La France vend 30 millions de bouteilles de champagne en Afrique contre moins de trois millions en Chine. La concurrence s’aiguise dans l’ouest et le centre du continent noir.


Le Nigeria, à lui seul, a importé 700.000 bouteilles de champagne en 2013. - Pascal SITTLER/REA

L’Afrique est un marché sans commune mesure avec la Chine pour le champagne. La France y a vendu trente millions de bouteilles en 2013 quand elle en a exporté moins de 3 millions en Chine, où toutes les croissances pourtant paraissaient acquises. « En Afrique, on connaît le champagne à la différence de la Chine », dit Etienne Auriau, le directeur financier de Laurent Perrier. Le travail d’approche du marché africain est du coup nettement moins coûteux dans la mesure où il ne requiert pas l’apprentissage de ce vin. Présent de longue date sur ce continent, le groupe parle en connaissance de cause. « En Afrique, les ventes progressent avec le pouvoir d’achat ».

Les producteurs de champagne l’ont bien compris d’ailleurs et la concurrence s’y développe à toute vitesse. C’est évidemment le cas dans les pays où émergent les classes moyennes, tels que le Nigeria qui, à lui seul, en a importé 700.000 bouteilles en 2013. Le Congo, l’Angola, le Nigeria, la Côte d’Ivoire, le Maroc comptent parmi les marchés dotés des plus fortes croissances pour ce qui concerne la consommation de champagne. Au Moyen-orient, la marque aussi se développe bien. « Dubaï est devenu un marché important », précise Etienne Auriau.

Laurent Perrier prévoit une « stabilisation du marché » en France

Désireux de « diversifier » ses clients et de « réduire sa dépendance à l’égard de la France », où le marché recule depuis quatre ans, Laurent Perrier a continué d’accroître l’exportation au cours de son exercice 2013-2014. Fin mars, la maison avait réalisé 76,2 % du chiffre d’affaires en dehors des frontières nationales, contre 75,1 % un an avant. « Toutes les zones géographiques affichent une croissance robuste depuis quatre ans hors France », souligne le groupe. Sur le continent américain, elle a été de 15 %, en Océanie de 20 %.

Malgré la baisse notable des ventes globales de champagne en France depuis quatre ans, Laurent Perrier croit « au moins à une stabilisation en 2014 , voire une légère croissance». Le groupe prévoit d’investir 40 millions d’euros en quatre ans sur son site de Tours sur Marne pour rationaliser la production et développer l’accueil des clients étrangers sur place. Le résultat net de Laurent Perrier ressort à 21,6 millions d’euros en hausse de +6,9 % sur l’exercice 2013-2014 pour un chiffre d’affaires qui, lui, recule de 1,1 %, à 220,6 millions d’euros. La marge opérationnelle s’est établie à 18,4 %.