Mis à jour le 08.01.13 à 20h12
Le Conseil supérieur de l'Education (CSE), instance consultative, a rejeté mardi le projet de décret sur les rythmes scolaires, qui doit rétablir la semaine de 4,5 jours à la rentrée 2013, sauf dérogations, certains jugeant que le texte va trop loin, d'autres pas assez. Ce texte, qui prévoit le rajout du mercredi matin en primaire en septembre 2013 (dérogations possibles pour le samedi et pour un report à 2014) a recueilli 5 voix pour, 30 abstentions, 23 votes contre et 14 refus de votes, a précisé le ministère à l'AFP, sans détailler ces votes.

Le gouvernement, qui se prévaut d'un dialogue renoué avec l'école, n'est pas tenu par l'avis de cette instance, qui réunit notamment syndicats d'enseignants, fédérations de parents d'élèves et collectivités locales. Le décret entrera en vigueur à sa publication au Journal officiel. Il demande aux communes de se déterminer avant le 1er mars pour une mise en oeuvre à la rentrée 2013 ou 2014.

Le texte a reçu uniquement l'approbation de l'Association des maires de France (AMF), de l'Assemblée des départements de France (ADF), de la Ligue de l'enseignement et de Jeunesse au plein air (JPA).

«Le projet de décret a été désavoué par la communauté éducative»

Mais le projet de décret, qui doit concrétiser une promesse emblématique de François Hollande, n'a recueilli aucune voix des syndicats d'enseignants, ni des fédérations de parents d'élèves, qui se sont tantôt abstenues (Sgen-CFDT, Fep-CFDT, FCPE, Unapel, SNDPEN-Unsa), ont voté contre (FSU, SUD, CGT, Snalc, FO, Peep) ou ont refusé de voter (SIEN et SE-Unsa). D'autres organisations ont fait de même.

«Il y a des gens qui ont refusé de voter» parce qu'ils voulaient aller plus loin, «demandaient davantage d'informations» ou « voulaient des choses différentes, ce qui nous laisse penser qu'on n'est pas très loin d'un point d'équilibre qui a vocation a être trouvé dans les jours qui viennent», a-t-on analysé au ministère. «Le projet de décret a été désavoué par la communauté éducative», a déclaré à l'AFP Sébastien Sihr, du SNUipp-FSU, principal syndicat des enseignants du primaire. Il n'est pas opposé à une réforme des rythmes, mais juge le projet en l'état «incomplet, bricolé et insatisfaisant», avec des journées de classe peu raccourcies.

«Je suis plus que dubitatif sur la mise en oeuvre sur le terrain. On renvoie aux collectivités locales pour la prise en charge des nouveaux temps, sans aucune garantie d'un périscolaire gratuit de qualité pour tous», a-t-il estimé.

Étaler les heures de cours

Le SNUipp-FSU et le SE-Unsa, demandent au ministre de revoir son projet. La CGT Education parle aussi de «désaveu». «C'est un texte incomplet, qui ne fixe absolument pas les règles», a déploré sur France Culture Myriam Menès, de la Peep.

La FCPE salue «la volonté du ministère» de «mettre fin à la semaine de quatre jours décriée par tous», mais réclame une durée maximale de la journée de classe à 5 heures contre 5 heures 30 prévues. FO refuse une «territorisalisation de l'école» avec le rôle conféré aux communes, et appelle les personnels à manifester.

A l'inverse, l'AMF, qui représente les communes chargées des futures activités périscolaires, culturelles ou sportives, a voté pour, car «l'échec scolaire coûte beaucoup trop cher à la société», a expliqué son vice-président Pierre-Alain Roiron.

La réforme prévoit d'étaler davantage les 24 heures de cours hebdomadaires pour favoriser les apprentissages. Le ministre de l'Education Vincent Peillon s'exprimera jeudi sur cette réforme, lors de la visite d'une école à Brest. L'UMP a regretté «une réforme a minima» des rythmes, jugeant que le ministre «n'a pas le courage» de rogner sur les vacances scolaires. Le précédent gouvernement avait organisé une grande conférence sur les rythmes, sans les modifier.

Avec AFP