L’être humain se soucie de l’avenir
La vérité de « demain » qui lui revient comme un secret l’entoure cependant. Qu’il se sente un agent détenteur de volonté ou bien passif face au destin, l’être humain est enthousiasmé d’apprendre quelque chose sur l’avenir. Tout au long de l’histoire, les devins et voyants ont à ce titre exploité cette faiblesse qui lui est inhérente.

L’avenir est inconnu

Un jour, Mansûr, l’un des califes abbassides, se réveilla terrifié. Dans son rêve il vit un ange à qui il demanda combien de temps il lui restait à vivre. L’ange leva sa main et lui montra ses cinq doigts. Suite à cela, le calife consulta divers interprétateurs de rêve ; c’est ainsi que ces cinq furent interprétés pour certains comme cinq ans, pour d’autres comme cinq mois et pour d’autres encore comme cinq jours. Le calife fut inquiet et non satisfait de ces interprétations. Au bout du compte, il demanda la signification de ce rêve à l’Imam A’zam/Abû Hanifa. Le grand Imam donna silencieusement la réponse suivante :
« L’ange indique les cinq articles formulés dans ce verset coranique :

  1. La connaissance de l’Heure se trouve auprès d’Allah.
  2. C’est Lui qui fait tomber la pluie salvatrice.
  3. Il sait ce qu’il y a dans les matrices.
  4. Personne ne sait ce qu’il acquerra demain et personne ne sait dans quelle terre il mourra.
  5. Certes Allah est Omniscient et Parfaitement Connaisseur. » (Luqman, 31 : 34)


Ces articles sont appelés dans la littérature « Mugayyabât-ı Hamse », c’est-à-dire les cinq articles de ce qui appartient à Allah en matière de savoir.

Seul Allah connaît l’invisible

Seul le passage du monde invisible au monde de la foi, autrement dit les choses qui passent dans l’espace et qui sont accessibles à la perception des organes peuvent être connues, des estimations peuvent être aussi fondées sur celles-ci. Pour ceux qui ont le sens de l’intuition, des indices nécessaires sont apportés ; les informations concernant l’avenir appartient à l’invisible. Seul Allah le connaît. De nos jours, lorsque le sexe du bébé est déjà déterminé dans le ventre de la mère grâce aux méthodes d’ultrason, ces individus pensent avoir levé un tabou ; peuvent-ils connaître l’aptitude, le caractère, le devenir dans le monde et dans l’au-delà de ce bébé ?

L’avenir est inconnu.

Cette ignorance relève aussi d’un sentiment de peur très présent chez l’homme, pouvant prendre une forme hallucinante. Il veut absolument savoir ce que l’avenir lui réserve afin de réagir en fonction de cela. Il est donc soucieux de savoir si demain lui sera favorable ou non. Il veut faire ses choix en fonction de l’avenir.

Mystifié également par ce souci et cette crainte, il veut aussi se reconquérir…

À côté de cette indétermination face à l’avenir, tout l’avenir est défini en réalité dans des principes généraux… parce que les prophètes, ces sublimes rapporteurs d’informations, ont tracé le schéma de l’avenir sans définir de temps.

On posa à Nasrettin Hodja la célèbre question relative au souci de l’avenir :

- Hodja (Maître), quand donc aura lieu l’apocalypse[1] ?

Le Hodja, non pas intellectuellement mais selon un trait d’esprit qui allait ébranler et surprendre les gens, répondit ainsi à la question :

- La petite ou bien la grande, demanda-t-il.

- Qu’est-ce que cela signifie Hodja, est-ce que l’apocalypse aurait sa petite ou sa grande forme ?

- Oui certainement, répondit le Hodja, la petite apocalypse, c’est le décès de ma femme, quant à la grande, c’est le voyage vers l’autre monde !

Nasrettin Hodja, en réalité, voulait dire la chose suivante :

En répondant à la question de cette manière « qu’as-tu préparé pour le Jour du Jugement ? » il interpelle son interlocuteur pour l’inciter à se référer à la Sunna du Prophète (), guide parfait pour l’amener à réfléchir sur ses préparatifs.

« La véritable apocalypse, c’est ta mort. Après ta mort, quel qu’en soit le moment, ce sera l’apocalypse. Prends garde à ce que tu as préparé ! »

L’avenir, en réalité, est défini…

Nous allons tous mourir…

Viendra le jour où se termineront les jours qui se succédaient les uns aux autres, où se clôturera le registre du monde. Lorsque le temps viendra, nous nous réveillerons à un autre matin tout différent. Ce sera l’Heure de la Résurrection, nous passerons par des étapes telles que le rassemblement, l’heure des comptes, la Balance et le pont Sirat pour parvenir au lieu de l’éternité.

Lequel ?

Allah connaît également cela, mais Il nous a donnés à plusieurs reprises des indices à ce sujet. Tout ce qui concerne le Paradis et l’Enfer (litt. la clé du Paradis et de l’Enfer), en matière référentielle, se retrouve par milliers dans les versets coraniques.

La foi, les œuvres pie, le frein aux interdits, la prière, l’aumône (zakat et sadaqa), la vertu, les sacrifices, le pardon, le repentir… toutes ces qualités constituent la clé du Paradis…

Le blasphème, la dénégation, le mensonge, la perversion, l’orgueil, la révolte, le péché… constituent la clé de l’Enfer.

Malgré cela, l’homme se laisse flatter au sujet de l’avenir. Face aux miroirs malhonnêtes qui contournent les réalités, il consulte les augures au lieu d’interroger les boussoles véridiques susceptibles de le guider dans le droit chemin.

