Accusé de servir les fraudes, le billet de 500 euros pourrait sortir de la circulation, si l’Union européenne parvenait à un consensus.
Un européen sur deux n’en a jamais tenu un entre ses mains, alors même que le billet de 500 € représente le tiers de la valeur totale des coupures en euros.
Quelque 288 milliards d’euros circulent en billets violets dont un quart en Espagne, où il est communément appelé le « Ben Laden », parce que tout le monde le connaît et personne ne le voit jamais. Le cliché n’est pas si usurpé. La grosse coupure de 500 €, parce qu’elle permet de transporter de grosses sommes d’argent en un faible volume, est accusée de favoriser la circulation de l’argent sale.
DES MILLIONS CIRCULENT DANS LES VALISES
« Dans une affaire de stupéfiants, à Lyon, nous avons vu un homme récupérer sous nos yeux, dans un premier temps plus de 500 000 €, puis, dans un second temps, une somme similaire, soit 1 million d’euros en billets de banque, entassés dans un sac à dos qu’il s’apprêtait à remettre à un complice qui partait à l’étranger », explique Bernard Petit, contrôleur général de la lutte contre la criminalité organisée à la police judiciaire. Et le phénomène dit des « valises de billets » s’amplifie depuis début 2012, avec la mise en place de la traçabilité des opérations bancaires internationales, tellement crainte par les organisations criminelles. Ce fait observé est d’autant plus sensible que les sanctions ne sont pas si lourdes qu’on pourrait l’imaginer. L’obligation de déclarer les sommes en liquide est sanctionnée de 0 à 25 % sur le montant transporté ! « Nous avons intercepté des personnes se déplaçant entre les Pays-Bas, la France et l’Espagne, et transportant […] 300 000 € d’espèces imprégnées de cocaïne. On applique une amende de 25 % et on renvoie le reste de l’argent par virement [aux personnes saisies NDLR]« , fait remarquer Philippe Bock, co-secrétaire général du syndicat Solidaires douanes, avant de conclure que « l’exemple est extrême : c’est une hérésie ! »