Re : Du porc retrouvé dans des kebabs
Suite au dernier scandale de la viande de boeuf au cheval, la vente des plats cuisinés surgelés a chuté de 30 %. Comment changer les habitudes ? Nous avons testé le locavorisme : on a acheté viandes et légumes produits à moins de 160 km de chez nous.
La viande de boeuf de cheval est le scandale de trop ! Plus question d'acheter des produits dont on ne connaît pas la provenance, ce qu'ils contiennent, leurs conditions de production. Plus fort : on va opter pour des produits qui ont poussé, ont été élevés ou ont été fabriqués dans un rayon 160 km ! C'est le locavorisme. L'idée est simple, la mise en pratique moins évidente. Trouver la solution la plus durable demande un peu de recherche.
[A CE SUJET, LIRE AUSSI :
---> Anne-Sophie NOVEL, auteur du « Guide du locavore » : « Savoir ce que l’on mange, un réflexe à retrouver »]
En l'occurrence, j'habite Lille, je ne dispose pas d'une voiture 24/24 et j'ai des horaires de travail variables : je tire donc un trait sur le marché, solution pourtant la plus évidente au départ.
1 L'AMAP. Le principe : on adhère à l'Association pour le maintien de l'agriculture paysanne la plus proche de son domicile ou lieu de travail. Et, toutes les semaines (sauf vacances du producteur), l'agriculteur livre, en un lieu et à créneau horaire précis, un panier de fruits et légumes (voire de la viande) produits localement, de saison et fraîchement cueillis.
Je retiens celle des Weppes, la première AMAP de la région : elle livre au plus près de chez moi, son créneau de distribution correspond à mes horaires et son offre de produits apparaît plus diversifiée. Ce 5 mars, un céleri rave, une boîte de 6 oeufs, de la mâche, des topinambours, de la betterave, des carottes et un pot de ratatouille ! Romuald Botte, le producteur, profite en effet des surplus de fruits et légumes de l'été pour garnir le panier d'hiver en produits transformés. « Au total, je livre soixante paniers, 44 à 45 semaines par an, évalue Romuald Botte.
Cela représente quelque 200 à 220 kg de fruits et légumes, sans oublier les oeufs et les produits transformés. » Moyennant 650€ (réglés sur douze mois) pour l'option panier plein (325€ le demi-panier) et la cotisation (10€/an). Soit 15€ le panier plein.
Le hic : la liste d'attente. L'ouverture pour la prochaine saison (du 1er juin à mai 2014) se fait prioritairement pour les adhérents puis, pour la liste d'attente, dans l'ordre d'inscription. Pas sûr donc que je décroche une place.
À savoir aussi : il est demandé à l'Amapien un peu de son temps, deux fois par an.
Bilan : pour changer mes habitudes tout de suite, il me faut trouver une autre solution.
2. La vente directe chez le producteur. J'opte pour La Ferme du paradis, à Seclin : elle est à dix minutes (quand il n'y a pas de bouchons) ; elle fait partie du réseau Cueillettes Chapeau de paille ; et elle a un magasin ouvert à l'année où sont vendus les produits de la ferme familiale, gérée par Xavier Collette, et de quelque 25 agriculteurs des proches environs.
Ce mardi, on y trouve : une soupe aux potimarrons, 2,90€ les 75 cl ; de la confiture de fraises, 3,30€ ; le kilo d'endives blanches à 1,90€ ; les carottes à 1,10€ ; les quatre yaourts aux fruits à 2,70€ ; des pommes Jonagold à 2,10€ ; des Binjte à 0,60€ ; la botte de poireaux à 1,70€ ; du collier à carbonade (bêtes nourries aux grains produits sur l'exploitation), 7,37€ les 664 g ; six oeufs, 1,44€, 250 g de beurre, 2,55€.
De la charcuterie, du veau, du porc, du cidre... Mais pas de volaille, la livraison a lieu le mercredi. « On a de plus en plus de produits , explique Xavier Collette.Et depuis quinze jours, c'est radical, on a bien travaillé. » De mai à novembre, la Ferme du paradis ouvre la cueillette aux particuliers qui peuvent y trouver jusqu'à une quarantaine de fruits et légumes. Et des fleurs. À des prix défiant toute concurrence : « 3,10€ le kilo de fraises quand c'est le double en supermarchés ; 90 c/1 € le kilo de pommes contre 1,60 à 2,40€. La fraîcheur et le goût en plus. Avec des variétés qu'on ne trouve pas en grande surface.
» Et les enfants adorent !
Bilan : l'idée me plaît mais, n'ayant pas de voiture 24/24, je vais devoir m'organiser.
