Nasser al-Khelaïfi fait sa rentrée avec deux entretiens dans la presse parisienne. Avec tact, le boss du PSG maintient la pression sur Leonardo et Ancelotti.

Quasiment muet fin 2012, époque où il s’était seulement étonné de l’emploi du mot crise pour qualifier les mauvais résultats du PSG, le président du club de la capitale Nasser al-Khelaïfi a fait sa rentrée médiatique cette semaine à Doha, pendant le stage hivernal de l’équipe. Les entretiens qu’il a accordés sur place à L’Equipe et au Parisien sont publiés simultanément ce vendredi. Ils reprennent, là où le président les avait laissés, les dossiers de fond liés à la construction du club parisien : vue à long terme, confirmation du lancement prochain d’un méga-partenariat. De façon assez instructive, il slalome aussi entre les questions sur le mercato futur (Ronaldo, Mourinho…) et l’organigramme actuel (Ancelotti, Leonardo), laissant les portes grandes ouvertes à tous les scénarios.
LE PASSAGE CLEF DES ENTRETIENS
C’est au cœur de l’entretien de L’Equipe que se lisent les phrases les plus instructives du jour, quand Nasser Al-Khelaïfi est interrogé sur la confiance qu’il accorde à Leonardo et Carlo Ancelotti. "Carlo reste l’un des meilleurs entraîneurs du monde, y exprime Al-Khelaïfi, dans un extrait reproduit depuis jeudi sur le site du journal. Aujourd’hui, il accomplit du très bon travail, comme Leonardo. J’ai d’excellentes relations avec eux et les relations sont excellentes entre eux. Peut-être, d’ailleurs, que ça suscite des jalousies dans ce milieu. Leo et Carlo font du bon boulot, même s’ils commettent parfois des erreurs, ce qui est humain."

Entre "bon boulot" et "erreurs" (on ne sait pas lesquelles précisément), la dialectique est tendue. L’absence de confiance aveugle se confirme lorsque Jérôme Touboul demande si les deux hommes sont certains de conserver leur poste si le PSG devient champion de France en mai 2013. Nasser al-Khelaïfi commence par répondre à côté en confirmant qu’il s’agit de l’objectif du club... Puis il répète qu’il a confiance en ses deux hommes pour "atteindre cet objectif cette année", mais en aucun cas ne répond à la question dans un sens affirmatif.
Dans Le Parisien, on trouve aussi ce commentaire qui est tout sauf un blanc-seing pour le coach italien : "Depuis son arrivée au club, il y a un an, Carlo a fait un très bon travail au PSG. Je le considère comme l’un des meilleurs entraîneurs du monde. Mais son métier est très particulier. Un entraîneur dépend des résultats de son équipe. C’est ainsi et je ne peux rien y faire." La question était : "Avez-vous pensé à vous en séparer après la défaite à Nice, début décembre?" Là encore, Nasser al-Khelaïfi se garde bien de répondre à la question, et encore davantage de nier l’hypothèse que lui suggère le journaliste Ronan Folgoas.
CE QU'IL N'AVAIT JAMAIS DIT

Dans L’Equipe, Nasser al-Khelaïfi confirme pour la première fois qu’un méga-accord de partenariat est en phase de finalisation avec la Qatar Tourism Authority, susceptible de lui garantir 150 millions d’euros par an dans son budget, un chiffre astronomique, sans précédent dans le monde du football. Bien sûr, il ne confirme aucun chiffre mais le patron parisien donne un élément de calendrier en parlant de février et justifie les raisons d’un tel investissement. "C’est un symbole fort : le Qatar tire beaucoup de bénéfices dans ses investissements dans le PSG. Ils vont se poursuivre. C’est nécessaire si on veut entrer dans la cour des grands d’Europe. Dans le cas contraire, notre dimension resterait ce qu’elle est aujourd’hui." Pour la première fois aussi, on sent poindre la crainte d’une censure de ce projet par l’UEFA au titre du dopage financier : "Les autres clubs ont bien le droit d’investir depuis vingt ans. Nous cela ne fait qu’un an et demi et il faudrait qu’on arrête aujourd’hui ? Ce serait très injuste." C’est aussi en février que le PSG choisira le lieu d’implantation de son futur club.