Syrie: Damas meurtrie par les attentats les plus sanglants en deux ans


La série d'attentats qui a frappé Damas jeudi a fait plus de 80 morts selon un nouveau bilan, soit les attaques les plus meurtrières dans la capitale depuis le début du conflit il y a près de deux ans en Syrie.
Au total, les violences de jeudi à travers le pays ont fauché la vie de près de 290 personnes selon une ONG syrienne, soit l'un des bilans quotidiens les plus lourds dans cette guerre civile qui ne donne aucun signe de répit.
La Syrie s'enfonce de plus en plus dans la spirale de violences alors les grandes puissances restent divisées sur une solution au conflit. Jeudi, les membres du Conseil de sécurité ne sont même pas arrivés à se mettre d'accord sur le texte d'une déclaration réagissant aux attentats de Damas.
Quatre attentats ont frappé jeudi la capitale syrienne, place forte du régime de Bachar al-Assad, faisant au moins 83 morts, en majorité des civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
La principale attaque a eu lieu dans le centre de Damas, lorsqu'un kamikaze a fait sauter sa voiture remplie d'explosifs près de l'entrée du siège du parti Baas, au pouvoir depuis un demi-siècle, tuant 61 personnes.
L'attentat a fait exploser les fenêtres de l'ambassade de Russie, sans faire de blessés, selon des agences de presse à Moscou. La Russie est l'un des rares pays appuyant le régime du président Assad et continue d'avoir une présence diplomatique à Damas.
Dans ce qui semble être une action coordonnée, un triple attentat a visé le même jour des sièges des services de sécurité dans le nord de Damas, tuant 22 personnes, dont 19 membres des forces gouvernementales, selon l'OSDH qui s'appuie sur un large réseau de militants et de médecins à travers le pays.
Une série d'attentats meurtriers ont frappé ces derniers mois Damas, visant les bâtiments gouvernementaux, des Renseignements ou de la sécurité, dont plusieurs ont été revendiqués par les jihadistes du Front Al-Nosra.
Les attentats de jeudi ont été condamnés aussi bien par l'opposition, qui a évité cette fois-ci de pointer le régime du doigt, que par Damas qui a accusé des "groupes liés à Al-Qaïda", ainsi que par les Etats-Unis, la Russie et le patron de l'ONU, Ban-Ki-moon.
Moscou fustige Washington à l'ONU
Mais si M. Ban a réaffirmé "sa ferme conviction qu'une solution politique est la seule issue", celle-ci semble improbable à court terme, régime et rebelles étant déterminés à en finir avec l'autre partie coûte que coûte.
Les divisions internationales entre pays occidentaux, qui appellent au départ de M. Assad, et la Russie, qui soutient le régime, compliquent aussi la donne.
Ainsi, les 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU n'ont pas réussi jeudi soir à se mettre d'accord sur le texte d'une déclaration réagissant aux attentats de Damas, en raison de divergences sur les responsabilités respectives du régime et de l'opposition dans les violences en Syrie, selon un diplomate.
De son côté, la Russie a accusé les diplomates américains de bloquer une condamnation des attentats par le Conseil de sécurité, et affirmé que les Etats-Unis "encourageaient" les attaques des insurgés en bloquant les communiqués du Conseil sur les attaques en Syrie.
Le conflit a fait plus de 70.000 morts en près de deux ans et poussé à l'exode des centaines de milliers d'habitants. Selon l'OSDH, plus de 200.000 personnes ont été emprisonnées par les forces du régime et des centaines sont mortes sous la torture.
Vendredi, l'organisation de défense de droits de l'Homme Human Rights Watch a demandé un accès aux prisons syriennes après la mort il y a quelques jours d'un militant de 64 ans, Omar Aziz, décédé d'une crise cardiaque, alors qu'il était transporté à l'hôpital de la redoutable prison de Mazzé à Damas.
M. Aziz distribuait de l'aide humanitaire dans les banlieues de Damas en proie aux combats, avant d'être arrêté en novembre dernier.