Dans la nuit du 2 au 3 août, un militaire tunisien a été tué dans une attaque contre une caserne de l'ouest de la Tunisie, à une trentaine de kilomètres de la frontière algérienne. Depuis des mois, cette zone frontalière est le théâtre de violences.

Les militaires algériens participent-ils à des opérations de traque des terroristes au-delà de la frontière algéro-tunisienne ? "Affirmatif !" répond un officier supérieur de l'armée algérienne. Selon lui, l'intervention militaire algérienne en territoire tunisien est légale. Elle répond aux clauses d'un accord secret de coopération portant sur la sécurisation de la frontière entre la Tunisie et l'Algérie, conclu le 27 mai 2014 – une copie est enregistrée aux Nations unies.Cet accord a été signé à l'occasion de la réunion de la commission mixte de haut niveau chargée des questions frontalières. "L'accord, qui porte sur quatre axes, prévoit l'échange de renseignements et la coordination des opérations destinées à sécuriser la frontière entre les deux pays."
"Le but est d'assurer le succès de la coopération entre les organismes spécialisés respectifs", explique la même source. Secret, cet accord l'est à plus d'un titre puisque, officiellement, l'Algérie a toujours nié que son armée intervenait au-delà de ses frontières. Il a fallu attendre la publication par le ministère de la Défense tunisien des dispositions de cette convention pour confirmer cette alliance militaire.
Les unités opérationnelles ont été déployées
Après la signature de l'accord, le ministre de la Défense tunisien, Ghazi Jéribi, s'est entretenu avec le secrétaire général du ministère de la Défense algérien, le général Mohamed Zenakhri, sur les moyens d'application de cette intervention militaire commune sur le territoire tunisien. En application de cet accord, le commandant des Groupements des gardes-frontières (GGF), le colonel Mohamed Berkani, a effectué, le 15 juillet, une visite d'inspection à la frontière Est, qui a concerné les trois wilayas frontalières avec la Tunisie (El-Tarf, Souk Ahras et Tébessa).
Des réunions avec les chefs des opérations, des unités territoriales, des GGF, des postes avancés et des unités d'intervention ont été tenus durant cette mission, dont le but était de vérifier l'interopérabilité des différents intervenants. En effet, les unités opérationnelles ont été déployées au sein des GGF pour plus de célérité dans la réaction.
Depuis le printemps 2013, la région frontalière algéro-tunisienne dudjebel Chaambi est en proie à des attentats terroristes. Ce qui a poussé les autorités algériennes et tunisiennes à joindre leurs efforts pour neutraliser ces groupes, en établissant un plan opérationnel coordonné de sécurité.
Sur le terrain, pas moins de 80 points de contrôle ont été installés sur les 956 kilomètres de frontière commune, 20 zones militaires fermées ont été créées et 60 000 hommes, tous corps sécuritaires confondus, déployés. Au lendemain de l'attentat mené par deux groupes terroristes, en juillet, dans la région de Henchir Tella, relevant du gouvernorat de Kasserine [centre-ouest de la Tunisie], qui a causé la mort de 14 militaires et fait 20 blessés, pas moins de 8 000 militaires algériens ont participé à des opérations de ratissage (au mont Chaambi) aux côtés de leurs homologues tunisiens.




  • 4 aout