Le sermon du vendredi : Al Khutbah
La khutbah est un sermon lu par un imam devant une assemblée de fidèles. Il a lieu à la mosquée chaque vendredi, avant la prière du vendredi, vers midi.
Dieu, à Lui la Gloire et les louanges, a ordonné aux croyants de se rassembler le vendredi pour L’adorer :
« Ô vous qui avez cru ! Quand on appelle à la Salat du jour du Vendredi, accourez à l’invocation d’Allah et laissez tout négoce. Cela est bien meilleur pour vous, si vous saviez ! »
Sourate 62, Al Jumua’ (Le vendredi), verset 9
Il faut savoir que le vendredi est un jour important dans la religion musulmane, c’est une marque de la faveur de Dieu envers notre communauté. Comme le prouve les hadiths du Prophète . Les anciennes communautés avaient reçu l’ordre d’observer ce jour, mais elles s’en sont ensuite dévoyées, les juifs ont choisi le samedi alors qu’Adam a été créé le vendredi, les chrétiens ont choisi le dimanche, jour du début de la création. Quant à la communauté musulmane, elle a choisi le vendredi, le jour de la fin de la création. C’est pourquoi l’Envoyé a dit :
"Nous sommes les derniers et nous serons les premiers le jour de la résurrection. Eux ont reçu le livre avant nous et puis ce jour-ci est leur jour, lequel Dieu leur avait imposé et sur lequel ils ont divergé. Dieu nous a guidé alors à lui, pour lui les gens nous sont subordonnés. Demain est pour les juifs, le lendemain pour les chrétiens."
Or, à jour important discours important, puisque le sermon est prononcé devant des croyants qui se réunissent spécialement pour l’occasion et une fois par semaine seulement, le sermon doit donc à la fois émouvoir et convaincre.
L’imam doit présenter une argumentation claire, constituée à la fois de versets du coran, de hadiths du Prophète, , de paroles de nos pieux prédécesseurs, de preuves logiques, etc

Les sujets abordés dans le sermon touchent nécessairement aux deux vies, et l’imam peut donc traiter des sujets d’actualité et prodiguer des consignes. Puisque tout ce que nous faisons sur cette terre aura une incidence sur notre vie future.
Le but est que l’assistance puisse comprendre et accepter l’opinion de l’imam. Le sermon idéal est celui qui pousse l’assemblée de fidèles à modifier ses comportements et à suivre les conseils qui y ont été donnés.
Cependant, il faut savoir que parmi les piliers du sermon se trouve le fait que le discours doit être dit en langue arabe même si ceux qui sont présents ne la comprennent pas. Il y a cependant deux cas, si ceux qui se trouvent à la mosquée ont eu le temps d’apprendre l’arabe et ne l’ont pas fait, ils sont fautifs, et doivent prier les quatre rakat du midi. Si le laps de temps écoulé ne leur à pas suffit pour apprendre la langue arabe, il est possible de traduire le sermon dans n’importe qu’elle langue nécessaire et leur prière du vendredi est valide.
Se rendre chaque vendredi à la mosquée pour écouter le khutbah est une obligation pour les hommes musulmans uniquement, ne pas y assister est considéré comme un grave péché.
Pour avoir lieu, il faut que l’assemblée compte au moins quarante hommes musulmans. La preuve est que cela en a toujours été ainsi au temps du Prophète , mais également pendant celui des califes bien guidés. Et aussi, parce qu’autour de la ville de Médine se trouvaient des tribus arabes qui ne priaient pas la prière du vendredi et que le Prophète ne leur a jamais ordonné de la faire. La présence de quarante prieurs a aussi été rapportée dans une parole de Jabir ben Abdillah et une autre de Kab ben Malek d’Abu Dawud qui a dit que la première fois qu’ils ont fait le juma’ avec Assad ben Zararat, ils étaient quarante.
Cependant, les autres savants affirment qu’il n’existe pas de preuves claires et que la présence de deux personnes à la prière du vendredi, ou trois pour d’autres savants, suffit pour la rendre valide.
Il faut spécifier également, que la présence de ces quarante personnes à la prière du vendredi doit être permanente, tout le long du sermon et pendant la prière qui le suit pour rester valide.
Enfin, le Prophète Mohammed n’a jamais célébré la prière du vendredi lorsqu’il était en voyage.

