L’accord autour du dossier du nucléaire iranien a été formellement conclu, hier à Vienne, entre l’Iran et les grandes puissances. L’annonce a d’abord été faite à la mi-journée par la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, sur son compte twitter. Salué par le gros de la communauté internationale, l’accord en question doit mettre fin à douze ans de tensions entre l’Occident et l’Iran. «Nous avons l’accord», a déclaré Mme Mogherini, soulignant que les négociations étaient «achevées».L’entente a été arrachée à l’issue de deux ans de tractations, dont le dernier round s’est tenu sans interruption à Vienne ces 18 derniers jours, un final d’une longueur sans précédent depuis les accords de Dayton, qui ont mis fin à la guerre de Bosnie-Herzégovine en 1995. Les pourparlers entre l’Iran et le groupe 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) ont été prolongés à plusieurs reprises en raison de blocages résolus in extremis.Les discussions se sont éternisées en raison notamment de désaccords sur la durée de l’accord, le rythme de la levée des sanctions ou l’accès aux sites militaires iraniens. Les négociations ont également buté sur la levée des restrictions sur le programme balistique et le commerce des armes, réclamée par Téhéran avec le soutien de Moscou.Riyad et Tel-Aviv mécontentsLes Occidentaux jugent cette demande délicate en raison de l’implication iranienne dans plusieurs conflits, en particulier en Syrie et en Irak. Les voisins de l’Iran, notamment Israël et les puissances sunnites, comme l’Arabie Saoudite, s’opposent d’ailleurs à un accord qui ouvre la voie à une normalisation pour Téhéran sur la scène internationale.Même en cas d’amélioration de dernière minute, l’accord sera «mauvais», a redit lundi le ministre israélien de la Défense, Moshe Yaalon, évoquant le risque d’une «course aux armements nucléaires» dans la région.
Quoi qu’il en soit, l’accord final met en musique de grands principes actés à Lausanne en avril : Téhéran s’engage à réduire ses capacités nucléaires (centrifugeuses, stock d’uranium enrichi...) pendant plusieurs années et à laisser les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) procéder à des inspections plus poussées.Le président iranien, Hassan Rohani, avait salué l’annonce de l’accord. «Il montre que l’investissement constructif fonctionne. Avec la résolution de cette crise inutile, de nouveaux horizons se dégagent avec des défis communs pour objectif», a déclaré Hassan Rohani sur Twitter. «Grâce à Dieu les négociations nucléaires se sont achevées avec succès», a ajouté Hamid Baeidinejad, l’un des principaux négociateurs iraniens. «L’accord est conclu», a également indiqué plus tôt dans la matinée une source diplomatique.Poursuite du programmeLe texte, qui autorise l’Iran à poursuivre son programme nucléaire civil, ouvre la voie à une normalisation des relations économiques et diplomatiques de Téhéran avec la communauté internationale. La perspective hérisse Israël et les puissances régionales sunnites au Moyen-Orient. L’accord, s’il est confirmé, se sera fait attendre : il était initialement prévu pour le 30 juin, mais cette date a été repoussée à plusieurs reprises en raison de l’importance des enjeux. L’Iran est soupçonné d’avoir mis en œuvre, jusqu’en 2003 et peut-être au-delà, un programme nucléaire militaire sous couvert d’activités civiles, ce qu’il a toujours nié. Depuis une dizaine d’années, les Etats-Unis, l’Union européenne et l’ONU imposent des sanctions à la République islamique pour la forcer à négocier.Les pourparlers n’ont vraiment commencé qu’en 2013 après l’élection du président Hassan Rohani sur la promesse d’une levée des sanctions. En avril, à Lausanne, les négociateurs ont obtenu à l’arraché un accord-cadre qui a fixé les grands principes du texte final. L’Iran a notamment accepté de réduire le nombre de ses centrifugeuses et son stock d’uranium enrichi, ce qui doit rendre quasi impossible la fabrication rapide d’une bombe atomique.