Pour ou contre la peine de mort ?
SOIT DIT EN PASSANT
15 Août 2016

Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine


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Il est des jours comme ça où lorsqu’une frange, non négligeable,
de l’opinion se montre intraitable à l’égard de pédophiles et autres
bourreaux d’enfants, rares sont ceux qui estimeront indispensable
de remettre en cause cette propension à crier vengeance à chaque
fois que l’émotion prend le pas sur la raison. A croire que la barbarie,
qu’ils ont côtoyée pendant plus d’une décennie, les a immunisés
contre la violence. La facilité avec laquelle beaucoup d’entre nous
osent se prononcer en faveur de la peine de mort est déconcertante
à plus d’un titre. La triste affaire de l’enlèvement puis de l’assassinat
de la petite Nihal a suscité un pétage de plombs quasi général, sur
les réseaux sociaux. C’est à l’ombre de pareilles tragédies que se
construisent des positions et que s’instruisent de terribles procès en
faveur de mises à mort.
Allez savoir pourquoi me reviennent en mémoire
ces journées accablantes où nous enterrions nos amis égorgés ou
exécutés à bout portant sous le regard de leurs femme et enfants ? il s’en
trouvait toujours qui pour se rassurer sur leur propre sort justifiaient
systématiquement chacun des meurtres.Je me souviens de ce temps
maudit où l’opinion conquise par ce qu’elle qualifiait d’action héroïque
applaudissait à chacun des crimes commis contre l’intelligence. C’était au
temps où l’on se gardait bien de parler d’acte terroriste. Et voilà
qu’aujourd’hui, des condamnations qui trouvent toujours une justification
quand elles doivent conduire à l’irréparable reviennent en force. Comme
si la vie d’un individu fut-il la plus abjecte des créatures n’avait pas plus
de valeur que cela. Comme si elle ne pesait plus rien. Comme si la mort
faisait ami-ami avec une société civile pourtant bien éprouvée par tout ce
qu’elle a eu à vivre durant l’innommable décennie noire.
Régulièrement les
gens s’interrogent et régulièrement ils s’affichent soit pour, soit contre. Ce
n’est pas tant le fait que l’actualité nous interpelle sur la question qui m’inquiète
mais bien parce que bientôt, au rythme où vont les choses, on ne trouvera
plus personne pour défendre les droits humains au sens le plus large du terme.


M. B.