Depuis son père Adam et de sa mère Eve…

Face à cette injonction « n’approchez pas de cet arbre ! », avec quoi Satan trompa-t-il notre père et notre mère (à tous) ?

Il ne leur a certes pas dit : « Mangez et de cet arbre vous parviendrez à la colère divine ! »

Il les avait corrompus avec des promesses du futur…

Et leur a-t-il montré l’arbre éternel, le chemin vers une fortune inépuisable ? (voir sourate Taha, verset 120)

Vous mangerez de cet arbre ;

Vous serez deux anges !

Vous resterez éternels au Paradis !

Je jure que je pense à votre bien ! (voir sourate al-A’râf, versets 20-21)

Certes les marchands malhonnêtes du futur tiennent l’arbre du matérialisme, croyant avoir tenu l’arbre de l’éternel. Ils appellent de leurs erreurs la nécessité du temps. L’époque, disent-ils… ils parlent de modernisme, de progrès. Ils disent que ce sont des nécessités du marché, les lois du travail.

Ils nomment l’abandon de l’appel à l’islam la liberté de conscience et de religion.

La non-éducation de l’enfant, le laisser dans sa course vers son ego, ils qualifient cela d’approche pédagogique.

Le rôle de Satan ne se limite pas aussi aux questions d’avenir ;

Il s’adresse à ceux qui pensent s’engager dans des fondations, venir au secours de ses frères, « tu deviendras pauvre ! »…

Si tu n’enfreins pas les interdits, ton devenir sera détruit, dit-il.

Si tu deviens honnête, tu ne bénéficieras de rien, tu seras affamé, dit-il.

Si tu es vertueux dans tes pensées, tu resteras chez toi, dit-il.

Il y a des mystifications concernant l’avenir qui sont encore plus extravagantes :

Si durant ta jeunesse tu ne vis pas ta jeunesse en te plongeant dans les choses illicites, cela restera en toi et dans l’avenir cela s’exposera encore plus pire, dit-il.

Il y a aussi concernant l’avenir des contre-vérités de nature affligeante :

Tu ne pourras subvenir aux besoins de cet enfant, avorte donc ! À quoi ça sert de vouloir faire naître un enfant si tu es incapable de l’élever ! dit-il.

Que dira Satan à ceux-là qui seront tôt ou tard victimes dans l’avenir de « détresse à la place du bonheur » suite à ces contre-vérités ? Lisons :

« Et quand tout sera accompli, le Diable dira : ‹Certes, Allah vous avait fait une promesse de vérité ; tandis que moi, je vous ai fait une promesse que je n’ai pas tenue. Je n’avais aucune autorité sur vous si ce n’est que je vous ai appelés, et que vous m’avez répondu. Ne me faites donc pas de reproches ; mais faites-en à vous-mêmes. Je ne vous suis d’aucun secours et vous ne m’êtes d’aucun secours. Je vous renie de m’avoir jadis associé [à Allah] ›. Certes, un châtiment douloureux attend les injustes [les associateurs]. » (Coran, Ibrahim, 14 : 22)

Combien toutes ces contre-vérités et ces tristes résultats ressemblent à cette anecdote racontée au sujet de l’Enfer :

Prétendument, à une personne qui arrive dans l’autre monde, on lui montre le Paradis et l’Enfer et on lui laisse le choix. Elle se contente des aspects visuels des images. L’Enfer n’est pas un si mauvais endroit que cela. Tout le monde est dans l’ambiance. J’ai choisi l’Enfer, dit-il. Une fois à l’intérieur, il remarque que l’Enfer c’est ce qu’il connaissait au vrai sens du terme… ce n’est que feu et repentance. Il crie au secours :
- Ce que nous voyions, n’était-ce pas çà ?!
Cette réponse significative lui fut donnée :
- Ce n’était que des images publicitaires !

Dans ce monde d’ici-bas, ceux qui croient aux visions d’avenir qu’offre Satan, des hommes chantent et chanteront les mêmes chants d’aide.

Telle est la situation de Satan et de ses assistants…

D’autre part le désir non contrôlé rend la tête confuse au sujet de son propre avenir.

De manière arrogante souvent…

« Je n’y crois pas trop d’ailleurs. S’il existe un au-delà, dans tous les cas je tomberai sur mes quatre pattes ! » dit-il en se faisant des caprices ; si son brin de conscience crie cette fois-ci, il fait recours à une ruse pessimiste :
« Allah ne pardonnera jamais à un pécheur comme moi, rien de bien ne peut venir de moi, donc le meilleur pour moi c’est de persévérer dans mon mal ! »

« L’homme voudrait plutôt continuer à vivre en libertin. » (Coran, al-Qiyama, 75 : 5)

Il veut enduire son propre avenir au péché.

Pour ce fait il entreprend de nier la vie future.

Il refuse totalement ;

Soit avec ce qu’il croit,

Soit avec ses comportements ;

En ajournant…

La plus grande erreur de l’homme concernant l’avenir, c’est sa vision très lointaine de faits tels que la mort, le rassemblement, les comptes qui surviendront inévitablement… se repentir, ceux qui ajournent pour demain leurs options positives pour améliorer leur état, selon l’expression du Prophète (), ces insouciants sont en train de se détruire…

La seule voie de sortie dans cette situation :

Sur le conseil de notre Prophète ( ), être à tout moment « une personne qui fait ses adieux » dans un certain état d’esprit…

Être conscient immédiatement de l’avenir et de sa lumière… c’est cette prise de conscience prompte de l’avenir qui peut ramener une personne égarée, même après des années…

C’est enfin avoir confiance aux promesses du véritable avenir et non aux fausses publicités sur l’avenir…