Laissez-moi choisir vos dessous !
SOIT DIT EN PASSANT
22 Février 2016
Laissez-moi choisir vos dessous !
Malika Boussouf
Journaliste, écrivaine
Pièce jointe 21735
Par Malika Boussouf
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Il est des jours comme ça où je me demande s’il ne faudrait pas
interdire la vente de dessous féminins à ces hommes drapés
dans des tenues d’un autre âge, et qui n’en prétendent pas moins
vous orienter, si tel est votre besoin, sur la meilleure façon
de les porter. Les hommes ignorent tout des échanges qui
s’opèrent à l’abri des regards indiscrets, à l’exception
de ceux qui s’aventurent dans les boutiques en question en vue
d’offrir un cadeau à la femme de leurs rêves. Dans ce cas-là,
les conseils sont les bienvenus même s’ils sont débités
par des «barbes rousses» gras et bedonnants. il y a aussi ceux
qui écarquillent des yeux amusés, lorsque leur épouse ou
petite amie raconte sa virée dans cet espace où le temps
s’arrête au profit d’un baratin tout à fait bien huilé pour
la vente. Et puis je me dis que non, qu’il ne faut rien
interdire du tout parce que travailler dans la lingerie fine
a toutes les chances d’adoucir leur mode de pensée et
d’approche à l’égard du sexe opposé quand cela ne les fait
pas basculer de l’autre côté de la barrière. C’est là que
le kamis et la barbe au nombril ne servent plus qu’à donner
le change aux promoteurs de la lapidation et autres coupeurs
de têtes. Bon, j’admets volontiers que les choses ne sont pas
aussi légères et roses que cela, mais je trouve la situation
tellement cocasse que je n’hésite pas à pousser le bouchon
quand je me retrouve dans une situation similaire. J’aime bien,
si je suis d’humeur légère, en discuter avec mon vendeur,
un œil rivé sur ce sourire en coin de pervers.
J’en rajoute une couche quand je le sens hésitant, histoire de
le faire sortir de sa tanière. Je n’ai aucun mal à lui faire
dire ce que je veux et à la première perche tendue, il se
lâche totalement. Je n’oublie pas, dans l’affaire, que ses dents,
rougies au siwak, sont rompues à la tâche qui consiste à vous
convaincre qu’elles en savent beaucoup plus que vous n’imaginez
sur ce que vous avez envie de porter et à quelle occasion
vous devriez vous parer de tel ou tel dessous. Le comble de
l’hallucination, je l’atteins au moment où il me suggère que
le bon goût, je l’ai tout juste en face des yeux.
M. B.
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