Dans le premier chapitre sur le Tawhid, nous avons défini Tawhid ar-Rouboubiya (Unité de Souveraineté) comme étant le fait, pour l'homme, de réaliser que dans tout type de relation avec Allah , c'est Lui le Créateur et Celui qui pourvoit aux besoins de l'univers. La création, la préservation et finalement la destruction de l'univers et de son contenu sont sous les ordres d'Allah, et "la chance aussi bien que la malchance" se produisent conformément à la volonté d'Allah.
Cependant, de tout temps l'homme s'est posé la question: "Y a-t-il moyen de savoir, à l'avance, si l'avenir nous réserve des jours meilleurs ou si, au contraire, le pire est à craindre ?" Car, s'il y a un moyen de prévoir les choses avant qu'elles ne se produisent, le malheur pourrait être évité et le succès pourrait être assuré.
Depuis la nuit des temps, certains individus ont faussement prétendu avoir accès à cette connaissance occulte et les masses ignorantes de l'humanité se sont attroupées autour d'eux, payant des sommes astronomiques en contreparties de bribes de cette information vitale. Certaines de ces méthodes artificielles pour éviter la mauvaise fortune devinrent connues, d'où la profusion, dans la plupart des sociétés, d'objets porte-bonheur tels que ceux qui seront mentionnés dans ce chapitre.
Certains des moyens secrets imaginés pour savoir ce que le futur d'une personne recèle devinrent également de notoriété publique, et c'est de cette façon que divers types de présages et leur interprétation se retrouvent dans toutes les civilisations. Il y a cependant une partie importante de ces, connaissances qui est demeurée secrète, transmise de génération en génération à travers les formes diverses des sciences occultes, de la voyance et de la magie.
Il est très important de développer une vision islamique claire de ces pratiques car elles sont omniprésentes dans les sociétés humaines. Il y a plus important que cela peut-être, c’est le fait que si ces pratiques ne sont pas clairement comprises, un musulman pourrait facilement commettre le péché majeur du Shirk, qui est au coeur même de ces pratiques. Au cours des chapitres suivants, nous étudierions de manière détaillée la position de l'Islam vis-à-vis de ces questions qui contredisent les attributs uniques d'Allah (Sifate) et qui incitent à l'adoration (Ibada) de la création. Chaque question sera analysée à la lumière du Coran et de la Sunna du Prophète , et un jugement islamique sera porté sur chacune d'elles et pourra servir à guider ceux qui cherchent sincèrement la réalité du Tawhid
II était de pratique courante parmi les arabes du temps du Prophète Mohamed de porter des bracelets, des joncs, des colliers de grains, des coquillages, etc., comme porte-bonheur pour éviter les malheurs et porter chance. On retrouve aussi des talismans et des amulettes dans toutes les régions du monde, sous des formes variées. Comme nous l'avons mentionné dans les précédents chapitres, croire que les fétiches, les talismans et les amulettes ont un quelconque pouvoir va à l'encontre de la véritable croyance en la Souveraineté d'Allah, puisque l'on attribue à des objets créés le pouvoir d'éviter les malheurs ou de porter chance.
L'Islam s'est opposé à toutes les manifestations de ce type de croyances qui sont apparues en Arabie durant la mission du dernier Prophète ) et ce, afin d'établir une règle en vertu de laquelle de telles croyances et pratiques seraient également condamnées et interdites à tout moment et en tout lieu où elles pourraient apparaître plus tard. Ces croyances fournissent en fait une base idéologique pour l'adoration des idoles dans la plupart des sociétés païennes etles porte-bonheur eux-mêmes représentent une branche de l'idolâtrie. Cette relation peut facilement être mise en évidence dans la branche catholique de la chrétienté où le Prophète Jésus est déifié, où sa mère Marie et les saints sont adorés ; et les images, statues et médaillons à leur effigie présumée sont gardés et portés pour favoriser la chance.
Lorsque les gens acceptèrent l'Islam au temps du Prophète , souvent ils continuèrent de porter, au fond d'eux-mêmes, une croyance dans les fétiches communément appelée en arabe Tamaïm (Singulier : Tamimah). Par conséquent, on a rapporté plusieurs déclarations du Prophète dans lesquelles il a strictement interdit de telles pratiques. Ce qui suit ne constitue que quelques exemples:
Imrane Ibn Houssein rapporte que lorsque le Prophète a vu qu'un homme portait un bracelet en cuivre sur la partie supérieure de son bras, il lui dit : "Malheur à toi ! Qu'est-ce que c’est que cela? " L'homme répondit que c’était pour le protéger contre une maladie appelée al-Wahina [Littéralement: faiblesse. Réfère peut-être à l'arthrite.]. Le Prophète dit alors : "Jette cela, car en vérité cela ne pourrait qu’accroître ton mal Et si tu mourais avec cela sur toi, tu ne réussirais jamais. " [Recueilli par Ahmad, Ibn Majah et Ibn Hibbân.]
