Des incidents se sont à nouveau produits samedi dans la capitale d'Irlande du Nord après une manifestation, au cours desquels des policiers ont déclaré avoir été la cible de coups de feu.
Le 3 décembre, le conseil municipal de Belfast, capitale de la province britannique d'Irlande du Nord, décidait de ne plus faire flotter en permanence l'Union Jack sur la mairie. Cette décision controversée avait été prise pour mettre en conformité la mairie avec les règles s'appliquant aux immeubles gouvernementaux britanniques. Mais elle a entraîné depuis des violences répétées de la part de groupes de protestants loyalistes. Et cette tension ne semble pas vouloir retomber : samedi, de nouveaux heurts se sont produits après la dispersion, devant l'hôtel de ville de Belfast, d'un rassemblement de plus d'un millier de protestants loyalistes qui venaient de défiler en brandissant l'Union Jack.
Dans l'est de la ville, traditionnellement protestant, une centaine de personnes ont alors commencé à lancer divers projectiles, notamment des briques et des fumigènes, en direction des policiers qui ont fait usage de canons à eau pour les disperser, d'après la police. Celle-ci n'a pas fait état de blessés, mais elle a annoncé l'ouverture d'une enquête après les témoignages de membres des forces de l'ordre faisant état de coups de feu tirés en direction des policiers. "Un homme de 38 ans, soupçonné de tentative de meurtre, a été arrêté", indique un communiqué de la police.
Des violences "injustifiables"
Dans la nuit de vendredi à samedi déjà, neuf policiers avaient été blessés et 18 personnes arrêtées à la suite de heurts similaires dans l'est de la ville. Près de 300 manifestants avaient lancé des briques et des cocktails Molotov en direction des forces de l'ordre, selon la police. Et jeudi soir, d'autres violences avaient également fait dix blessés dans les rangs des policiers.
"Les revendications, quelles qu'elles soient, sont une cause perdue quand ceux qui les défendent laissent des personnes se servir d'une manifestation pour couvrir une tentative de meurtre", a dénoncé ce week-end Conall McDevitt, représentant du parti SDLP (proche des républicains catholiques) à l'assemblée nord-irlandaise. Le Premier ministre d'Irlande du Nord, membre du Parti unioniste démocrate (DUP, protestant), Peter Robinson, avait pour sa part jugé vendredi ces violences "injustifiables". "Ceux qui en sont responsables nuisent gravement à la cause qu'ils prétendent défendre", avait-il déclaré.
L'Ulster a connu trente ans de violences intercommunautaires entre protestants unionistes et républicains catholiques, partisans d'une unification avec la République d'Irlande, qui ont fait 3500 morts. Malgré l'accord de paix de 1998, qui a établi un partage du pouvoir, des incidents sporadiques se produisent encore dans la province.