NEWTOWN, Connecticut (Reuters) - Au lendemain de la tuerie dans une école primaire du Connecticut, fatale à 20 enfants et six adultes, l'effroi et l'incompréhension persistent aux Etats-Unis où le débat sur le port d'armes a été relancé tandis que les enquêteurs tentent d'établir les motivations du tueur.
Adam Lanza, 20 ans, a fait irruption et ouvert le feu vendredi matin à l'intérieur de deux classes de l'école Sandy Hook de Newtown, une bourgade aisée de 27.000 habitants à 130 km au nord-est de New York, où sont scolarisés des enfants de cinq à dix ans. Il s'est ensuite suicidé.
Il avait auparavant tué une femme non loin de l'école -selon des médias américains, il s'agit de sa mère, Nancy Lanza, une passionnée d'armes à feu qui possédait en toute légalité des pistolets Sig Sauer et Glock, deux modèles utilisés par la police, et une carabine Bushmaster .223 M4.
Le lieutenant Paul Vance, de la police du Connecticut, a simplement confirmé samedi lors d'une conférence de presse que la femme tuée était une "parente" du tireur et que les enquêteurs avaient rassemblé de "très bons éléments" susceptibles d'aider à établir les motivations du tueur.
Adam Lanza aurait utilisé plusieurs des armes de sa mère pour commettre son massacre.
"Elle disait qu'elle allait souvent au stand de tir avec ses enfants", raconte un habitant de la ville, Dan Holmes, à qui Nancy Lanza, très fière de sa collection, avait un jour montré une de ses armes.
Les enquêteurs ont travaillé toute la nuit de vendredi à samedi dans l'espoir de recueillir de nouveaux éléments sur la fusillade. Samedi matin, les corps des victimes ont été retirés de l'école et conduits à un centre de médecine légale.
UN PUISSANT LOBBY PRO-ARMES
Cette nouvelle tuerie remet sous pression Barack Obama et le Parti démocrate, que les partisans d'un contrôle accru sur les armes à feu exhortent à sortir de leur prudence face au puissant lobbying de la National Rifle Association (NRA).
Emu aux larmes, Barack Obama est intervenu à la télévision vendredi pour affirmer que les Américains avaient "le coeur brisé". Il a promis "une action significative pour éviter de nouvelles tragédies comme celle-ci, sans nous soucier de politique".
Une heure après son intervention, deux cents personnes se sont rassemblées devant la Maison blanche pour demander des lois plus restrictives sur la détention d'armes.
Mais samedi, lors de son allocution hebdomadaire à la nation, le président s'est une fois encore gardé d'appeler spécifiquement à un durcissement de la législation sur la détention et le port d'armes.
Le maire de New York, Michael Bloomberg, a appelé le président à proposer au Congrès un texte en ce sens. "Le président Obama a, à juste titre, adressé ses sincères condoléances aux familles de Newtown. Mais ce que le pays attend de lui, c'est qu'il envoie un projet de loi au Congrès pour régler ce problème", a dit Bloomberg, qui co-préside l'Association des maires contre les armes illégales.
Vendredi soir, la population de Newtown s'est rassemblée dans les églises et les temples de la ville pour pleurer les victimes.
"UN JEUNE HOMME TIMIDE"
"Nous prions Dieu pour qu'une telle chose ne se reproduise pas, où que ce soit", déclarait Amelia Adams, 76 ans, qui se pressait avec son mari Kenneth, 81 ans, sur le chemin de l'église catholique Sainte Rose de Lima, déjà remplie d'un millier de personnes et trop petite pour accueillir tous les fidèles.
"Le Mal a visité aujourd'hui notre communauté", a déclaré vendredi soir le gouverneur du Connecticut, Dannel Malloy.
Une cellule de soutien psychologique a été mise en place à Newtown par le Yale-New Haven Hospital. Samedi en milieu de matinée, une cinquantaine de voitures étaient garées devant ce centre et des pancartes invitaient la presse à s'éloigner.
Selon la police, la fusillade de vendredi matin, au début des cours, s'est produite dans deux salles de classe où se trouvaient des enfants de six ans. Des témoins ont entendu des dizaines de coups de feu, certains parlent d'une centaine de détonations.
Le tueur est présenté par d'anciens camarades de classe comme un jeune homme timide et très intelligent, qui avait lui-même été scolarisé à Sandy Hook.
Selon l'un d'eux, Tim Arnone, ses parents, en particulier sa mère, étaient très soucieux de sa réussite scolaire. "Sa mère le poussait vraiment fort à être plus intelligent et à travailler plus dur à l'école", se rappelle-t-il.
Nancy Lanza et son mari Peter Lanza ont divorcé en 2008, selon les documents officiels.
Les condoléances ont afflué du monde entier -même d'Iran, où le ministère des Affaires étrangères s'est ému de cette "tragédie".
Le secrétaire d'Etat du Vatican, le cardinal Tarcisio Bertone, a fait part aux autorités américaines de la peine du pape Benoît XVI et la chancelière allemande Angela Merkel a dit sa profonde tristesse "devant un acte aussi incompréhensible".