Mis à jour le 08.01.13 à 19h20
La présidente du Front national, Marine Le Pen, dénonce «l'ingérence» étrangère - occidentale, qatarie ou saoudienne - dans le conflit syrien, dans un entretien diffusé lundi par la chaîne syrienne pro-Assad «Sama TV». Interrogée par un journaliste indépendant dans son bureau au siège du Front national à Nanterre, Mme Le Pen livre sa vision du printemps arabe et du conflit syrien.

«Nous avions prévu que ces révolutions qui étaient au départ des révolutions sociales allaient être récupérées par les fondamentalistes islamiques et qu'au printemps arabe succéderait l'hiver islamiste», explique la leader frontiste. «Et je crois que ce risque s'est aussi réalisé à cause de l'aveuglement des pays occidentaux», ajoute-elle.

Contre l'«ingérence» étrangère

Sur la Syrie, la patronne du FN réaffirme sa position contre l'«ingérence» étrangère. «Nous nous battons en France pour la souveraineté du peuple français mais nous défendons également la liberté, la souveraineté et l'identité de tous les peuples du monde dont nous pensons qu'ils doivent garder la maîtrise de leur destin», fait-elle valoir en dénonçant le rôle des puissances occidentales dans le conflit syrien comme dans le conflit libyen.

«J'ai pensé, dès le départ que c'était par la diplomatie que l'on pouvait tenter de trouver la voie du dialogue mais cela n'a pas été le cas. Les puissances occidentales ont fait la même chose qu'en Libye mais de manière secrète. La réalité, c'est que nous avons contribué à conseiller les rebelles syriens qui eux-mêmes ont été pris en main par les islamistes, que nous nous sommes servis de nos alliés qataris et saoudiens pour les armer et qu'aujourd'hui on est face à une guerre civile dont évidemment les populations sont les premières victimes», résume-t-elle.

Les chaînes libanaises ont refusé l'entretien

Cet entretien devait à l'origine être repris par des chaînes libanaises, qui l'ont refusé. Il a été finalement diffusé lundi sur la chaîne «Sama TV» du groupe Ad Dounia (pro-gouvernemental), a expliqué à l'AFP le Front national

«Marine Le Pen savait dès le départ que cet entretien pouvait être diffusé sur une chaîne favorable au régime du président Assad. Elle ne l'a d'ailleurs pas critiqué contrairement aux rebelles. Je crois qu'elle voulait ainsi casser l'embargo médiatique sur la Syrie», a expliqué à l'AFP l'auteur de l'interview, Nader Allouche. La chaîne, quant à elle, s'est félicitée dans un communiqué qu'une personnalité politique occidentale ait accepté pour la première fois de parler à un média syrien.

Avec AFP