndrome respiratoire aigu sévère) qui avait fait plusieurs centaines de morts en Chine en 2003 - dont la source et le mode de transmission restent à établir formellement.
"Là, je crois qu'on a une démonstration qu'effectivement la transmission d'homme à homme est tout à fait possible", a-t-il dit.
Benoît Guery a toutefois souligné que le degré de transmission du virus identifié pour la première fois en Jordanie en avril 2012 restait faible.
UN VIRUS QUI SEMBLE AISÉ À CONTENIR
Trente quatre cas d'infection respiratoire aiguë liée au nouveau coronavirus ont été signalés à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis septembre 2012. Dix-huit décès ont été recensés dans le monde (Arabie saoudite, Jordanie, Royaume-Uni, Allemagne) depuis avril 2012. Les autorités saoudiennes ont annoncé dimanche deux nouveaux décès.
La plupart des personnes atteintes sont originaires ou avaient séjourné dans la péninsule arabique ou dans des pays limitrophes.
Les symptômes du coronavirus sont fièvre, toux, essoufflement et difficultés respiratoires. Il n'existe pas de thérapeutique spécifique à ce jour. Ce sont des adultes, souffrant de maladies associées, qui sont pour l'heure touchés.
La transmission par voie respiratoire, "sur une distance assez rapprochée", semble prédominante, a dit Arnaud Fontanet, qui dirige l'unité d'épidémiologie des maladies émergentes à l'Institut Pasteur.
De ce fait, "il est possible de contenir la propagation du virus. C'est extrêmement important", a-t-il déclaré lors de la conférence de presse aux côtés de Marisol Touraine.
"Il ne faut toujours pas être inquiet", a affirmé Benoît Guery, qui rappelle les mesures de précaution d'usage : bonne hygiène des mains et protection respiratoire (masque).
Deux autres enquêtes épidémiologiques ont été lancées en France : la première, sur les 124 personnes ayant fréquenté le premier malade, est en passe d'être achevée. Elle a permis d'identifier le cas du second patient.
La deuxième porte sur les 39 "covoyageurs" de l'homme qui a séjourné à Dubaï dont l'état de santé n'inspire plus d'inquiétude compte tenu de la date de leur retour en France, a expliqué Françoise Weber, directrice générale de l'Institut de veille sanitaire (InVS), durant la conférence de presse.
Les investigations visent à "comprendre le facteur d'exposition" pour le premier malade, s'il a pu "être en contact avec un animal, un oiseau, un mammifère, une chauve-souris dont on sait qu'ils sont porteurs de ce virus", a-t-elle dit.