L'hebdomadaire du dimanche du Guardian, The Observer, a lancé en 2012 un concours d’investissement en Bourse auquel ont participé plusieurs professionnels expérimentés de la finance, un groupe d'étudiants de la filière et… un petit chat au pelage roux, nommé Orlando. Et, devinez qui a gagné? Le chat, bien sûr (sinon, on ne vous en parlerait sûrement pas).
Chaque participant à investi 5.000 livres (6.011 euros) dans cinq sociétés de son choix cotées au FTSE (Financial Times Stock Exchange, indice des 100 premières sociétés britanniques) au début de l’année. Tous les trois mois, les compétiteurs avaient la possibilité d’échanger leurs actions et de les réinvestir dans d’autres sociétés de l’indice.
Pendant ce temps-là le chat, lui, a «choisi» ses investissements en lançant son jouet en forme de souris sur une grille où étaient placés les noms des sociétés cotées. Fin septembre, on pouvait encore croire que les investisseurs chevronnés gagneraient. Mais le portefeuille d’Orlando a connu une belle valorisation surprise de 4,2%, finissant l’année avec 542 livres (651 euros) de plus-value, contre seulement 176 (211 euros) en moyenne pour les professionnels de la Bourse!
Dans cette expérience, le chat n’est qu’une représentation personnifiée du marché, explique le site NPR, et son potentiel humoristique ne rend que plus flagrante l’hypothèse testée. Car Orlando n’est là que pour valider une hypothèse dite du «random walk» («marche au hasard»), popularisée par l’économiste Burton G. Malkiel et selon laquelle la méthode d’investissement au hasard est aussi efficace sinon plus que l’étude patiente et experte du marché.
Comme le rappelle le site Margin Call dans un article intitulé «Monkey Business: Quand les chimpanzés discréditent les meilleurs gestionnaires», la théorie de Malkiel a déjà donné lieu à une précédente mise en application célèbre, le MonkeyDex, premier indice boursier des cours des sociétés Internet sélectionnées par un singe à l’aide de fléchettes.
Raven, une chimpanzé femelle de 6 ans, terminait en 1999 à la 22e place du classement des meilleurs gestionnaires de fonds avec un gain de 213%, surpassant par ses performances 6.000 concurrents professionnels.
«Le cas Raven, précise Margin Call, n’est cependant que l’éphémère illustration d’un fait peu flatteur pour la communauté financière: le hasard et la gestion passive font parfois (souvent?) mieux les choses que la crème de la crème des managers.»
La théorie de Malkiel, l'efficience des marchés, est pourtant loin d'être une critique des pratiques de la finance spéculative. Pour ce dernier, il est impossible de battre le marché, car celui-ci propose des actions à leur juste valeur: mais les nombreux krach comme les contreperformances ponctuelles des singes (et des chats?) invalident en partie sa théorie.