Jang Song Thaek, oncle du dirigeant Kim Jong-un, était devenu persona non grata en
Corée du Nord depuis le 7 décembre. L'homme, considéré jusqu'alors comme la deuxième personnalité la plus puissante du régime dynastique au pouvoir à Pyongyang, avait été déchu de tous ses titres et relevé de ses fonctions. Il a finalement été exécuté jeudi pour haute-trahison, après avoir été jugé par un tribunal militaire spécial.
Pendant son procès, Jang a reconnu qu'il avait tenté de fomenter un coup d'Etat en mobilisant ses complices à l'armée, selon l'agence de presse nord-coréenne (KCNA), qui a publié une photo de l'accusé, courbé et menotté, entre deux gardes.
Un encombrant mentor
Après la mort de Kim Jong-il, en décembre 2011, Jang a joué un rôle de premier plan dans la transmission du pouvoir à Kim Jong-un, le jeune fils du "cher dirigeant". Mais il semble que Kim ait décidé de s'émanciper de son encombrant mentor.
"On peut penser que Kim Jong-Un se sentait menacé par Jang Song-Thaek car (l'oncle), partie prenante dans quasiment tous les aspects politiques et militaires du pays, représentait une autre source de pouvoir, et donc une menace", déclare Abraham Denmark, expert au Bureau national de la recherche asiatique, un centre d'études basé aux Etats-Unis.
"L'autre interprétation, c'est que (Jong-Un) n'avait plus besoin de lui et ne voulait pas voir son pouvoir dilué. Mais on ne peut faire que des suppositions, étant donné la nature du régime", ajoute-t-il.
Washington et Séoul inquiets
Washington a indiqué ne pas pouvoir confirmer l'exécution de Jang "de manière indépendante". "Mais nous n'avons aucune raison de douter de l'information de KCNA", a déclaré la porte-parole adjointe du Département d'Etat, Marie Harf. "Si c'est confirmé, nous avons un autre exemple de la brutalité extrême de ce régime. Nous suivons de près les développements en Corée du Nord et consultons nos alliés et partenaires dans la région".
A Séoul, le gouvernement sud-coréen a exprimé sa "profonde inquiétude à propos de (ces) développements récents". Le pays sera pleinement préparé à "toutes les possibilités dans l'avenir", tout en travaillant étroitement avec ses alliés, a ajouté le ministère de l'Unification, en charge des relations entre les deux Corées.
Un pays mystérieux
La Corée du Nord intrigue, autant qu'elle effraie. Elle est l'un des pays les plus fermés et les plus isolés du monde : le tourisme se fait au compte-goutte, l'accès à internet est ultra-limité et surveillé. Même l'âge exact du dirigeant est inconnu. Retour en images sur les zones d'ombre de ce pays qui, même s'il tend à s'ouvrir, reste très mystérieux...