Pour faire payer les géants du Web qui échappent en partie à l'impôt en France, le gouvernement pourrait instaurer un dispositif insolite : une taxe sur les données personnelles.

Noms, prénoms, adresses électroniques mais aussi goûts musicaux ou habitudes d'achats... Nous confions des tas de renseignements personnels aux sites Internet qui en font leurs choux gras. Aussi, pourquoi ne pas taxer ces données qui ont une vraie valeur économique comme on taxe les émissions de CO² avec la taxe carbone ? Voilà l'idée qui a germé dans la tête de deux économistes, partageant par ailleurs le même patronyme, l'inspecteur des finances Nicolas Colin et le conseiller d'Etat Pierre Collin.

Cette suggestion insolite faite au gouvernement dans un rapport rendu en fin de semaine dernière n'est pas innocente. Il s'agit d'essayer de récupérer les économies d'impôts faites par les Google, Apple, Amazon et autre Facebook qui sont domiciliés en Irlande plutôt qu'en France pour bénéficier d'un meilleur régime fiscal mais ce que l'Etat considère comme un manque à gagner. Ce que l'on ne peut pas réclamer d'un côté à ces entreprises, pourquoi ne pas essayer de leur prendre de l'autre ?

On a coutume de dire : "Si un service est gratuit sur Internet c'est que vous êtes le produit". Une manière de souligner la valeur économique de ces fameuses données personnelles.

Preuve que cette taxe serait taillée sur mesure pour les géants du Web, celle-ci ne s'appliquerait qu'aux acteurs qui collectent des données "auprès d'un grand nombre d'utilisateurs en France". Cela dit, la taxe pourrait aussi concerner d'autres acteurs comme les grands sites de e-commerce ou les banques en ligne qui font également grand usage de bases de données. En tout cas, l'internaute lambda, à défaut de savoir ce que l'on fait de ses fameuses données personnelles, aurait donc une valeur unitaire virtuelle qui servirait de base au calcul de cette taxe. Reste à savoir si cette nouvelle taxe franco-française n'aura pas un effet d'épouvantail pour les firmes étrangères concernées.

D'autres pistes seraient également à l'étude pour tenter de faire payer les fleurons du Web comme une taxe au clic ou une taxe sur la bande passante.

Avant toute soumission au Parlement, c'est le tout nouveau Conseil National du Numérique, récemment remis en selle par le gouvernement, qui va devoir examiner ces propositions.