Quiconque regarde des films pornographiques en ligne est repéré, rapporte un article de Vice Magazine publié en ligne sur un des sites de Vice, Mother Board. Son historique pourrait d'ailleurs être aisément révélé ainsi que le détail de chaque vidéo visionnée.

Brett Thomas, développeur de logiciels, dans un article paru sur son blog en février prévenait que «si vous regardez du porno en ligne en 2015, même en navigation privée, vous devriez vous attendre à ce qu’un jour votre historique de navigation soit révélé au public», relate Vice qui a mené l’enquête.

Même s'ils ne sont pas tous d'accord avec les conclusions de Brett Thomas, «chacun des chercheurs et experts en sécurité de l'Internet interviewés (par Vice) s'accordent à dire que les habitudes de navigation des amateurs de pornographie ne sont pas aussi secrètes qu’ils le pensent».

La plupart des sites Internet utilisent en effet des outils de suivi et envoient les données qu'ils collectent à des organismes tiers: Google, ou AddThis par exemple. De plus, en cliquant sur une vidéo X, un internaute envoie des données qui peuvent être utilisées pour identifier son ordinateur, comme son adresse IP, résume Vice.

«Tout ceci associé à un risque toujours accru de hacking signifie, d'après Brett Thomas, qu’un catalogue complet de vos habitudes de consommation en matière de pornographie est constamment sur le point d’être dévoilé au public.»

Le magazine remarque que les cinq sites pornographiques parmi les plus visités, XVideos, XHamster, Pornhub, XXNX, et Redtube par exemple utilisent des outils de suivi et transmettent des données à un nombre significatif de sociétés, notamment Google, Tumblr, Pornvertising ou DoublePimp. «La plupart des sites pornographiques rendent explicite la nature exacte du film regardé dans son URL», ajoute Vice.

Si certains sites pornographiques affirment ne pas archiver de données sur leurs visiteurs (XVideos par exemple assure ne pas enregistrer les adresses IP ou activités de ses utilisateurs non-inscrits), ils transmettent tout de même ces données ainsi que les URL des vidéos que leurs visiteurs ont visionnées à d’autres entreprises.

Rien d’étonnant. Sur Internet «où que vous alliez, vous êtes surveillés», souligne Vice. Mais, concernant la pornographie, le tracking pourrait avoir des conséquences néfastes, «au-delà de la potentielle humiliation pour le spectateur».

«Il existe encore de nombreux endroits au monde où les individus se font persécuter pour leur orientation sexuelle. Révéler que quelqu’un a regardé une série de vidéos porno gay dans un pays oppressif pourrait mettre en danger cette personne.»

Aux Etats-Unis, 30 millions d’individus regarderaient régulièrement des films pornographiques en ligne, selon le Wall Street Journal, même si seulement 12% des Américains admettent le faire. En comparaison, 26% des Français admettent avoir visionné un film pornographique au cours des trois derniers mois, d’après un sondage Ifop réalisé en 2014.