La justice égyptienne a condamné à mort, ce samedi, vingt et une personnes accusées d'être impliquées dans les violences ayant fait 74 morts l'an dernier après un match à Port-Saïd. Le verdict a été accueilli par les cris de joie et les youyous des membres des familles des victimes présents dans la salle d'audience au Caire.



Vingt et un Egyptiens ont été condamnés à mort samedi dans le procès des violences ayant suivi un match de football l'an dernier à Port-Saïd (nord-est), au lendemain du deuxième anniversaire de la "révolution" marqué par des heurts meurtriers entre manifestants et policiers.
Après le verdict, un policier a été tué par balles par des inconnus à Port-Saïd, selon une source sécuritaire, alors que des proches des condamnés à mort tentaient d'envahir la prison où ces derniers sont détenus, selon la télévision d'Etat et des témoins.
Des hommes non identifiés ont tiré à l'arme automatique vers la police qui a répondu par du gaz lacrymogène, ont dit les témoins. Des blindés ont aussi été déployés et des affrontements avaient lieu dans les rues autour de la prison.
Au Caire, le verdict a en revanche été accueilli par les cris de joie et les youyous des membres des familles des victimes présents dans la salle d'audience.
Devant le tribunal, un homme ayant perdu son fils dans les violences pleurait de joie. "Je suis satisfait du verdict", a-t-il dit à l'AFP.
En février 2012, 74 personnes étaient mortes à Port-Saïd après un match entre le club cairote d'Al-Ahly et une équipe locale, Al-Masry. Plus de 70 personnes, dont neuf policiers, étaient jugées pour leur responsabilité présumée dans ces violences.
Un groupe de 21 personnes a été condamné à mort samedi matin, a annoncé le président du tribunal. Les accusés restants seront fixés sur leur sort le 9 mars.
"Soit justice leur est rendue, soit nous mourrons comme eux!", avaient mis en garde au tribunal des membres des familles des victimes en brandissant des photos de leurs proches.
Des centaines d'"Ultras" d'Al-Ahly, des supporteurs fervents et organisés qui revendiquent la majorité des victimes, s'étaient rassemblés tôt samedi devant leur club au Caire, agitant des drapeaux.
Mercredi, des centaines d'entre eux avaient mené une série d'actions symboliques au Caire, encerclant la Bourse puis bloquant une station de métro ainsi qu'un axe central de la capitale.
Les Ultras sont réputés pour leur soutien actif à la révolte populaire qui a provoqué début 2011 la chute de Hosni Moubarak et pour leur participation aux manifestations contre le pouvoir militaire de transition qui ont suivi.
Morsi appelle à rejeter la violence
Le verdict de ce procès, qui était très attendu, intervient au lendemain du deuxième anniversaire du début du soulèvement ayant renversé Hosni Moubarak, qui a été marqué par des violences ayant fait sept morts et 450 blessés dans le pays, selon le ministère de la Santé.
D'après le ministère de l'Intérieur, 95 policiers font partie des blessés.
L'armée a déployé dans la nuit des hommes et des blindés légers pour protéger les bâtiments de la police et du gouvernorat local à Suez --où six personnes ont été tuées.
Manifestations et heurts se sont produits ailleurs dans le pays, notamment aux abords de la place Tahrir au Caire et à Alexandrie (nord).
A Ismaïliya (nord-est), des manifestants ont mis le feu au siège local du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), la formation politique des Frères musulmans, et envahi le siège du gouvernorat.
Des bâtiments publics ont également été la cible des contestataires à Damiette (nord) et Kafr el-Cheikh (delta du Nil).
Le président islamiste Mohamed Morsi a appelé ses compatriotes à "rejeter la violence dans les paroles et dans les actes" et promis que les responsables de ces heurts meurtriers seraient "traduits en justice", dans des messages postés dans la nuit sur ses comptes Twitter et Facebook.
La colère des manifestants est dirigée contre le président Morsi et les Frères musulmans dont il est issu, accusés d'avoir failli à la "révolution" qui leur a permis d'accéder au pouvoir par le biais d'une élection présidentielle pour la première fois démocratique.
L'opposition, qui avait appelé à défiler, accuse aussi les islamistes de perpétuer un système socialement injuste, et de privilégier l'idéologie islamiste sur l'intérêt général.