Le bilan des activités de la productrice Carole Bienaimé-Besse étant contesté, son audition, prévue mercredi, a été annulée en catastrophe et reportée.

Patatras. Le Sénat tenait sa candidate au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), dont il doit nommer un nouveau membre pour lundi 23 janvier en remplacement de Nicolas About, ancien président du groupe centriste de la Haute Assemblée, arrivé en fin de mandat. L’audition de la productrice Carole Bienaimé-Besse, suivie d’un vote, était programmée pour mercredi 18 janvier. Mais celle-ci a été annulée en catastrophe la veille au soir. « C’est un peu inhabituel, euphémise-t-on dans l’entourage de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication. Mais les sénateurs écoutent et lisent, et ils ont décidé de se donner le temps nécessaire pour un débat informé et apaisé. »

Car depuis le 13 janvier, date de désignation de Mme Bienaimé-Besse par le président de la seconde chambre, Gérard Larcher, le petit monde de la production est en ébullition. Agée de 43 ans, la vice-présidente de l’Association pour la promotion de l’audiovisuel – un syndicat présidé par Jean-François Boyer qui organise chaque année un événement en partenariat avec le Sénat – affiche pourtant un parcours bien rempli dans les arcanes de l’audiovisuel : ancienne vice-présidente du syndicat USPA, ancienne membre de commission au CNC et à la Procirep (Société des producteurs de cinéma et de télévision), actuelle membre du comité Droits des femmes du CSA…

Une « cabale, pilotée par un petit groupe de producteur »

Mais le bilan de ses activités de production est plus disputé. Certains lui reprochent de peu produire. Pire, son ancienne société April Snow Films & Capital a été condamnée à deux reprises par la justice, comme l’a écrit Le Canard enchaîné dans son édition du 18 janvier, pour des impayés et chèques sans provision. Interrogée, Mme Bienaimé-Besse répond que dans un cas, les chèques n’étaient pas intentionnellement en bois, mais que sa société a fait faillite après une importante baisse d’activité. Et que dans l’autre, elle a eu un différend avec un réalisateur qui a été finalement licencié pour faute et a perçu une somme plus importante qu’indiqué.

Cela fait néanmoins désordre aux yeux des sénateurs, dont beaucoup ont découvert ces éléments mardi. « C’est une vraie difficulté, commentait-on dans l’entourage de la commission. Il nous faut examiner les faits. » La présidence du Sénat peut maintenir cette candidature ou en proposer une autre – il est pour le moment question d’un simple « report ». De son côté, le CSA peut juridiquement fonctionner avec un membre en moins, le temps que l’affaire soit réglée.

Combative, Mme Bienaimé-Besse attend son audition et se dit victime d’une « cabale, pilotée par un petit groupe de producteurs qui ne souhaitent pas voir un producteur indépendant accéder au CSA ». La commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale a, quant à elle, validé, mercredi, la nomination de Jean-François Mary, conseiller d’Etat et candidat du président Claude Bartolone.