Début mouvementé du procès de la tentative d'assassinat de Karim Achoui
Créé le 17/09/2013 à 18h34 -- Mis à jour le 17/09/2013 à 18h43
Karim Achoui, le 17 septembre 2013 à son arrivée à la cour d'assises de Paris. MARTIN BUREAU / AFP
JUSTICE - L’ex-avocat ne s’est pas présenté à l’audience de l’après-midi...
Le procès de la tentative d'assassinat de l'ex-avocat Karim Achoui en 2007 s'est ouvert mardi devant la cour d'assises de Paris dans la confusion, avec une bouderie de la victime, l'annonce de révélations d'un accusé et le malaise d'un autre. Le 22 juin peu avant 22h, Karim Achoui, avocat pénaliste médiatique qui s'est fait une réputation en défendant des figures du milieu, est atteint par deux balles de gros calibre alors qu'il vient de quitter son cabinet du boulevard Raspail (Paris VIIe).
Dans le box des accusés figure le tireur présumé, Ruddy Terranova, petit, cheveux courts et large barbe. A ses côtés ont pris place le pilote présumé d'une moto sur laquelle deux hommes avaient pris la fuite, Mamadou Ba, grand de taille et portant des lunettes, et Djamel Hakkar, crâne rasé, visage émacié, vêtu d'un blouson noir, qui, selon l'accusation, aurait commandité l'action depuis sa cellule.
Sont également renvoyés trois hommes présentés comme des intermédiaires de l'opération : Jacques Haddad, figure du grand banditisme, Brahim Bordji et Nordine Kherbache qui comparaissent libres.Aucun des six hommes n'a reconnu les faits et l'instruction n'a pas permis de déterminer leur mobile.
Karim Achoui serein à son arrivée au palais
A son arrivée au palais, Karim Achoui, pull à col roulé et costume bleus, s'était dit «serein», tout en ironisant sur le sort que la justice lui a réservé jusqu'ici.L'ex-avocat a été accusé d'avoir favorisé l'évasion d'un de ses clients, le braqueur Antonio Ferrara, avant d'être finalement mis hors de cause. Il a aussi été condamné pour «complicité de faux» et radié du barreau pour des manquements répétés à la déontologie.
Pour Karim Achoui, l'enquête judiciaire est loin d'avoir répondu aux questions posées.
«On a essayé de démontrer que cette affaire est un fait divers lié à un client mécontent mais on n'en a pas trouvé trace. Ce dont je suis certain, c'est que Ruddy Terranova est l'homme que j'ai reconnu. Son conducteur, je veux bien, parce qu'il était venu à mon cabinet quelques jours avant. Pour les quatre autres, j'apprendrai à les découvrir lors de ce procès», a-t-il glissé.
File d'attente
L'avocat général, Bruno Sturlese, a surpris en annonçant avoir reçu un courrier de Mamadou Ba promettant des révélations en échange d'un statut de repenti et d'une protection pour lui et sa famille.Expliquant ne pas pouvoir passer ce type de contrat, le représentant du ministère public a invité l'accusé à se demander s'il souhaitait ou non dire la vérité. «On verra lors des débats», a lâché Mamadou Ba.
Après l'exposé dans la matinée des faits reprochés aux accusés, la cour a entamé l'examen de leur personnalité. Premier sur la sellette, Mamadou Ba, 31 ans, français d'origine sénégalaise, décrit son parcours, celui d'un jeune de banlieue issu d'une famille nombreuse : un père, ses deux épouses et leurs 12 enfants. Sa dérive après sa rencontre en prison à 20 ans pour un vol de vêtement avec un repris de justice chevronné. Le jeune homme a déjà été condamné 19 fois et passé dix années en prison.
L'ex-avocat n'a pas regagné l'audience
La présidente Xavière Simeoni s'étonne alors de l'absence de Karim Achoui qui n'a pas regagné l'audience à la reprise des débats. Selon plusieurs témoins, l'ex-avocat a refusé de passer sous le portique de sécurité, expliquant à la presse «ne pas se sentir traité dans ce procès comme une partie civile».
A l'audience, l'un de ses quatre avocats, Me Christian Saint-Palais, a expliqué que son client ne refusait pas les contrôles mais souhaitait ne pas patienter dans la file d'attente aux côtés des trois accusés qui comparaissent libres.Selon un de ses avocats, une solution a finalement été trouvée et Karim Achoui devrait donc retrouver mercredi son siège de partie civile.La première journée d'audience a été également perturbée par Djamel Hakkar qui a demandé à quitter l'audience en évoquant une occlusion intestinale. La présidente a alors suspendu les débats pour laisser procéder à son examen médical.
