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La Libye se réveille avec deux premiers ministres
Le Monde.fr | 04.05.2014 à 16h44 • Mis à jour le 05.05.2014 à 10h49

Un journaliste regarde en live l'élection du nouveau chef du gouvernement libyen à Tripoli.
Devant le poste de télévision d'un hôtel de Tripoli, Ahmed suit avec consternation le « théâtre » qui se joue autour de l'élection du futur premier ministre libyen au sein du Parlement. L'élection, dans la plus grande confusion, dimanche 4 mai au Congrès national général (CNG), d'Ahmed Miitig comme nouveau chef du gouvernement, a été invalidée dans la soirée par le premier vice-président du Parlement, qui a confirmé le maintien à son poste du premier ministre démissionnaire, Abdallah Al-Thenni.
Le ballet des hommes politiques libyens qui se succèdent à la télévision ne fait que confirmer le sentiment d'Ahmed, un homme d'affaires de 30 ans, originaire de Misrata :« Pour moi, le CNG est caduque depuis quatre-vingt-six jours. A la fin de son mandat, le 7 février, conformément à la déclaration constitutionnelle transitoire, on aurait dû voter pour un autre Parlement, et donc un autre gouvernement. C'est le courant de l'islampolitique qui veut fairedurer ce Parlement car il sait que le peuple ne veut plus de lui et qu'il perdra aux prochaines élections. » VOTE LAISSÉ OUVERT POUR LES RETARDATAIRES
Dans l'après-midi, Ahmed Miitig, homme d'affaires de 42 ans, avait prêté serment devant le CNG pour mener le prochain gouvernement et la difficile transition politique du pays. Après un premier vote lors duquel il est arrivé en tête devant l'universitaire Omar Al-Hassi, par 73 voix contre 44, soit bien loin des 120 voix requises, un vote de confiance à main levée a été organisé en sa faveur.
En dépit de l'annonce par le premier vice-président du CNG, Ezzedine Muhammad Yunus Al-Awami, de la clôture du vote, au cours duquel Ahmed Miitig n'a obtenu que 113 voix, le deuxième vice-président a accédé à la demande de députés delaisser le scrutin ouvert pour les retardataires. Une heure plus tard, la victoire – par 121 voix – du candidat Miitig était annoncée à télévision et l'homme prêtait serment dans la foulée. Une victoire aussitôt contestée par certains députés, jugeant illégal le nouveau décompte.
« La séance a déjà été levée. Ce qui se passe est illégal », a déploré Omar Hmidan, le porte-parole du Congrès. « J'ai voté pour Ahmed Miitig, mais il n'a pas réuni les 120 votes requis. Ils ont permis à des députés qui étaient absents pendant la séance de voter ensuite pour atteindre la majorité requise, alors que le vote était clôturé. Ce n'est pas légal. Nous allons exercer un recours », a déclaré la députée indépendante Fatima Al-Majbari, ancienne membre de l'Alliance des forces nationales (libéral).
Le chef du bloc parlementaire de la libre opinion, Sharif Al-Wafi, dont les 36 membres ont voté blanc lors du premier vote et n'ont ensuite pas accordé leur confiance au candidat Miitig, s'est érigé en leader de la contestation. « Le vote de confiance aurait dû être secret. Les députés islamistes, nombreux au sein du Parlement, ont imposé un vote à main levée. C'est une manière d'exercer des pressions sur les députés ou de les empêcher d'exprimer leur opinion. C'est inconstitutionnel et très dangereux pour la démocratie. Aujourd'hui, ils ont pris lepouvoir par la force. »
Le député a appelé au maintien du premier ministre démissionnaire, Abdallah Al-Thenni, à la tête du gouvernement. Il menace, avec son groupe, de bloquer tout accord sur le budget 2014, toujours suspendu à un vote du Parlement en cas de prise de mandat de M. Miitig.Sharif Al-Wafi pourrait avoir obtenu gain de cause.
Dans la soirée, l'élection a été invalidée par le premier vice-président du CNG, qui a acté la défaite du candidat Miitig avec seulement 113 voix, et indiqué qu'Abdallah Al-Thenni conservait son poste jusqu'au prochain vote du Parlement. Prenant acte de la décision, le porte-parole du premier ministre démissionnaire a confirmé que ce dernier, en respect de la loi, continuait d'assumerses fonctions.
