La peine de mort au menu !
SOIT DIT EN PASSANT
14 Août 2016

Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine


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Il est des jours comme ça où, lorsqu’une fillette de 4 ans est enlevée
puisretrouvée morte deux semaines après, personne ne s’étonne que le
triste évènement déchaîne autant les passions. La Toile, solidaire du
désarroi puis de la douleur des parents, crie sa colère et en appelle dans
sa majorité à une mise à mort publique du ou des coupables. Et tandis
que les uns interpellent la raison, les autres déclarent ne plus supporter
que les auteurs de kidnappings, d’abus sexuels et autres crimes perpétrés
contre un monde fait d’innocence, ne reçoivent pas le châtiment qu’ils méritent.
Chacun fera part de la sanction qu’il juge la mieux appropriée pour rendre justice
aux parents endeuillés. Parmi ceux qui refusent de céder à la fureur lorsqu’elle
se veut aveuglément assassine, il y en a qui m’ont écrit. Voici un exemple très
nerveux de ce qui m’a été adressé m’accusant presque de travailler à un
embrasement généralisé.«Face à cette hystérie qui est en train d’amplifier en
faveur de la peine de mort, on ne vous entend pas. Y a-t-il quelqu’un pour
expliquer que la peine de mort n’a jamais et ne sera nullement dissuasive quel
que soit le crime commis ? Les opinions publiques étant toujours avides de sang, aujourd’hui la demandent pour les ‘‘tueurs d’enfants’’ et demain pour quel autre
délit vont-ils l’exiger ? Les USA en sont l'exemple. La peine de mort existe mais
les crimes de sang sont toujours en augmentation. Et que fait-on en cas d'erreur
judiciaire ?» ,Dans ce court message, presque toutes les questions sont abordées
par une personne qui n’est pas seule à dire ses craintes face à une volonté
fermement revendiquée de répondre à une violence par une autre violence!
Personne ne dit si l’enfant a été abusée sexuellement. Chez nous ce sont des
choses que l’on répugne à évoquer publiquement. Tout ce qui tourne autour du
sexe est tabou.Il l’est davantage lorsque l’abus est commis sur le corps d’une petite
fille.Et quand le comble de l’horreur est atteint et que celui-ci est décapité, les
délibérations autour de l’épineuse question que pose la peine de mort se font
plus brutales. Il faut en reparler !

M. B.