Ainsi, que Ton soit malade ou en bonne santé, le fait de porter des bracelets, des joncs ou des anneaux en cuivre ou en fer, en croyant en leur pouvoir de guérir ou en celui de prévenir les maladies, est strictement interdit. De telles pratiques tombent aussi sous le coup de l'interdiction de guérir les maladies avec des traitements Haram (illicites) dont le Prophète a dit:
"Soignez-vous les uns les autres, mais ne traitez pas les maladies avec des moyens interdits"
[Recueilli par Abou Daoud (Sounan Abou Daoud (Trad. anglaise), vol. 3, p. 1087, no. 3865) et al-Bayhaqî.] Abou Wâqid al-Laythy a également rapporté que lorsque le Messager d'Allah se mit en route pour Hounayn[Le site de la dernière grande bataille entre le Messager de Dieu et les tribus arabes païennes, bataille qui eut lieu au cours de la l0ème année suivant la Hijrah.], lui et son armée passèrent à côté d'un arbre appelé Dhatou Anwate. [Littéralement: "Qui a des choses accrochées dessus".] Les idolâtres avaient pour habitude d'accrocher leurs armes aux branches de cet arbre pour que cela leur porte chance. Certains Sahaba, nouvellement convertis à l'Islam, demandèrent au Prophète de leur désigner un arbre similaire. Le Prophète répondit: "Subhanallah (qu'Allah soit glorifié)c'est exactement ce que le peuple de Moïse lui a dit : {Désigne-nous une divinité semblable à leurs dieux}[Sourate 7 – Verset 38]. Par Celui qui a mon âme en sa main, vous suivrez tous le chemin de ceux qui vous ont précédés"[Recueilli par at-Tirmidhi, an-Nasaï et Ahmad.]
Dans ce Hadith, le Prophète rejette non seulement le concept de porte-bonheur, mais il prédit aussi que les musulmans imiteront les pratiques des juifs et des chrétiens. Les chapelets, d'un usage répandu chez les musulmans, sont une imitation du rosaire des catholiques ; le Mawlid (célébration de la naissance du Prophète ) est une copie de Noël; et la croyance de beaucoup de musulmans en l'intercession des saints, n'est pas différente dans son principe de celle que l'on retrouve dans la chrétienté. La prophétie s'est déjà réalisée !
Le Prophète a mis l'accent sur la gravité du port des amulettes en invoquant la malédiction d'Allah sur ceux qui en portent. Ouqbah Ibn 'Amir a rapporté que le Prophète a dit, une fois: "Qu'Allah cause ruine et agitation à quiconque porte un talisman ou le fait porter à d'autres.[Recueilli par Ahmad et Al-Hakim.]
Les compagnons du Prophète suivaient très strictement ses ordres concernant les fétiches et les amulettes. Par conséquent on a enregistré beaucoup d'incidents où ils se sont ouvertement opposés à de telles pratiques à chaque fois qu'elles apparaissaient, aussi bien dans la société en général qu'au sein de leur propre famille. 'Ourwah rapporte qu'alors que le Sahabi Houdhayfa visitait un malade, il remarqua un bracelet sur la partie supérieure du bras de l'homme; il le retira et le brisa. Houdhayfah récita ensuite le verset : {Et la plupart d'entre eux ne croient en Allah qu'en Lui donnant des associés}. [ Sourate 12 – Verset 106 ] [Recueilli par Ibn Abi Hâtim.]
À une autre occasion, il toucha la partie supérieure du bras d'un malade et découvrit qu'un Khayt (bracelet de ficelle) y était attaché. Lorsqu'il demanda à l'homme de quoi il s'agissait, celui-ci répondit : "C'est quelque chose qui contient un sort fait spécialement à mon intention". Houdhayfah l'arracha du bras de l'homme et dit : "Si tu étais mort en l'ayant sur toi, je n'aurais jamais fait la prière funéraire sur ta dépouille." [Recueilli par Ibn Waki'.] |