Quand l’EI ne veut plus que ses militants postent de selfies

[harroudiroi]

Un manuel en ligne attribué par le "Financial Times" à l’organisation de l’État islamique appelle ses combattants à utiliser les réseaux sociaux avec davantage de parcimonie, afin de ne pas aider les services de renseignements occidentaux.


Gare aux traces numériques laissées sur l’Internet. Tel est le message d’un manuel en arabe du bon usage des réseaux sociaux attribué à l’organisation de l’État islamique (EI), que le quotidien britannique “Financial Times” a pu consulter vendredi 17 octobre.


Ce mouvement terroriste islamiste, dépeint comme un spécialiste de la propagande sur l’Internet, tenterait de mieux contrôler les informations diffusées via les réseaux sociaux, à en croire le journal financier londonien. “Un certain nombre de failles de sécurité ont aidé nos ennemis et leur ont permis d’identifier plusieurs frères combattants et des sites utilisés par les moudjahidines”, annoncent les auteurs de ce manuel en ligne. Le "Financial Times" en attribué à la paternité à des membres de l'EI, mais il pourrait aussi bien être l'œuvre de simples sympathisants, comme c'est souvent le cas, explique Wassim Nasr, journaliste à France 24 et spécialiste des mouvements jihadistes.


Gare aux métadonnées


Les photos de combattants sur le terrain, en Syrie ou en Irak, publiées sur Twitter permettraient aux espions occidentaux de localiser des militants de l’EI, regrette les auteurs de ce document. Mais la mise en garde dépasse le simple cadre de tweets malencontreusement géolocalisables. “Il ne s’agit pas seulement de photos, mais aussi de documents .pdf, Word ou de vidéos”, prévient le manuel.


L’organisation de l’État islamique - ou certains de ses sympathisants - semble ainsi prendre conscience de l’importance des métadonnées contenues dans les fichiers postés en ligne. Un document Word peut ainsi contenir des informations relatives à la date d’écriture, à l’auteur et à d’autres données potentiellement très intéressantes pour un expert du renseignement électronique. “Ces informations peuvent aisément permettre de retrouver la trace de celui qui a créé ou modifié un fichier”, assure au “Financial Times” Darien Kindlund, un responsable de la société de sécurité américaine FireEye.

Ce guide du bon usage des réseaux sociaux pour jihadistes encourage ainsi à modifier les fameuses métadonnées avant de poster le moindre fichier sur le Web. Il donne même la marche à suivre pour y parvenir, a pu constater le quotidien britannique.


Paranoïa


Sur les réseaux sociaux, des comptes Twitter liés à l’EI multiplient, ces derniers jours, les appels à davantage de modération numérique concernant les opérations militaires de l’organisation. Haro sur les selfies et les vidéos trop géographiquement explicites. Le modérateur de l’un de ces fils Twitter a même assuré que les succès du mouvement terroriste dans la province d’Anbar (en Irak) sont, en partie, dus à “l’absence de détails postés [sur les réseaux sociaux, NDLR] sur les mouvements de nos frères”.


Cette campagne semble commencer à porter ses fruits. Le responsable d’un café internet dans une région de Syrie contrôlé par l’EI constate, auprès du “Financial Times, une baisse sensible du nombre de “combattants qui utilisent Twitter”.


“C’est comme avec al-Qaïda, lorsque les bombardements occidentaux [en Afghanistan, NDLR] ont commencé à s’intensifier, un sentiment de paranoïa s’est installé, menant à une traque de tout ce qui pourrait permettre aux espions de localiser d’éventuels cibles”, affirme un membre du renseignement britannique s’exprimant sous couvert d’anonymat.


Pour l’EI, cette crainte peut apparaître contradictoire. En poussant les militants à faire preuve de discrétion numérique, l’organisation terroriste, qui a toujours misé sur l’Internet pour sa propagande, se coupe l’herbe médiatique sous le pied.

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Les temps changent, pardi. Demain ils vont imprimer une charte de bonne conduite ou bien une liste de toutes les actions ''''humanitaire ''' qu'ils ont pu faire.

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