Les 374 tonnes d'or de la Bundesbank encore stockées en France depuis la guerre froide pour des raisons de sécurité seront intégralement transférées à Francfort d'ici 2020. Un rapatriement officiellement justifié par l'absence de possibilité de change.


La Bundesbank a justifié le rapatriement intégral de l'or stocké auprès de la Banque de France (374 tonnes ou 11% du total des réserves allemandes) par l'absence de possibilité de change.
REUTERS
Symboliquement, l'annonce ne tombe pas forcément bien à quelques jours des célébrations des 50 ans du Traité de coopération et d'amitié franco-allemand. La Banque centrale allemande a en effet officialisé mercredi son intention de rapatrier par étapes d'ici 2020 toutes ses réserves d'or à Paris et une partie de celles entreposées à New York. Mais ce retrait ne traduirait en fait "aucun problème diplomatique", a-t-elle affirmé.
La Bundesbank a justifié le rapatriement intégral de l'or stocké auprès de la Banque de France (374 tonnes ou 11% du total des réserves allemandes) par l'absence de possibilité de change, la France et l'Allemagne ayant une monnaie commune depuis l'introduction de l'euro. "La Banque de France reste un important partenaire, que nous remercions d'avoir gardé notre or et qui a toute notre confiance", a toutefois assuré Carl-Ludwig Thiele, membre du directoire de la Bundesbank lors d'une conférence de presse à Francfort.
L'an dernier sur fond de crise en zone euro la question des réserves d'or allemandes à l'étranger avait agité certains milieux eurosceptiques allemands, qui avaient réclamé un audit minutieux de l'or de la Bundesbank, voire son retour intégral au pays. La Cour des comptes allemande avait également recommandé de procéder à l'inventaire physique des stocks. Toutefois "l'intégrité, la réputation et la sécurité" des entrepôts à l'étranger n'ont jamais fait de doute, selon la Bundesbank.
Une spécificité allemandeLes réserves d'or nationales à l'étranger sont une "spécificité historique allemande" qui remonte au contexte politique de la Guerre froide, a expliqué M. Thiele. "Pour des raisons de sécurité la République fédérale d'Allemagne (RFA) avait décidé à partir des années 1950 de stocker le plus possible de ses réserves d'or à l'Ouest" chez ses alliés, a-t-il rappelé. Ainsi avant la Réunification allemande en 1990, 98% de l'or de l'Allemagne de l'Ouest était stocké à New York, Londres et Paris, a-t-il précisé.
Fin 2012 les réserves d'or de l'Allemagne totalisaient 3.391 tonnes, et constituaient près de 80% des réserves de change du pays. Il s'agit des deuxièmes plus importantes réserves d'or au monde après les Etats-Unis et devant le Fonds monétaire international (FMI). D'ici 2020 la part des réserves d'or allemandes stockées auprès de la Réserve Réserve fédérale américaine (Fed) à New York va elle être réduite à 37%, contre 45% actuellement, soit 300 tonnes d'or de moins.
L'or rapatrié de France et des Etats-Unis va être transféré dans des coffres à Francfort, où la Bundesbank a son siège. Aucun détail n'a été donné sur la façon dont ces transferts "sous haute sécurité" allaient se dérouler. La part de l'or stocké en Allemagne va ainsi progressivement monter jusqu'à 50% en 2020, contre 31% aujourd'hui.
En revanche la part des réserves d'or allemandes stockées auprès de la Banque d'Angleterre à Londres, centre névralgique mondial des échanges du métal jaune, va rester inchangée, à 13%, a précisé la Bundesbank. Mais l'Allemagne a déjà rapatrié quelque 900 tonnes d'or de Londres depuis 2000, a rappelé M. Thiele.