Une ministre suédoise a pris position sur le cas de Raif Badawi dénonçant les méthodes de la justice saoudienne de «moyenâgeuses». Des propos que l’Arabie saoudite a vivement critiqué.


Elle se nomme Margot Wallström. Elle est ministre des Affaires étrangères de la Suède, membre du Parti social-démocrate. Cette femme âgée de 60 ans est réputée pour sa pugnacité et ses principes. Ses combats : la démocratie et les droits de l’Homme. Elle l’a prouvé en provoquant un incident diplomatique. Elle a dénoncé début mars les «méthodes moyenâgeuses» de la justice saoudienne contre le blogueur Raif Badawi, condamné en novembre dernier pour «insulte envers l’islam» et flagellé le 9 janvier à 50 reprises. Immédiatement, l’Arabie saoudite a répliqué. Margot Wallström n’a pas pu prononcer de discours lors d’une réunion de la Ligue arabe au Caire. Alors mardi soir, la Suède n’a pas renouvelé son accord de coopération militaire signé avec la couronne saoudienne en 2005.
Au nom de ses principes sur les droits de l'Homme, le gouvernement de gauche suédois a annoncé mardi soir qu'il ne renouvellerait pas cet accord de coopération signé en 2005 avec l'Arabie saoudite, qui avait permis à l'époque au Suédois Saab de vendre des radars à Ryad, partenaire stratégique des Occidentaux pour stabiliser le Moyen-Orient. Il est difficile néanmoins d'imaginer que la Suède soit suivie par d'autres partenaires occidentaux de l'Arabie saoudite, vue comme un régime fiable dans une région troublée.Comme pour montrer qu’elle était en accord avec tous ses propos, quelques minutes seulement après l’annonce de la Suède de l’arrêt de la coopération militaire, la ministre a tweeté : «Fière d’être claire sur la démocratie et les droits de l’Homme».


L’incident diplomatique est consommé. La réponse saoudienne ne s’est pas faite attendre. L’Arabie saoudite a rappelé son ambassadeur à Stockholm. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères à Ryad, cité par l’agence officielle SPA, a déclaré que «les déclarations de Mme Margot Wallström constituent une ingérence flagrante dans les affaires intérieures du royaume saoudien». Il a ajouté que «les propos de Mme Wallström sont préjudiciables au royaume et ne sont tolérés ni par les conventions internationales, ni pas les coutumes diplomatiques, et ne s’accordent pas avec l’esprit des relations amicales entre États».Tout ça pourquoi ? Essentiellement, pour un homme Raif Badawi. Ce blogueur saoudien, condamné à 10 ans de prison et à 1000 coups de fouet par la cour d’appel de Jeddah en novembre 2014, a été flagellé pour la première fois le 9 janvier dernier après la prière hebdomadaire. Depuis plus rien. Une attente interminable pour sa femme, Ensaf Haidar et ses proches. Récemment, des juges ont révélé qu’ils souhaitaient un nouveau procès pour apostasie. Si c’est le cas Raif risquerait cette fois-ci la décapitation.

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