Dédollarisation : l’Argentine propose à la Russie des échanges en monnaie nationale




L’Argentine a été récemment la proie de fonds vautours US qui lui ont racheté de la dette sous contrat de droit américain. Les fonds d’investissement exigent le remboursement intégral des titres de dette, soit 1.4 milliards de dollars, malgré les décotes et restructurations appliquées à partir de 2001, cela en vertu du droit des affaires américain.

Ces titres de dette avaient été achetés au rabais par les fonds spéculatifs suite à la crise économique de 2001. Alors que les créanciers avaient en moyenne acceptés des décotes de l’ordre de 70%, les fonds américains ont réclamés et obtenus de la justice US le remboursement intégral de leurs titres de dette, décision contestée par le gouvernement argentin.

NML, un des fonds les plus controversés, empocherait ainsi une plus-value de 1600% !

Le gouvernement argentin a donc logiquement refusé de se plier à la décision de la justice américaine qui l’obligerait à rembourser les autres créanciers selon les même conditions, en vertu de la clause RUFO figurant dans les contrats de dette, ce qui reviendrait à revenir sur les accords trouvés précédemment concernant la restructuration de la dette et exposerait le pays à une cascade de procès…


Le ton est donc monté d’un cran entre l’Argentine et les USA. Le pays a ainsi porté plainte au mois d’août contre les Etats-Unis devant la Cour internationale de justice de La Haye au motif que ces derniers avaient violé sa souveraineté.

Début septembre, c’est l’ambassadeur américain Kevin Sullivan qui s’est fait rappeler à l’ordre par le ministre argentin des affaires étrangères. Il avait en effet exhorté dans la presse le pays sud-américain à appliquer la décision de la justice US. Immédiatement convoqué par le ministère argentin des affaires étrangères, l’ambassadeur s’est vu notifier qu’en cas de nouvelle « ingérence » dans les affaires intérieures argentines, « les mesures les plus sévères seraient prises” à son encontre.









C’est donc dans ce contexte tendu que prend place la proposition de l’Argentine à la Russie de libeller les échanges entre les deux pays en monnaie nationale. L’Argentine rejoindrait ainsi la Chine et L’Iran, dans le front mondial anti-dollar qui est en train d’émerger à la faveur de la crise en Ukraine et des ingérences des états-unis, notamment sur le plan financier.

Il faut effectivement se rappeler que le basculement de la Russie dans la dédollarisation a été la conséquence des premières sanctions économiques adoptées contre le pays par Washington, sous le prétexte de « l’annexion » de la Crimée.

Les principales banques et compagnies énergétiques russes ont été ainsi privées de l’accès au système financier international, les groupes VISA et Mastercard ont également exclus de leurs services certaines banques russes proches du pouvoir.

La réaction logique de la Russie a donc été de lancer la constitution d’un système financier alternatif avec les pays des BRICS, et particulièrement la Chine, première intéressée à se débarrasser de ses montagnes de dollars et de bons du trésor imprimés à tour de bras par la FED depuis la crise de 2008.


Sergueï Glaziev, un conseiller du Kremlin, a annoncé clairement la couleur :

« Nous trouverons un moyen non seulement de réduire notre dépendance financière des Etats-Unis, mais nous tirerons de ces sanctions un gros profit. Les tentatives de prendre des sanctions contre la Russie mèneront au krach du système financier américain et à la fin de la domination des Etats-Unis dans le système financier mondial »

Et les choses avancent à pas de géants.

Des accords ont été passés avec l’Iran
afin d’effectuer les transactions commerciales en monnaie nationale ainsi qu’avec la Chine, notamment en ce qui concerne le contrat gazier du siècle qui porte sur un montant de 400 milliards de dollars. La Turquie a également proposé à la Russie de passer aux monnaies nationales dans leurs règlements réciproques.

La Chine s’est également montrée très active puisqu’elle a signé des accords avec les principaux pays européens comme l’Allemagne, la France ou le Royaume-Uni, lui permettant d’ouvrir des chambres de compensation afin d’effectuer les transactions en monnaie nationale.


A cela il faut ajouter le développement par les BRICS de leurs propres alternatives au FMI et à la Banque Mondiale, institutions qui constituent le volet financier de l’impérialisme US, qui ont été officiellement lancées lors du VIème sommet des BRICS à l’été 2014.
Il s’agit de la création d’un fonds de réserve monétaire qui sera appelé à jouer le rôle du FMI, et d’une banque de développement appelée Banque BRICS qui sera dotée d’un capital de 200 milliards de dollars d’ici 5 ans de manière à supplanter la Banque Mondiale dans l’aide au développement…


La France ferait bien de s’inspirer de ces initiatives et de rejoindre le bloc Chine-Russie, cela aurait par exemple évité à BNP Paribas de se faire racketter de 8.9 milliards de dollars par la justice américaine pour avoir utilisé la monnaie US dans ses transactions avec l’Iran…

Malheureusement notre pays n’a plus sa destinée entre ses mains depuis la capitulation des élites nationales qui sont devenues les simples exécutantes de la technostructure euro-atlantiste…