LA CRITIQUE PREVAUT SUR L'ELOGE ?


Les sciences du hadith (oussoul al hadith) se composent de différentes branches : Le moustalah, le takhrîj, etc. dont une branche qui fut nommée par les savants "al jarh wa ta'dil".


Cette science (al jarh wa ta'dil) consiste à rechercher "l'état" (critique ou éloge) des rapporteurs présents dans les chaînes de transmission de hadith, via des termes précis et de rechercher le degré de ces termes. Source : "kashf al dhinoun" (volume.1 page.582).


Le "jarh wa ta'dil" a donc vu le jour dans le but de distinguer les hadiths authentiques des faibles. Cette science est donc, originellement, propre à l'étude des rapporteurs de hadiths.


Cependant, depuis une dizaine d'années (environ), comme le dit Shaykh Abd Al Mouhsin Al Abbad dans l'introduction de son épitre moubaraka "rifqan ahla al sounnah bi ahli sounnah" :

" il émergea une séparation ainsi qu'une division entre les gens de la sounnah, qui sont dus au fait que certaines personnes scrutent les erreurs de leurs frères de ahl al sounnah, puis de mettre en garde contre eux. "


Après la parution et la diffusion de ces mises en garde, certains se sont assourdis à toutes les tentatives explicatives à l'encontre des personnes victimes de ces mises en garde (insensées pour la plupart).

Leur alibi ? Une règle de "jarh wa ta'dil", cette science originellement propre aux sciences du hadith, qui dit :

" la critique prévaut sur l'éloge "

Jusqu'au jaillissement de cette fitna à laquelle Shaykh Abd Al Mouhsin Al Abbad tente de remédier par "rifqan ahla al sounnah bi ahli al sounnah", les musulmans n'avaient jamais vu une personne, encore moins un savant, appliquer cette règle dans les "mises en garde" qui se propagent au sein de notre communauté.


Je met au défis toute personne qui n'est pas d'accord avec cette parole de nous apporter le nom d'un seul savant, avant la mort du Shaykh Al Uthaïmine, qui a employé cette règle ailleurs que dans les sciences du hadith !


Pourquoi avoir précisé avant la mort du Shaykh Al Uthaïmine ?


Comme le dit si bien Shaykh Abd Al Mohsin Al Abbad dans l'introduction de "rifqan ahla al sounnah bi ahli al sounnah" , faisant allusion à cette fitna, qu'elle est apparue : "après la mort de notre éminent Shaykh, le Shaykh Al Islam Abd Al Aziz bn Baz en 1420 et après la mort du Shaykh Al Allama Muhammad bn Saleh Al Uthaïmine en 1421. "


Jusqu'à cette date, les musulmans n'avaient jamais connu une personne qui employa cette règle ailleurs que dans les sciences du hadith.


Nous sommes donc en train de vivre un remarquable cirque révolutionnaire dont les artistes ne sont rien de plus qu'une obédience d'arrogants dotés d'une remarquable prétention à maitriser les règles de cette science : le "jarh wa ta'dil".


Cette arrogance accompagnée de cette prétention a fait naître des propos qu'on aurait sûrement condamnés s'ils avaient émané de la part de savants au temps des salafs !


En voici un échantillon : " même si tu m'apporte les éloges de l'imam Ahmad ibn Hanbal sur untel, ils n'auront aucune valeur vu qu'un autre untel le critique ".


Ce genre de démarches grotesques n'existaient pas chez les savants au temps des salafs, mais elles sont d'actualité chez les membres de cette obédience arrogante présente au travers des pays musulmans, et même dans les pays de mécréants, comme la France !


On peut les trouver prétendre maitriser les règles de "jarh wa ta'dil", alors que la très (très) grande majorité d'entre eux n'ont jamais senti l'odeur de l'abc des sciences du hadith, ils ne connaissent même les conditions de la prière, voire ils ne connaissent même pas celles de la il ailla Allah, et pour ceux d'entre eux qui les connaissent, ils ne les ont pas comprises. Il n'est pas inopportun de dire à leur égard qu'ils ne savent même pas distinguer entre :

الخمس والطمس
Tandis que les règles du "jarh wa ta'dil" ils savent les appliquer, paraît-il ! carnaval mirifique n'est ce pas ?

Je ne peux m'empêcher d'évoquer une citation d'un savant hanafi et mouhadith à la fois (chose rarissime), dont je doute que la plupart des lecteurs le connaissent, vu le manque d'instruction islamique qui règne au sein de notre communauté, en particulier chez les francophones, y compris chez leurs prétendus prédicateurs !

Cette citation digne d'être mentionnée à cette occasion, est sans doute une première en langue française pour tenter de remédier à ce genre de bassesses. L'auteur de cette citation, ce savant hanafi et mouhadith, savant souvent prit en référence par les grands savants salafis contemporains, plus particulièrement par Al Albani, se nomme : Abou Al Hassanâte Abd Al Hayy Al Laknaouï.


Abou Al Hassanâte Al Laknaoui – rahimaou Allah – dit donc, au sujet de la science du "jarh wa ta'dil", dans son " al raf3 wa al takmil fi jarh wa ta'dil " (page 50) :


" أو ما علموا أن الدخول في هذه المسالك الصعبة التي زلت فيها أقدام الكملة أمر عظيم لا يتيسر من كل حبر كريم فضلا عمن يتصف بالسالك في أودية الضلال و الخابط في ظلماء الليال ؟ أو ما فهموا أن لكل مقام مقال (تعليق : المعتاد "مقالا " لكن لغة ربيعة تجيزه) و لكل فن رجال ؟ "

"N'ont-ils pas su qu'entrer dans ces durs chemins, dans lesquels les savants complets se sont trompés, est une chose immense, qui n'est pas facilitée pour tout savant clément, encore moins à celui qui est connu pour suivre les facteurs de l'égarement et se cogner dans les ténèbres de la nuit ? N'ont-ils pas compris que chaque parole à sa place et que chaque art à ses artistes ? "


Al Allama Abd Al Hayy Al Laknaoui dit que ce n'est pas à tout savant d'entrer dans l'application de cette science, tandis que pour les spécialistes du désarroi au nom de la salafiyya, n'importe qui, même celui qui s'est converti cette semaine, peut appliquer ces règles du "jarh wa ta'dil"...