Les femmes ont légalement le droit d’y assister à condition de porter des vêtements respectant la loi islamique et qu’il y ait une place dans la mosquée qui leur soit réservée et libre. Cependant, c’est mieux pour elles si elles ne s’y rendent pas. Ce qui ne signifie pas que la femme ne sera pas récompensée si elle s’y rend. Mais il y a d’autres avis sur le sujet.
Le sermon est suivit d’une prière en groupe de deux rakat, le tout tient lieu de prière du midi. C’est-à-dire que celui ou celle qui se rend à la mosquée le vendredi midi, écoute le sermon, puis effectue la prière du vendredi, ne devra pas effectuer la prière du midi de quatre rakat. Le Prophète a dit :
"La prière du vendredi est une obligation qui incombe à tout musulman à l’exception de quatre personnes qui sont : la femme, l’esclave, l’enfant et le malade."
Si, par exemple, une femme ne se rend pas à la mosquée pour la prière du vendredi, elle devra prier chez elle, la prière du midi constituée de quatre rakat.
Au temps des califes bien guidés, le rôle du sermon avait atteint son apogée et n’était pas limité au jour du vendredi. En cas de nécessité, pour calmer une situation, avertir contre la division, et pour d’autres situations particulières, on présentait un sermon.
Les califes avaient l’habitude de donner eux mêmes leurs sermons. Après la mort du fils du calife Harun ar-Rachid, les califes présentèrent de moins en moins leurs sermons en personne, ils désignèrent des délégués pour les exposer aux fidèles à leur place.
Chaque vendredi vers midi, l’imam imite donc le Prophète , il monte au "mimbar" (en chaire), salue l’assemblée des fidèles, puis s’assoit. C’est à ce moment que l’appel à la prière du midi est lancé. C’est le deuxième appel à la prière.
Au temps du Prophète , il y avait un seul appel pour la prière du vendredi et il avait lieu quand le Prophète entrait dans la mosquée et disait “assalamou aleykoum”. Pendant le premier et le deuxième califat, l’appel à la prière demeura identique, mais pendant le troisième califat d’Othman ibn Affan, un autre appel fut ajouté.
La ville de Médine s’était développée, de même que ses places de marché, à un point où l’appel du vendredi était étouffé par le bruit des commerçants et de leurs clients. Se rendant compte de cela, le calife Othman suggéra de rajouter un autre appel au milieu du marché qui devait être fait avant l’appel principal. Tous les compagnons acceptèrent par "Ijma" [1] et c’est ainsi qu’un autre appel fut ajouté.

L’imam se lève ensuite, il doit obligatoirement louanger Allah, saluer et bénir le Prophète, puis il commence son discours. Au milieu du discours, l’imam doit aussi s’assoir pour quelques secondes, puis se relèver, louanger Allah et terminer son sermon. Entre les deux khutbah, et entre la deuxième partie du khutbah et l’annonce de la prière, les pauses doivent être très brèves sous peine d’invalider la prière du vendredi.
L’"Iqama" est ensuite annoncé, l’imam descend du "mimbar" (sa chaire) pour présider une prière en groupe de deux rakat.
Le khutbah doit toujours précéder la prière du vendredi.

Cette manière de présenter le sermon correspond à la sunna du Prophète qui l’a enseigné aux compagnons et qui a été transmise de génération en génération, d’après Abdullah ben Massud, le prophète nous a enseigné khutbatul hajjah :
"Toutes les louanges sont à Allah, nous Le remercions et nous cherchons Son aide et implorons Son pardon. Nous demandons la protection d’Allah contre le mal de nous même. Celui que Dieu guide ne sera jamais égaré et celui qu’Il égare ne trouvera jamais personne pour le guider. J’atteste qu’il n’y a qu’un Seul Dieu Allah et que Mohammed est Son serviteur et Messager.
Puis il récitait trois versets (du coran) :
« Ô les croyants ! Craignez Allah comme Il doit être craint. Et ne mourez qu’en pleine soumission. »
Sourate 3, (La famille d’Imran), verset 102
« Ô hommes ! Craignez votre Seigneur qui vous a créés d’un seul être, et a créé de celui-ci son épouse, et qui de ces deux là a fait répandre (sur la terre) beaucoup d’hommes et de femmes. Craignez Allah au nom duquel vous vous implorez les uns les autres, et craignez de rompre les liens du sang. Certes Allah vous observe parfaitement. »
Sourate 4, An-Nisa (Les femmes), verset 1
Et :
« Ô vous qui croyez ! Craignez Allah et parlez avec droiture.
afin qu’Il améliore vos actions et vous pardonne vos péchés. Quiconque obéit à Allah et à Son messager obtient certes une grande réussite
»
Sourate 33, (Les coalisés), versets 70-71
Puis il parlait de ce qu’il voulait." [2]
Le sermon doit donc comporter obligatoirement des louanges à Allah, le salue sur le Prophète que l’imam doit nommer sans pronom et clairement en l’appelant le Messager, le Prophète, ou Mohammed, il doit y avoir aussi une exhortation à la crainte d’Allah, la lecture d’un verset du Qur’an, mais aussi une invocation (doha) pour les croyants dans la deuxième partie du sermon.
Le khutbah fait parti des symboles de l’islam, c’est un acte d’adoration où l’imam enjoint la communauté à craindre Allah, à Le louer et à respecter Ses commandements. Le Prophète a même mis en garde les hommes de sa communauté en disant :
"Celui qui laisse trois fois la prière du vendredi par négligence (comme si ce n’était pas important), Allah scelle son coeur."
Sources : Exégèse coranique d’Ibn Kathir ; La jurisprudence islamique selon le rite shaféite ; Le guide du musulman d’Al djaza’iri.

[1] L’"Ijma" est l’accord commun des savants sur un point de la jurisprudence islamique qui ne se trouve ni dans le Qur’an, ni dans la Sunnah, mais qui est basé sur l’un d’eux (dans le sens où l’accord ne contredit pas l’un d’eux).
[2] An nissai, vol. 6, p. 89, Ibn Majah, vol. 1, p. 609 et 661, et Ahmad vol. 1, p. 350
Sajida M.