SOIT DIT EN PASSANT
04 Avril 2016
De la délinquance au djihad
malika boussouf
journaliste, écrivaine
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Par Malika Boussouf
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Il est des jours comme ça où il m’est impossible de détourner les yeux de cette Europe
prise en étau entre courses-poursuites et arrestations. Une Europe empêtrée dans
un terrorisme qui fait chanter les innocents pour galvaniser leur courage et anéantir
la peur. Pour avoir eu largement le temps d’intégrer les visions cauchemardesques
et les conséquences de la tragédie à notre quotidien, nous regardons la France et
la Belgique vivre au rythme des explosions. Et comme nous ne sommes pas
immunisés contre la mort, nous nous demandons si l’Algérie, qui échappe, pour l’instant,
aux calculs meurtriers de Daech, occupé, comme il est, à vouloir mater l’Occident,
ne risque pas, un jour, de replonger dans l’horreur. Au-delà de ces jeunes qui ont tout
à fait le droit de satisfaire leurs propres envies de réussir différemment, d’embrasser
autrement la vie active en allant chercher fortune ailleurs, il y en a qui pensent faire œuvre
utile en allant prêter main-forte à un mouvement terroriste aux visées hégémonistes.
Mais qui sont donc ces jeunes qui ne se sentent bien ni dans le pays qui les a vu naître ni
en harmonie avec celui de leurs parents ? Seraient-ils à ce point en panne d’idéal
pour aller grossir les rangs d’organisations barbares ou en mal de sensations fortes, fascinés
par ce qu’ils pensent être une aventure plus valorisante ?
Aveugles et sourds au danger ? Suicidaires et en rupture avec le monde dans lequel ils évoluent
et qui ne répond pas à leurs attentes ? Autour de Daech, composé d’un noyau dur d’idéologues,
se greffent, régulièrement, des convertis de la dernière heure et une multitude de paumés
en quête de modèles identificatoires.Mais il y a aussi ces jeunes, qui optent un jour, de façon
inattendue, pour le crime. Ils sont si gentils que l’on ignore tout des monstres qu’ils vont devenir.
De jeunes innocents qui se réveillent un matin avec une furieuse envie de tuer et de sacrifier
leur propre vie, ça existe ? La perspective de mourir offrirait plus de frissons à des milliers
d’individus gagnés à la cause de tueurs dont ils pensent qu’ils œuvrent à faire triompher
le bien sur une terre abîmée.
M. B.