VIDEO. La thrombectomie, une nouvelle chance pour les victimes d’AVC
Créé le 28/10/2013 à 16h34 -- Mis à jour le 29/10/2013 à 17h25
Une IRM au nouvel hôpital européen de Marseille, le 26 août 2013. P. MAGNIEN / 20 MINUTES
SANTÉ – A l’occasion de la Journée mondiale de l’accident vasculaire cérébral (AVC) ce mardi, «20 Minutes» vous présente la thrombectomie, une nouvelle technique pas encore généralisée mais qui donne des résultats satisfaisants…
Un mardi d’octobre à l’hôpital Bichat, dans le 18e à Paris. Il est 15h. Un homme de 49 ans vient d’être confié au service neurologie du CHU. Un examen a été interrompu pour permettre à ce patient de passer le plus rapidement possible une IRM du cerveau. Selon les pompiers qui l’ont accompagné, il souffre de troubles de la parole et la partie droite de son corps est paralysée. Il a tenté d’appeler son médecin traitant toute la matinée. En vain. Lorsqu’il est pris en charge, il ne présente aucun des symptômes de l’AVC (accident vasculaire cérébral).
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Mais devant l’hôpital Beaujon (Hauts-de-Seine), la partie droite de son visage se fige et le patient a de nouveaux des troubles de l’élocution. Il est 14h20. Aussitôt, le service de régulation du Samu oriente les pompiers vers Bichat et son unité spécialisée dans le traitement de l’AVC. Le compte à rebours a commencé. Dans quelques heures, il sera trop tard.
«Deux millions de neurones perdus par minute»
«Chaque minute qui passe, c’est deux millions de neurones de perdus», explique le professeur Mikael Mazighi. Sur son écran, des images du cerveau du patient s’affichent. Dans l’hémisphère gauche, une petite tache blanche indique qu’une partie de l’encéphale n’est plus irriguée. Une artère est bouchée par un caillot. «En cas d’AVC, le traitement de référence, c’est la thrombolyse», explique le spécialiste. Une technique qui consiste à désagréger le caillot avec des médicaments, mais qu’il faut administrer dans les quatre heures et trente minutes suivant les premiers symptômes. «Sauf qu’ici, à Bichat, nous sommes un CHU, nous faisons de la recherche. Et ce patient est éligible à la thrombectomie.»
Un traitement innovant, dont le protocole est encore en cours d’évaluation, mais qui offre une fenêtre thérapeutique de six heures. Le praticien est donc surveillé par un comité d’éthique. Cent trente-sept thrombectomies ont déjà été effectuées à l’hôpital Bichat depuis janvier.
Vidéo : Tout comprendre sur la thrombectomie en 100 secondes
Il est 16h30. Le patient a été placé sous anesthésie locale. Le professeur est en salle de vascularisation. Il introduit son cathéter par l’artère fémorale. Face à lui, trois écrans lui montrent sa progression dans le dédale du système artériel.
A 16h40, le cathéter est dans la carotide.
A 16h45, il a atteint le cerveau.
A 16h49, il est arrivé sur le site de l’occlusion.La réduction du caillot, la partie la plus délicate de l’opération, va commencer. «Il a été très vite», commente Christiane Gohin, cadre référent à l’hôpital Bichat, qui surveille l’opération en remplissant une grille d’observation pour «optimiser le travail des professions paramédicales» qui assistent le médecin.
A 17h10, le professeur a déployé une première fois le stent et ramené un petit bout du caillot, de la taille d’une crotte de nez. Il ne lui reste plus que deux passages pour retirer complètement le caillot de l’artère de 4 mm de large. Un quatrième passage pourrait endommager l’artère et provoquer une hémorragie cérébrale. Après son deuxième passage, à 17h18, un peu de sang commence à passer.
A 17h28, le caillot est retiré.
A 17h40, le cerveau est irrigué.
Et le patient, qui était paralysé, bouge son bras droit. Un bon signe. Mais pour l’homme de 49 ans, le plus dur commence: kinés, orthophonistes, rééducation… Dans l’immédiat, il va passer un scanner. Puis, un autre dans 24 heures. Les infirmiers le conduisent en soins intensifs de neurologie. Il va y passer 48 heures minimum. Toutes les 30 minutes, une personne va vérifier qu’il récupère correctement. Le Pr Mazighi, lui, n’a pas le temps de souffler: une interne l’attend pour discuter d’un dossier.
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