Avec AFP
Plus d'informations sur ce sujet en vidéo
Début mouvementé du procès de la tentative d'assassinat de Karim Achoui - 20minutes.fr
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Procès Achoui: le policier nie, l'indic s'énerve

Stéphane Lapeyre s'est défendu bec et ongles d'avoir tenu un rôle dans le guet-apens visant l'ex-avocat.
Un cuisinier célèbre réussissait jadis à lier ses sauces à l'eau claire, et son restaurant ne désemplissait pas. Les avocats deKarim Achoui, partie civile au procès des six hommes accusés d'avoir tenté de l'assassiner en juin 2007, tentent de transposer l'exploit, mais aux assises, pour faire tenir son dossier, mieux vaut y incorporer un peu de beurre judiciaire. Là, il n'y en a guère, et leur tambouille manque de relief.
Le commissaire Stéphane Lapeyre est à la barre des témoins. À sa gauche, M. Achoui considère qu'il a provoqué, sinon commandité, l'attentat. À sa droite, dans le box, le tireur présumé, Ruddy Terranova, la barbe tremblante, est très énervé que tout le monde le considère comme un «indic» du témoin à l'époque des faits. Cette condition d'informateur de police dûment immatriculé constitue une aubaine pour la partie civile: un lien entre un fonctionnaire et un voyou donne, potentiellement, quelque substance à la thèse du complot. Pour l'intéressé, elle vaut pratiquement condamnation à mort, d'autant que les affaires dans lesquelles il a «balancé» sont désormais connues.
Le commissaire, méthodiquement, démolit l'idée d'une machination policière. Pour lui, la vérité est «moins romanesque, moins cinématographique». «Je suis convaincu, martèle-t-il, que Karim Achoui, que je ne connaissais pas et dont je ne nie pas la qualité de victime, connaît les vrais commanditaires.» Pour lui, qui a gagné plusieurs procès en diffamation contre M. Achoui, il s'agit d'une «histoire entre voyous», la victime ayant été visée pour des raisons indicibles.
«S'il fallait tuer les excellents avocats, la liste serait longue», ironise-t-il en réponse au scénario proposé par M. Achoui - pour faire simple, il gênait tellement la police par ses exploits qu'il était devenu la robe à abattre. Le commissaire aux états de service irréprochables insiste: «Quel aurait été mon mobile? Je ne me vois pas commanditer un assassinat avec mon portable administratif»...
Car il est établi que, pendant les quelques mois durant lesquels M. Terranova renseignait son service, à cheval entre 2006 et 2007, quelque 354 contacts téléphoniques ont eu lieu entre les deux hommes. Fin 2007, lassé par cet «indic» incontrôlable, il l'avait radié de la liste et inscrit sur celle des informateurs à ne plus jamais employer. M. Terranova, en effet, aurait, notamment, informé des membres du milieu des surveillances dont ils faisaient l'objet...
«Je suis convaincu que Karim Achoui connaît les vrais commanditaires»
Le commissaire Stéphane Lapeyre
Les conseils de la partie civile montent au front. Me Édouard Martial, puis Me Christian Saint-Palais se démènent pour monter une mayonnaise sans œufs et sans huile. Ces professionnels aguerris et talentueux, qui savent ce que secret professionnel veut dire, demandent cent fois au témoin de révéler le nom de la «source anonyme» qui, en décembre 2007, lui a révélé que le tireur pourrait être M. Terranova, en échange de l'apurement d'une dette de 50.000 € contractée auprès de Djamel Hakkar, également assis dans le box. Le témoin, évidemment, refuse ; les avocats, aussi naturels que des vedettes d'«Au théâtre ce soir», s'en offusquent.
M. Terranova, qui n'en peut plus d'être traité d'indic, trépigne dans le box ; ses avocats, au désespoir, tentent de le calmer ; Me Chiche, l'amphigourique mousquetaire de la partie civile, entraîne la cour en terra incognita ; les jurés ne notent plus rien depuis longtemps. Sur ce, Karim Achoui - qui, selon le planning, aura la parole demain après-midi et lundi matin - entend interroger lui-même le commissaire. La présidente Siméoni suggère qu'il charge plutôt l'un de ses quatre avocats (elle insiste bien sur leur nombre extravagant) de le faire. M. Achoui regimbe, mais reste maître de lui. Ce n'est pas aujourd'hui qu'il gagnera une
étoile
La rédaction vous conseille :
Procès Achoui: le policier nie, l'indic s'énerve