BRAS DE FER
De son côté, le Parti de la justice et de la reconstruction (PNR – bras politique de la confrérie des Frères musulmans libyens) a estimé valide l'élection d'Ahmed Miitig, candidat qu'il soutient. Ce dernier, qui a annulé le discours au peuple qu'il devait donner dans la soirée, ne s'est toujours pas exprimé depuis la prise de serment. L'issue du bras de fer qui s'est engagé entre les deux camps demeure incertaine.
Ce bras de fer n'est qu'un ultime rebondissement dans la bataille qui se joue au sein du Parlement entre les forces islamistes et libérales autour de la figure du premier ministre. Le 11 mars, les islamistes avaient obtenu, par une motion de défiance, le départ du premier ministre, Ali Zeidan, considéré proche des libéraux. Le ministre de la défense, Abdallah Thenni, nommé premier ministre par intérim, avait, lui, jeté l'éponge seulement deux semaines après, arguant de menaces et d'attaques contre sa famille, après avoir échoué à obtenir des pouvoirs élargis pour son gouvernement.
« IL EST DE TEMPS DE RASSEMBLER LES GENS »
Ahmed Miitig, un homme d'affaires de 42 ans néophyte en politique, a notamment réussi à s'imposer lors de ce scrutin grâce au soutien des forces islamistes. Bien qu'ayant également fédéré autour de sa candidature des députés de l'Alliance des Forces nationales (libérale) et des membres du Front du salut libyen, ainsi que des députés indépendants, il est vu par beaucoup comme leur candidat. Le Parti de la justice et de la reconstruction avait appelé ses 34 députés à voter Miitig.
« On choisit un candidat qui mènera les six derniers mois de transition. Ahmed Miitig a la capacité de mener cette transition à bien : il vient de Misrata, il a été révolutionnaire, il a l'éducation et l'expérience, une capacité à communiquer et son programme est clair. Il a été le meilleur lors de la présentation des programmes et surtout le seul à parler de la Libye en 2014-2015 et non de la Libye de l'an 3000 », confiait avant le vote Nizar Kawan, le chef du groupe parlementaire du PJR.
Le bloc Al-Wafa, qui avait soutenu son concurrent Omar Al-Hassi lors des précédents scrutins, a également donné sa confiance à Ahmed Miitig lors de l'ultime vote. « Il est jeune, représente la jeunesse. C'est un homme d'affaires, ce qui est bien car on a besoin de relancer l'économie pour rétablir la sécurité. Ce n'est pas le candidat d'un parti ou d'un courant politique mais il est très soutenu par le PJR et par l'Alliance des forces nationales », a commenté Abdelfattah Al-Habib du bloc Al-Wafa, qui compte parmi ses membres des figures djihadistes du Groupe islamique combattant en Libye (GICL).
De son côté, Ahmed Miitig se pose en rassembleur. « La vie politique s'est polarisée et chacun défend désormais ses intérêts. Il est temps de rassembler les gens, avait-il déclaré au Monde à la veille du scrutin. Il y a de nombreuses choses autour desquelles les Libyens peuvent s'unir : le développement économique, l'amélioration des infrastructures, la sécurité. Il faut rétablir la confiance avec le peuple. Les Libyens veulent quelqu'un qui soit à leur écoute, qui s'assoie à leur table. » Sa carrière dans les affaires est vue comme un point fort de sa candidature pour de nombreux Libyens, qui réclament un redressement rapide de l'économie et le retour de la sécurité. Un impératif nécessaire, des combats meurtriers entre une milice et les autorités, quelques jours plus tôt à Benghazi, ayant rappelé l'instabilité dans la région.
Né en 1972 dans la ville portuaire de Misrata, fer de lance économique du pays, il a grandi à Tripoli au sein d'une famille bien implantée dans le monde des affaires. Après avoir étudié l'économie et le droit international à Parme en Italie puis à Londres, il est rentré en Libye pour gérer l'entreprise familiale, à cheval sur les secteurs de la distribution, de l'hôtellerie et des infrastructures notamment. Actif au sein de la Coalition révolutionnaire du 17 février de Tripoli pendant le soulèvement libyen, qui a commencé en février 2011 et a abouti à la chute de Mouammar Kadhafi en octobre 2011, on lui prête également un bon ancrage au sein des milices, notamment celles de Misrata et de Tripoli, devenues des acteurs incontournables de la transition.
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Re : La Libye se réveille avec deux premiers ministres
et c'est reparti pour un autre tour,en ce moment le pays est pris en otage par des chefs guerriers semblable a ceux de l'afghanistan.
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