3. La Ruche qui dit oui - Envies d'ici. Envies d'ici est une boutique 100 % locavore, et pas seulement dans l'alimentaire, « la seule de ce genre en France », assure Mathieu Humez, un des deux cofondateurs. Leur idée : favoriser l'emploi local, avec un impact écologique et social. Ainsi, si les épices qu'on y trouve ne sont pas produites mais seulement conditionnées à Cambrai, elles sont bio et la société travaille dans la réinsertion sociale. Une étiquette indique la « performance » du produit : plus elle est grise, mieux c'est.
À dix minutes à pied de chez moi, la boutique référence 600 à 700 produits : du kilo de carottes aux produits ménagers. Et c'est le producteur qui fixe son prix, auquel Envies d'ici ajoute une petite marge. Soit ce jour-là, 2,40€ les quatre crèmes chocolat ; 10,50€ le kilo de viande à braiser de Audincthun, un producteur qui fournit boeuf, porc et veau, des bêtes élevées en plein champ ; 2,20€ le kilo de carottes en convertion bio ; 5,10€ la soupe aux potimarrons 75 cl, 2,60€ le beurre doux ; 2€ la crème fraîche.
Pour 3,90€, Envies d'ici me livre à domicile, en triporteur. J'ai aussi la possibilité de commander par Internet.
Autre plus, Envies d'ici est relais de La Ruche qui dit oui, réseau de consommateurs qui commandent auprès d'un réseau de producteurs et se font livrer en ce point relais une fois tous les 15 jours.
Bilan : le choix en produits frais était plus important à la ferme mais c'est un bon complément. La différence de prix se défend.
4. Le panier de Léa, site Internet de livraison de produits locaux dans la métropole lilloise. La solution la plus simple : on commande sur Internet et on se fait livrer. Mais forcément un peu plus cher. Ce mardi, on trouvait le pot de confiture de fraises à 3,50€ ; le beurre demi-sel à 2,95€ ; le panier légumes avec huit fruits et légumes différents à 15€.
(*) Source : étude de marché SymphonyIRI
Les « Petits Producteurs » ont gagné les rayons des hypers
Sur notre barquette de fraises, d'abricots ou de tomates : la photo et le nom du producteur, son contact, le lieu de récolte. Une fiche d'identité qui garantit la traçabilité. La démarche du Petit Producteur a - enfin ! - séduit les grandes enseignes.
«Une fraise hors-sol et une fraise de pleine terre, ça n'a absolument rien à voir ! » Pour que le consommateur s'y retrouve dans les rayons de son supermarché, Nicolas Chabanne et sa soeur Élisabeth ont lancé le Petit Producteur en 2006. L'idée est de proposer aux agriculteurs et éleveurs de s'engager sur la qualité de leur produit, tout en favorisant le circuit court. «En mettant sa photo sur le produit, le producteur s'expose directement : c'est son étiquette, sa marque... Si le producteur veut que le consommateur aime son produit et le rachète, il doit s'autodiscipliner ; c'est le meilleur cahier des charges qui soit. » Depuis trois ans, le Petit Producteur explose ses ventes. Et la « crise du cheval » n'a fait qu'accroître la tendance. «On aura du mal à répondre aux commandes ! L'an dernier, on a commercialisé 320 tonnes de fraises de pleine terre. Cette année, la demande dépasse déjà les 1 000 tonnes. Aujourd'hui, toutes les enseignes de la grande distribution, sauf une, nous sollicitent. » Initié dans le Sud de la France et en Bretagne, le groupement a gagné le territoire, excepté pour l'instant... le Nord et l'Alsace. «Nous lançons donc un appel aux petits producteurs de votre région qui seraient intéressés . » Aujourd'hui, ils sont 450 à avoir rejoint le réseau et plus de 600 variétés sont commercialisées : des fruits et légumes, des produits laitiers, de la viande... Toujours sur le même principe : une agriculture de qualité, bio ou raisonnée, avec une rémunération juste du producteur. «Parce qu'il est mieux rémunéré - de 5 à 30 % de plus - le producteur est soucieux de préserver sa qualité. Quant au distributeur, il s'engage à ne pas répercuter la totalité de ce surcoût au consommateur. » Un échange de bons procédés. Les enseignes se battent maintenant pour faire de la qualité : «Elles ont compris que si elles n'avaient pas ces produits, elles allaient perdre beaucoup. » L'idée de la photo sur le produit a d'ailleurs fait des petits dans tous les rayons. Mais attention, ça ne signifie pas que la démarche soit celle du Petit Producteur.
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